Différents et Alors

Chapitre 61.

(Tom)

Nous avons passé le reste de la journée à discuter de tout et de rien. Le plus beau moyen d'apprendre à se connaître !

Il est évident que nous n'avons pas eu la même enfance ! Matt se ferme dès que j'aborde ce sujet, aussi ai-je une tendance à l'éviter.
Il m'a lu quelques- unes de ses histoires pour les enfants, des textes pleins de joie, illustrés de dessins au crayon de couleur. Quand il lisait, sa voix était douce, joyeuse et quand son regard croisait le mien, il resplendissait de bonheur. Il a été contacté par un éditeur qui souhaite le rencontrer m'a-t-il dit.

Vers dix-huit heures, Peter m'a contacté, il passera demain en début d'après-midi. Nous avons commandé une pizza, que nous avons dévorée en silence. Rapidement, notre désir nous pressant d'aller rejoindre la chambre.

Ce matin, Matt est déjà sorti plusieurs fois pour fumer. Pourquoi est-il si nerveux ? A-t-il peur de Peter ?

***
(Matt)

Je n'en peux plus d'attendre l'arrivée de ce flic. Surtout que je suis certain qu'il ne va pas m'apprécier. Après tout, il sait exactement ce que je suis. Un homosexuel qui ne contrôle pas ses nerfs.

Si je n'avais pas peur de blesser Tom, je partirai en courant avant qu'il me fasse dégager car je ne plais pas à son ami et collègue. Je me dirige vers le portail avec l'idée de sortir quand une voiture se gare sur le trottoir. Le mec au volant me regarde sans détourner les yeux. Il a compris ce que j'allais faire, je le sais. Il ne sourit pas du tout, le con. Il croit qu'il m'intimide, sérieusement ?

— Peter, je suppose ? dis-je alors qu'il déplie sa grande carcasse de sa voiture.

— Exactement ! Il était temps que j'arrive... tu partais ? A moins que je ne sois la raison de ton départ !

— Je n'aime pas trop les flics, c'est pour cela en fait ! répliqué-je, provocateur.

— Je vois. Désolé pour Tom, il est un très bon flic. Je lui dis que tu arrives, ou tu te tires ? me questionne-t-il, tout aussi hargneux que moi.

— Connard ! sifflé-je entre mes dents.

— Ecoute-moi bien, dit-il son doigt appuyé contre mon torse, Tom est un mec bien, si tu as l'intention de le blesser, il faudra compter sur moi.

Sa voix est forte mais pas aggressive.

— Tu crois que tu me fais peur ? tenté-je de l'impressionner.

— Ce n'est pas le but du tout. Fume une clope et prend ta décision. Réfléchis bien aux conséquences.

Et il se dirige vers la maison, sans un regard. Quelle grande gueule !

Après, je dois bien admettre qu'il a raison, j'étais encore en train de fuir. Je ne peux pas faire ça à Tom ! Pas une deuxième fois. Et puis, il n'a pas l'air d'être si con ce Peter !

***
(Peter)

Tom est à la fenêtre quand je rentre. Il a dû voir que je parlais avec son mec.

— Il allait partir ? me demande-t-il, dépité.

— Je ne sais pas, Tom... Il hésitait, je dirais. Il a une sacrée répartie et une vraie tête de con !

— Merci de me mettre un coup de pression supplémentaire !

— Au contraire, je crois qu'il me plaît. Et tu remarqueras qu'il  est toujours là !!

— Tu l'as menacé de représailles ?

— Moi ? N'importe quoi ! me defends-je.

Matt entre, et d'une allure décidée, il se dirige vers Tom. Il fait quoi ?

— Il a raison, tu sais. j'allais me tirer, une fois de plus, lui dit-il.

— Mais tu es là, lui répond Tom.

— Pas le choix, il m'a menacé ! déclare cet enfoiré, en me désignant. Sinon je serai déjà chez moi, tu penses !!

— Ah ah, éclaté-je de rire. Content de te rencontrer ! Peter, dis-je en lui serrant la main.

— Matt ! Il a des pertes de mémoire ? demande-t-il à Tom en me montrant une fois de plus... parce qu'on vient de se croiser dehors...

— Je n'ai vraiment pas de bol, sérieux, soupire mon pote et collègue. Vous avez le même humour merdique.

— Peter a un humour merdique, le mien est plein de bon sens, réplique Matt sans se gêner. Tom, juste pour information, je reste là cette nuit !

— Dis donc petit bonhomme, dis-je en le prenant par le col en rigolant. As-tu conscience que tu menaces un flic en présence d'un autre flic.

— Oui, très conscient, me dit-il en me faisant un clin d'oeil. Je vais fumer une clope, je reviens.

***
(Matt)

Décidément, ce Peter me plaît bien. Il a, Tom a bien raison, le même humour que moi. Il a dû perdre, lui aussi, un truc important. Ce qui nous fait voir la vie différemment. Et puis, sa façon d'être avec Tom me convient. Entre moquerie et protection. Il doit être un bon flic, sévère mais juste.
Je crois que je me sens bien, et ce n'est pas si souvent.

Tom a la capacité d'apaiser Matt, permettant  à Mattys de se montrer. Oliv serai satisfait de cela, je pense, Mattys lui manque.
Mon portable sonne et justement c'est Oliv.

— Salut !

— Hé bien ! Tu as l'air en forme. Tu es chez toi ?

— Non, chez Tom. Y a un souci ?

— Aucun. Ça se passe bien ?

— J'ai failli fuir encore, mais je suis resté, avoué-je.

— Pourquoi cette fois ?

— Son ami et collègue et ce qu'il pouvait penser de moi !

— Tu es vraiment idiot parfois, soupire-t-il. Et alors ?

— Il est plutôt sympa et il a un humour que j'aime beaucoup.

— Je suis heureux d'entendre ces mots. Tu sembles être en paix.

— C'est le cas.  Tom m'écoute, c'est vrai mais surtout je l'entends. Mattys l'aime bien aussi, chuchoté-je.

— Oh gamin ! Que j'aime t'entendre dire cela. Il est d'accord pour me rencontrer ton Tom ?

— Oh oui ! Il est impatient de voir ta tête, il sait que tu es important pour moi !

— J'en suis très content. Mais je ne serai pas là pendant une semaine, peut être plus.

— Ah ! Tu as besoin d'aide, Oliv ? m'inquièté-je.

— Je ne sais pas bien. Je t'en reparlerai plus tard.

— Elle a fait quoi cette fois ? demandé -je, comprenant qu'il s' agit d'Isa.

— Elle s'est fâchée avec son mec pour la troisième fois.

— Et elle t'a appelé ?

— Non, elle est dans une cellule de dégrisement, elle a déjanté !

— J'arrive, dis-je immédiatement.

— Elle ne veut pas ! C'est la condition posée, je n'aurai même pas dû t'en parler.

— D'accord ! Tu sais, Oliv, je te charge d'un message pour elle. Dis lui d'aller se faire voir, une bonne fois pour toute, eructé-je excédé.

— Matt...

— Stop. Quoi que je fasse,  elle me vire de sa vie.  C'est bon, je lâche l'affaire. Occupe- toi d'elle, hein ?

— Bien entendu.  Phil reste là d'accord ! Ne fuis pas, il a l'air d'être bien ton petit flic.