Chapitre 29.

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La semaine scolaire  est finie. Je rentre chez moi, enfin chez mes parents.

Je suis plutôt heureux car je vais voir Nathan. Évidemment, découvrir que mon père est en embuscade me rend nerveux.

Une partie de moi a peur de sa réaction s'il découvrait mon homosexualité. Je n'ose imaginer l'ampleur de sa colère.

L'autre partie se prend à rêver qu'il sache enfin la vérité. Car je n'en peux plus de me cacher, je n'en peux plus de mentir sur ce que je suis, je n'en peux plus de l'image que les gens ont de moi. J'ai envie de leur montrer le vrai Mattys, celui qui est avec Isa. Et surtout celui qui se découvre quand il est avec Nathan.

Mon paternel est assis devant la porte. Il fume, ou il m'attend. Ça ne sent pas bon. Il a envie de me faire chier. Une fois de plus.

— Tu prends ton temps, dis-moi ? lance-t-il et je n'arrive pas à déterminer son humeur en une phrase.

— C'est vendredi. Tu as besoin de moi ?

— Ça serait une nouveauté, réplique-t-il. Non. J'aime pas le frère de ta nana.

— Je ne sors pas avec son frère. Je ne le connais presque pas.

— Eh bien, vu comment il est malsain, sa soeur ne doit pas être une nana présentable.

— Je l'ai branché  depuis à peine quinze jours. Elle est un peu coincée, j'avoue. ( Excuse moi Isa pour les saletés que je dis !) Mais elle a un putain de petit cul et une paire de seins à se damner. Alors j'aimerai bien avoir l'occasion d'y toucher si tu vois ce que je veux dire !!

Je me dégoûte moi-même mais cela devient indispensable de le rassurer.

— Je préfère ça ! En fait tu es un vrai salopard, toi ! s'esclaffe-t-il avec son regard pervers.

— J'aime bien en avoir pour mon argent ! rajouté-je. Baiser cinq minutes, c'est pas mon truc. Je préfère prendre mon temps mais m'éclater. Mais si tu veux que je la largue !!

— Non, non. Ça ne me plaît pas mal que mon fils baise la soeur de l'autre. Tu me surprends Mattys !

Et il s'en va, mort de rire. Moi, j'ai envie de vomir. Je dois appeler Oliv.

O : Oui Mattys ? Tu ne peux plus te passer de moi, dis donc !

M : Je..

O : Au même endroit dans dix minutes ? Mattys ?

M : Isa ?

O : T'inquiète pas, je serai seul. Et je lui dis rien. À de suite.

***
(Oliv)

Putain ! Il était dans un sale état, me dis-je. J'espère qu'il ne l'a pas cogné encore.

— Isa ? Je dois bouger... Un pote. Je te tiens au jus. Bouge pas seule, d'accord ?

— Oliv, je te rappelle que je n'ai aucun ami à part toi et Mattys. Et comme c'est lui que tu vas voir... me dit-elle sûre d'elle.

— Pourquoi tu dis ça ?

— Vas y, Oliv. Il a sûrement besoin de toi.

— Ma puce, il n'arrive pas à... commencé-je.

— Va le rejoindre. L'important c'est que quelqu'un soit là pour lui.

Quand j'arrive, la voiture de Mattys est là. Mais je ne le vois nulle part à l'intérieur.  Où es-tu, Mattys ? Je retourne dehors, et je le voie un peu plus loin. Contre un arbre. La tête dans les mains. Oh non.

— Mattys, je suis là. Qu'est-ce qui se passe ?

— Je n'en peux plus. Il est en train de me faire devenir quelqu'un que je ne veux pas être.

— Explique.

— Il m'a sauté dessus tout à l'heure. Pour me dire qu'il n'aimait pas le frère de ma nana.

— Laisse-le dire. Et après ?

— Tu ne vas pas aimer, marmonne-t-il.

— Il a insulté Isa. C'est ça ?

— Non. Mais moi oui. C'est là où je me dégoûte. J'avais tellement peur qu'il m'empêche d'aller voir Nathan. Putain, sans cette idée, je suis sûr de pas y arriver. J'ai dit ce qu'il voulait que je dise.

— J'attends, dis -je, sévère, je réagirai après.

— Je lui ai dit qu'elle avait un beau cul et que je la drague pour pouvoir y toucher, et la foutre dans mon pieu.

— Mattys, c'est ce que tu veux faire croire à tout le monde, non ? Ce n'est pas ce que tu penses, c'est ça qui est important, gamin.

— Je n'en peux plus de me cacher. Je veux être moi, Oliv.

— Un peu de patience encore, ne gâche pas tes chances.

— Je me demande si le jeu en vaut la chandelle. J'utilise ta frangine pour cacher ma vraie nature. Pourquoi ? Pour être tranquille. Mais plus le temps passe, plus je me dégoûte.

— Et tu sais pourquoi tu ressens cela ? Parce que justement, tu es un mec bien.

— Je veux pas perdre des personnes qui comptent pour moi.

— Tu ne vas perdre personne. Lève-toi, Mattys. Redresse-toi. Téléphone à Nathan. Profites des moments avec lui.

— Je ne peux pas les vivre pleinement puisque c'est en cachette !! s'énerve-t-il.

— Mattys, je te comprends. Mais pense à ce qui se passera si ton père l'apprend ! Il t'a massacré pour dix minutes de retard !

— Je sais Oliv. Rentre. Isa a besoin de toi. Je suis un connard égoïste de t'avoir demandé de venir.

— Et un idiot aussi. Isa a compris que j'étais avec toi. Elle a compris plein de choses, Mattys. Ton silence envers elle lui fait beaucoup de peine.

— J'y arrive pas. J'ai essayé.

— Tu y arriveras. Elle attendra que tu y arrives. Elle est forte. Crois-moi!

***
(Nathan)

— Nathan ?

— Mattys ? Tu as une drôle de voix. Je me fais remplacer et je t'appelle. Cinq minutes.

— Merci.

La voix de Mattys était faible, triste. Je m'arrange vite fait avec mon collègue.

— C'est moi.

— Tu me manques, me dit-il. J'ai l'impression qu'il a pleuré.

— On se voit demain... C'est ton père, encore ?

— Pas que. Je n'en peux plus.

— Monte dans ta voiture et viens me retrouver.

—Tu bosses. T'inquiète. C'est juste un coup de blues.

— J'aime pas te savoir dans cet état, Mattys. Viens. Je me fais remplacer.

— Pas question. Ça va aller.

— Je finis à trois heures viens après l'heure de ton couvre feu. Ça nous donnera plus de temps pour nous. Je veux que tu lâches du lest.

— Ok. Je fais cela. Laisse la porte ouverte.

— Tu me réveilles si je dors ?

— J'espère que tu dormiras.  Oui, je te réveillerai avec plaisir, beaucoup de plaisir.

— Sois prudent sur la route.

Différents et Alors  Où les histoires vivent. Découvrez maintenant