Chapitre 59.

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(Matt)

Sa maison est fidèle à l'image que j'ai de lui. Un peu de désordre, très fonctionnelle et chaleureuse.

— Cela te plaît ? me demande-t-il, souriant.

— Beaucoup. Ton désordre est juste comme toi, très timide. Je vais veiller à l'amplifier.
Tout est fonctionnel, je vais y mettre du futile. Par contre ta chaleur va réchauffer ma froideur. Dis-moi que tu m'acceptes, s'il te plaît, chuchoté-je.

— J'ai envie de vivre ces changements, oui.

— Merci beaucoup, soufflé-je, satisfait de sa réponse. Est-ce que j'ai besoin de préciser que j'ai un sale caractère ?

— Non. Et moi, qu'il n'est pas question que je me laisse faire ?

— Nous sommes d'accord, lui dis-je en souriant. Tu me payes à manger ? J'ai très faim.

— Tu m'impressionnes ! Est-ce une image que tu veux donner ou tu es à l'aise partout ? Et je te conseille de dire la vérité, Matt !

— Bizarrement je suis à l'aise, car c'est rarement le cas en effet. J'ai peu de copains. Pour être parfaitement honnête, je n'ai qu'un ami, qui adorerai te connaître d'ailleurs.

— Tu lui as parlé de moi ? C'est vrai ? me demande-t- il avec une drôle de voix.

— Tu sembles surpris. Oliv sait tout de moi, je ne peux rien lui cacher. Il a tout de suite su que quelque chose me tracassait.
As-tu des amis pour te confier, toi ?

— Des amis non. Une personne très chère, qui, je crois, est devenu un ami. Et peu de potes en fait.

— Que tu crois être un ami ? répèté-je pour obtenir des informations.

— On se connaît depuis peu,  c'est mon coéquipier, explique-t-il visiblement ému.

— Deux flics ! Il sait pour nous ?

— Bien sûr ! Vu l'ascenseur émotionnel que tu m'as fait vivre, il a vite compris. Il aimerait rencontrer celui qui me fait sourire.

—Tu réponds à ma deuxième question, ton homosexualité n'est pas un problème. Rien que pour cela, je suis d'accord.

— Parfait ! Allons manger. Peut-être pourrais-tu enlever ton blouson ? J'ai l'impression que tu vas partir, là.

— Sois rassuré, dis-je en me collant contre lui, je n'en ai pas du tout envie.

— Ce n'est pas ce qu'il m'a semblé, en effet ! me dit-il en se dirigeant vers la cuisine. Des oeufs cela te convient ?

— Parfait ! Tu travailles demain matin ?

— Non, je suis en repos jusqu'à mardi, sauf gros souci. Tu restes dormir ?

— Si tu es d'accord, oui ! Il faut juste que je bosses demain. Ici ou chez moi.

— C'est toi qui vois, j'ai moi même des papiers à faire ! Tout dépend de ce qu'il te faut, je n'ai pas de pc. !

— Un endroit où m'asseoir, de préférence un canapé ou un lit, et ne pas avoir ton petit cul dans mon axe de vision.

— Tu es obsédé ! Cela fait combien de temps que tu assumes ton homosexualité ?

— Peu de temps, en fait ! Je crois que je l'ai toujours su, je le cachais pour me protéger.

— Est-ce que tu es encore en train de te dissimuler ?

En deux enjambées, je suis à côté de lui , et le fixe.

— Je ne joue pas, Tom. Pas avec toi. Je suis sûr qu'un jour ou l'autre, tu vas me détester, car je vais essayer de détruire ce que tu ressens et surtout ce que moi je ressens.
C'est souvent ainsi que je fonctionne. Mais je le fais face à face.

— Pour provoquer la colère ? Bien sûr. Tu me trouveras face à toi, Matt. Je ne te laisserai pas nous détruire.

Et il se serre contre moi. Comment est-ce possible de me sentir à ma place dans ses bras ? Lui que je connais si peu. Même avec Nathan, je n'ai jamais ressenti cela !

***

Qu'il est agréable de se réveiller avec une personne à ses côtés. Je n'en reviens pas. Cela me fait peur, je sais que je vais tout faire foirer. Il ne mérite pas un mec comme moi. Il vaut mieux que j'y mette fin au plus vite. Avant que l'on en souffre tous les deux !
Je me lève et m'installe pour travailler. Je ne vois pas le temps passer, c'est calme ici !

En bruit de fond, la respiration de Tom est terriblement apaisante.

Dégage Matt !

Je range vite mes affaires, sans bruit, je lui laisse un mot très court " Désolé " et je m' en vais.

***
(Tom)

A mon réveil, la place à mes côtés est vide. Pas un bruit. Bien avant de découvrir son mot, je sais qu'il est parti.

Pourquoi ?
Avons- nous été trop rapides ? A-t-il eu peur ?
Et subitement je comprends ce qu'il fait et je suis très en colère. Je m'habille très vite et fonce vers ma voiture.

* Je vais t' apprendre à partir comme ça ! *
Je suis en rage sur tout le chemin, râlant à voix haute. Sa voiture est là. Il a intérêt à m'ouvrir.
Je sonne. Pas de réponse. Encore une fois. Rien.
Je sors mon portable et lui envoies un message.

Tom : Ouvre la porte.

A peine ai-je rangé mon portable, que la porte s'ouvre.

— Je n'ai pas envie de te voir ! me dit-il séchement.

— Je croyais que tu le faisais en face ? retorqué-je tout aussi aimable.

—Tu ne devrais peut-être pas croire ce que je dis Tom. Je suis quelqu'un de nocif !

—En effet, tu n'as pas tardé à agir !  Je te voyais plus en train de me provoquer pour que je te vire ! A croire que mon instinct est pourri.

— A croire oui. Va voir ton pote et pleure un coup, lâche-t-il sarcastique.

— Il va m'en falloir un peu plus. Tu me laisses entrer, je n'aime pas divertir les voisins.

— Ce n'est pas utile ! En fait, la raison est plus simple, je m'emmerde avec toi !

— D'où le " désolé" ! D'accord ! Tu viendras demain au poste faire ta déposition, s'il te plaît ! dis-je, en sachant pertinemment que cela va le blesser.

— Tu es un sacré fumier en fait ! s'exclame-t-il, les poings serrés.

— Non, je suis comme toi, Matt, je mens beaucoup !

— Je n'ai pas... s'interrompt-il, blême.

— Je sais, tu es terrorisé, alors tu te débrouilles pour ne pas avoir à gérer cette situation ! Si tu acceptais de me faire confiance, Matt, au lieu de fuir...

Sa respiration devient hachée.

—Laisse-moi le  temps de réfléchir !

— Non ! C'est trop facile. Je veux savoir maintenant. Je vais aller t'attendre dans ma voiture. Dix minutes, pas plus.

Installé derrière le volant, je me refuse à regarder dehors, je préfère garder les yeux fermés. C'est long dix minutes...

Différents et Alors  Où les histoires vivent. Découvrez maintenant