(Matt)
La journée s'est passée normalement. Il est incroyable de penser que depuis qu'Isa est "ma copine", les autres la laissent tranquille.
Ils se désintéressent d'elle. Du coup, elle change. Dans sa posture tout d'abord : plus droite, plus assurée. Elle ne marche plus systématiquement la tête vers le sol. Par moment, de façon très brève encore, elle la lève.J'ai fini les cours plus tôt ce soir, dispense de sport exige, donc j'attends Isa dans la voiture. Mes pensées sont complètement tournées vers Nathan. Est-ce que je l'appelle ? Mon dos sera-t-il guéri ce week-end ?
Je suis surpris par la sonnerie de mon portable.
— Mattys ? Salut ! C'est Nathan.
— Bonjour ! J'étais sur le point de t'appeler. Ça va ?
— Ouais. Et toi ? J'espérais avoir de tes nouvelles plus tôt, en fait, me précise-t-il.
— Ça a été compliqué... Mon père ne m'a pas lâché. Et je n'arrivais pas à me décider.
— A m'appeller ? Cela te stresse à ce point ?
— Ce n'est pas facile, tu sais ! Je me disais que, peut-être, tu avais bien rigolé de ma naïveté et de ma pudeur.
— Ah d'accord, je vois. Tu m'as refilé le rôle du sale con, en fait ! Pas cool, mec. Et complètement faux. Tu n'as rien d'un naïf. Pudique ? Un peu c'est vrai. Mais pas avec ton corps, avec tes sentiments. Et heureusement, ça serait un véritable gâchis, sussure-t-il dans le haut-parleur. Il est juste comme j'aime : Musclé sans excès.
— C'est bon, stop ! Je suis dans ma voiture devant le lycée. Les gens vont se poser des questions sur mon joli teint rouge.
— C'est vrai ? Tu rougis quand je te parle de ton corps ? Je m'en rappellerai, murmure-t-il. Je te regarderai rougir, quand je te parlerai de ce que j'aime chez toi. Et après, j'embrasserai tes rougeurs.
— Nat', maintenant, je vais passer pour un pervers. Je ne suis plus décent.
— Si tu continues comme cela, je vais bientôt ne plus l'être moi non plus. Tu penses que l'on peut se voir ce week-end ?
— Je vais voir cela, mais il faudra que je parte plus tôt.
— Couvre-feu ? ironise-t-il.
Oh oui, il y a un couvre-feu... Et le geôlier n'est pas du genre permissif.
— Couvre-feu. Et mon père n'est pas du genre aimable.
— Et si tu es en retard, il se passe quoi ? Tu es privé de dessert ? blague-t-il.
Oh non. J'adorerai être privé de dessert. Non, il me montre qui commande à coups de ceinturon. Mais je ne peux pas lui dire...
— Je ne sais pas. Personne ne s'y est amusé. Et je vais être franc, je ne pense pas que le jeu en vaille la chandelle.
— Tu rentreras à l'heure, alors, me confirme-t-il. C'est une promesse, Mattys.
— Écoute, je vais essayer, mais je ne te promets rien. Tu bosses quand ?
— Justement, je dois le dire à mon patron demain.
— C'est toi qui décide des soirs où tu travailles, m'étonné-je.
— Non, ça serait génial, rigole-t-il de bon cœur. Hélas, ce n'est pas le cas. Mais je n'ai pas un temps plein. Ni dans mon autre boulot. Donc, pour que ce soit plus pratique, je jongle entre les deux...
— Je savais que tu étais barman, mais l'autre c'est quoi ?
— On fait un jeu, propose-t-il. Essaye de le deviner.
— J'aurais pensé à vigile, mais je ne sais pas pourquoi, tu me sembles pas avoir le profil.
— Gagné. Je ne fais peur à personne, ricane-t-il.
— Serveur dans un restaurant, je t'y vois mieux. Mais....je sais pas, je te crois capable de faire un truc plus fou.
— Tu es très doué en analyse, Mattys. Je ne suis pas serveur, désolé.
— Un indice, peut-être ?
—En échange d'un très gros câlin ? s'amuse-t-il.
— Petit malin !D'accord, chuchoté-je.
— Alors, "Dessins" Impressionne-moi !
— Sérieux ? Tu es tatoueur ?
— Bingo. J'ai commencé il y a un peu plus de six mois. J'aime bien.
— Mais tu n'as aucun tatouage, pas vrai ?
— Vrai. Je triche. En fait, je ne fais que des tatouages éphémères. Et surtout car j'adore dessiner.
—Tu as gagné ton câlin. Je vais te laisser. Isa va arriver. Il y a un moment plus pratique pour t'appeler ?
— Pour toi, tout le temps ! Si je ne peux pas m'attarder, je te le dirais. Puis-je dire bonjour à Isa ? Cela poserait un problème ?
— Je ne crois pas. Je lui en parle. Tu attends ?
— Bien sûr. Hé, si tu ne la sens pas prête, c'est pas grave, d'accord ?
— D'accord.
Isa est à la portière, je lui fais signe de stopper. Et je sors la rejoindre.
— Qu'est-ce qui se passe, Mattys ? dit-elle immédiatement, inquiète.
— Rien de grave, princesse. Nathan est au téléphone, et il aimerai parler avec toi. Il sait qui tu es pour moi. Tu veux ?
— Bien sûr. C'est mieux dans la voiture, non ?
Elle accepte sans aucune hésitation.
— Nathan ? Isa est là, elle t'entend.
— Bonjour, Isa. Merci d'accepter de me rencontrer.
—Bonjour, Nathan. Je suis contente de t'entendre.
— C'est peut-être bizarre, mais j'avais envie d'entendre la voix de la nana qui aide Mattys à être mieux.
— Oh ! C'est cela qui t'intrigue ? Il avait besoin de moi, et même si j'étais sceptique, il est indéniable que depuis que tout le monde croit qu'on sort ensemble, mon quotidien est plus agréable.
— Ils te harcelaient ? Mattys aussi ?
— Mattys me cherchait, oui mais il n'a jamais été méchant.
— En fait, j'ai réalisé à quel point c'était pénible pour elle. Depuis, j'ai profité de ma "popularité"pour instaurer certaines nouvelles règles.
— J'espère bien !
— Nathan, au lycée tu faisais comment ? Je veux dire...
— J'ai caché un temps mon homosexualité. Puis j'ai arrêté. On pourrait peut-être organiser un truc tous les trois, non ? Pour se connaître mieux, ça vous tente ?
— Moi, si je suis avec Mattys, Oliv sera d' accord, lâche Isa.
— Moi, en journée, ça va. Samedi après midi ? Tu pourrais toi, Nathan ?
— Je peux m'arranger ! Chez moi ?
— Oui, plus discret. J'amène un truc ?
— Non, je gère. Daube de boeuf, coquillettes, c' est bon ?
-— Carrément. Un mec qui fait de la cuisine, je suis impatiente !!
— Moi aussi. Mais plus pour voir Mattys. Bises. Je dois y aller. A samedi, dit-il en raccrochant.
— Il a l'air sympa. C'est un peu gênant que je sois là, non ?
— Non.
— Je pourrais demander à Oliv de venir me récupérer dans l'après midi. Pour vous laisser seuls.
— Tu crois qu'il pourrait ?
— Quasiment sûr.
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Différents et Alors
RomanceDeux adolescents, presque adultes. Deux lycées différents. Deux villes différentes. Leur point commun : ils découvrent tous les deux leur attirance indéniable pour les garçons. Des vies, des familles différentes, des éducations différentes. Et pour...