Chapitre 45.

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Je suis resté quelques jours chez Liam. Celui-ci a été présent, comprenant  que j'étais perdu.

Je n'avais pas pensé souffrir comme ça. Pourtant Steve m'avait prévenu qu'il ne serait qu'un bref passage dans ma vie.

Ce qui me faisait du mal c'était la façon qu'il avait eu de me l'annoncer. Car elle me renvoyait à une image de moi, que je ne voulais plus. Je n'avais pas compté pour lui. De là à penser que c'était une généralité, mon cerveau y était prêt.

— Tom ? Il faut que tu bouges mon pote ! me houspille Liam. Tu peux pas rester comme ça éternellement.

— Tu as raison. J'ai parlé à mon père, je vais chez eux le temps de recevoir mon affectation.

Car j'avais été reçu. La chose que je voulais depuis tant de temps, n'était plus un rêve. Cela devenait une réalité. J'allais être un agent de police.
Génial. J'avais imaginé fêter cela avec Steve, Liam et mes parents. Je m'étais contenté d'annoncer la nouvelle à ma famille. Ils étaient heureux pour moi, mais vexés que je leur ai caché mon inscription. Je les comprenais, mais au fond de moi, je m'en foutais.

— Tu peux rester autant que tu veux, tu le sais ! Tu viens avec moi ce soir ?

— Je préfère pas. Steve est ton pote. Vous avez besoin de vous voir. Je partirai en début d'après-midi.

— Steve ne sera pas là. Je n'ai pas envie que tu coupes les ponts avec moi pour cette raison.

— Liam... Il m'avait prévenu. C'est juste que...

— Que quoi ? insiste-t-il pour me faire sortir de mes gonds.

— Sa façon de me jeter m'a fait mal, c'est cela que tu veux entendre Liam, m'enervé-je.

— Tom. Steve n'a pas de nouveau mec. Il t'a menti. Sa mère ne revient pas. Il n'a plus de logement dans quinze jours.

— Et son putain d'orgueil a fait le reste. Je vais m'en remettre, Liam. Avec le boulot, j'oublierai.

Dans l'après midi, je partais de chez lui. Il était déçu, je m'en rendais compte. Mais être auprès de lui me renvoyait aux moments passés avec Steve. C'était trop dur.
Mes parents m'acceuillirent avec plaisir. Andy, lui, me faisait la gueule.

— Tu vas me faire la tête jusqu'à quand, Andy ?

— Je ne sais pas. Que tu ne le dises pas aux parents, je peux comprendre. A moi, cela me fait juste mal...

— Je l'ai même caché à Steve ! Seul Liam savait.

— Tu avais si peur d'échouer ?

— Oh oui ! C'est mon rêve, je n'avais pas de plan B, Andy.

— Tu sais où tu es envoyé ?

— Oui. Depuis hier. Vendôme. Je dois y être dans huit jours. J'en saurai plus après demain. J'ai rendez vous avec le commissaire.

— Alors c'est fini, tu vas partir ?

— Andy... Je ne pars pas à l'étranger. On va se revoir, frangin.

— Steve va te rejoindre ?

— Non. Nous avons rompu...J'étais chez Liam.

— Tu sors avec lui ?

— Bien sûr que non ! C'est mon ami. J'étais blessé moralement...

— J'aurais pu être là si tu m'en avais parlé.

— Je sais, frangin. Je n'y arrivai pas. J'étais blessé.

— Tu veux que je lui casse la gueule ?

— Sûrement pas. Il a le droit de rompre ! C'est juste que je m'y attendais pas.

— Je ne l'ai pas vu depuis un moment !

— Et tu n'interviens pas si tu le rencontres ! D' accord ?

— Oui Oui ! Tu bouges avec moi, ce soir ? J'ai envie d'aller au ciné.

— Tu crois que les parents ne vont pas faire la gueule ?

— Allez, tu es là quelques jours !

—Je vais prendre une douche et je suis à toi !

— Cool.

La soirée s'est éternisée. Le film était un navet mais nous a permis de discuter Andy et moi. Il faisait plaisir à voir. Souriant, beau gosse.

— Je t'emmène boire un verre ? Tu es presque majeur ! lui dis-je moqueur.

— Je n'ai pas attendu ta permission pour commencer. Je fume une clope avant.

— Tu as arrêté le cannabis ?

— Presque complètement. Tu me feras des problèmes après ? Maintenant que tu es flic.

— Je ne sais pas. Steve et Liam fumaient aussi de temps en temps.

— Le temps était long à la maison sans toi, m'avoue-t-il. Les parents ne sont pas toujours très bavards.

— Tu fais quoi l'année prochaine ?

— J'hésite. Chanteur ou étudiant. Papa préférerait étudiant, me charrie-t-il.

— Tu es un sacré idiot ! Sérieux, Andy ?

— Je pars vers un bac pro Elec. J'abandonne la filière générale. Je n'irai pas au-delà du bac. Les parents ne sont pas fous de joie mais ça va.

— L'important c'est que cela te convienne à toi ! Et côté amour ? Toujours les filles ?

— Ouais. Tu m'as pas contaminé !  Je sors avec Julia.

— Je ne la connais pas. Mais l'important c'est ce que tu ressens, toi. C'est sérieux ?

— Je crois oui. On apprend à se connaître et j'apprécie ce que je découvre.

— Je suis content pour toi. Tu m'appelleras quand je serai là bas ?

— Tu le veux ?

— J'aimerai bien, oui.

Le temps est passé plutôt vite. J'étais à la fois heureux de partir et mal à l'aise. Je franchissais une nouvelle étape.
Mon rendez-vous avec le commissaire s'était plutôt bien passé. Il me confiait à un officier compétant. Peter Brassac.
J'avais trouvé un petit appart meublé. Cela ferait l'affaire en attendant.

— Au revoir, Tom. Tu sais que c'est et ce sera toujours chez toi, ici.

— Papa. Je ne vais pas à la guerre. Je m'installe à trois cent kilomètres, pas au bout du monde. Et il y a du réseau. Tu pourras te plaindre au téléphone si Maman ou Andy te mènent la vie dure.

— Merde. A quel moment tu es devenu cet adulte sûr de lui.

— C'est une apparence, je suis mort de trouille, lui chuchoté-je à l'oreille. Je t'aime Papa. Sois patient avec Andy.

— Au revoir, mon grand. Appelle-nous.

— Oui. Maman, ne te laisse pas faire par ces deux là. Ça va aller, je vais bien.

— Bon, Tom. Casse-toi, tu vas les faire pleurer. Deviens un flic bien. Que je n'ai pas honte de mon frère.

***

Après une longue route, je m'installais dans mon chez moi.

Le premier. Il était propre et bien lumineux. Une belle pièce de vie, avec kitchenette équipée. Côté salon, un canapé convertible confortable, une table et deux chaises. Les deux fenêtres donnaient sur la rue.
Et au bout de celle ci. Le commissariat.

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