Chapitre 60.

254 39 9
                                    

(Matt)

La porte se ferme sur lui. Et c'est comme s'il m'avait collé une claque.

Il m'a posé un ultimatum.

Très court, et je sais exactement pourquoi. Dix minutes ne me laissent pas la possibilité de contacter Oliv. Je ne l'aurais pas fait de toute manière. Ma décision est déjà prise.

***
(Tom)

Et s'il décidait de ne pas venir ? Qu'est-ce que je ferais ? Abandonner ?
Un courant d'air frais m'empêche d'aller plus loin dans ma réflexion.

— Si tu savais comme j'ai peur ! Tout le temps. J'ai tellement perdu, souvent. Alors, je joue le rôle du connard. Pardonne-moi Tom. Laisse moi une deuxième chance.

Sa voix est rauque, se fêle par endroits. Je dois le rassurer.

— J'ai envie d'être à tes côtés, Matt. Ne me rejette pas à chaque fois que tu as un doute. Partage- le plutôt.

— C'est quelque chose que je ne sais pas faire, tu veux bien me l'apprendre !

Il n'arrive pas à me regarder, mais toute sa posture m'appelle à l'aide.

— Avec plaisir, dis-je en posant ma main sur sa cuisse. Tu me retrouves à la maison ?

— Avec des affaires ? propose-t-il.

—  Comme tu le veux, toi. Je ne t'enferme pas, tu es libre. Prends-moi dans tes bras, chuchoté-je.

Il se colle tout contre moi, enfouissant son nez dans mon cou, entraînant chez moi des merveilleux frissons. Bientôt, sa bouche prend le relais, et je me laisse faire.

— Tom, avant qu'un voisin appelle tes collègues pour outrage à la pudeur, il serait bien d'arrêter là, ironise-t-il.

— Humm. C'est si bon.

— Crois-moi, je sais faire mieux que cela. A tout à l'heure, et n'invite personne, je te veux tout à moi, me sussure-t-il de sa voix suave.

— Sois-en certain. Je dois passer au poste, tu m'envoies un sms quand tu pars ?

— Pas avant cet après-midi, je vais avancer sur ma traduction, je ne veux plus avoir qu'à recopier.

***
(Matt)

Je m'installe sur le canapé, et je bosse comme un fou, pendant deux heures. Je n'ai plus qu'à mettre au propre. Il est presque dix heures, je dois appeler Oliv.

— Hé ! Comment va gamin ?

— Bien Oliv, et toi ?

— Arrête !  Tu lui as demandé ? s'énerve-t-il. Matt, bordel !

— Ce n'est plus la peine, dis-je d'une fausse voix déprimée.

— Tu es chez toi, là ? me demande-t- il immédiatement.

— Plus pour longtemps... en fait, je pars rejoindre Tom chez lui, dis-je en éclatant de rire.

— Tu as de la chance de ne pas être à côté de moi, gronde-t-il, amusé. Tu t'installes ?

— Pour quelques jours, oui. J'ai merdé Oliv...

—Tu as fui, comme d'habitude, j'imagine.

— Exact ! Mais, il est venu gueuler à ma porte. Puis, il m'a donné un ultimatum, dix minutes !

— Je crois que je commence à bien l'aimer ton flic !

***
(Tom)

J'arrive au poste, et file directement vers le bureau de Peter. Il fronce les sourcils en me voyant entrer, inquiet de me voir là, je suppose.

— Tom, je te rappelle que tu es en congé, bordel ! Qu'est- ce que tu fabrique ici ?

— Je viens chercher le dossier  "Prieste", expliqué-je.

— Non, tu ne prends rien du tout ! Tu te reposes, tu t'occupes de ton mec, tu as toujours un mec n'est-ce pas Tom ?

— Comme tu es malin ! Oui, j'ai toujours un mec mais il doit bosser sur des traductions.

— Et ? s'impatiente-t-il.

— Je ne sais pas si je vais être capable de le laisser bosser si je n'ai rien à faire, lui dis-je avec un regard lubrique.

— Sors d'ici tout de suite ! Espèce de pervers ! dit-il en rigolant.

— Ok! J'y vais ! Tu passes demain ?

— D'accord ! Je t'appelle avant de venir, pas  question de vous surprendre en pleine action.

— Avec le bruit de ta voiture, on aura le temps d'enfiler un jean, t'inquiète pas !!!

— Circule ! dit-il en me montrant la porte.

Je rigole encore en repartant. Peter est vraiment un mec génial, toujours à l'écoute de son équipe. J'espère que lui et Matt s'entendront bien.

....

Je ne tiens plus en place, Matt devrait arriver d'une minute à l'autre et je stresse comme un ado boutonneux.

Dix minutes après, nous sommes tous les deux, collés à la porte. Notre désir ne nous a même pas permis d'atteindre le canapé.

— Je te déshabille là, ou on essaye d'atteindre ta chambre ? me murmure-t-il, aguicheur.

— Je réfléchis à la meilleure option, et je l'ai trouvée, lui dis-je en le soulevant pour  l'emmener vers la chambre.

— Je ne tente même pas de me libérer, tu remarqueras ! rigole-t-il, droit comme un i dans mes bras.

— Car tu as compris que c'était peine perdue, sûrement.

— Je te montrerai mes capacités dès que nous serons dans la chambre, rassures-toi !

— Avec plaisir, tu as une fuite à te faire  pardonner, je te rappelle.

Sa bouche, ses mains interprètent une danse sensuelle sur mon corps jusqu'à ce que je reprenne le dessus, et le re-perdre à nouveau...

Nous sommes allongés l'un contre l'autre, lorsqu'un grondement provoque nos rires.

— Allons nourrir ce monstre, avant qu'il soit impossible de le contrôler !!

— Tu as raison. Tu as ce qu'il faut ou nous devons sortir ?

— J'avais prévu un kidnapping de quarante huit heures minimum, avoué-je.

— Alors tu as raison, il nous faut manger.

***
(Matt)

Je le regarde préparer le repas. Il est précis dans ses gestes et il est évident qu'il adore cuisiner.

— Tu penses sérieusement que tu vas rester à te tourner les pouces.

— Euh... mais je fais quelque chose, crois-moi : je profite du spectacle.

— Es-tu d'accord pour rencontrer Peter ?

— Sans problème. Mais après mon kidnapping, j'ai l'intention d'abuser sexuellement de mon ravisseur, me dit-il avec un sourire coquin.

— Va mettre la table ! Tout se trouve dans le placard à droite.

— D'accord ! Il vient quand ? Ce soir ?

— Plutôt demain, mais je peux lui dire que c'est partie remise, tu sais ?

— Il fait partie de ta vie, et il semble être important pour toi. Tu as une famille, Tom ?

— Oui. Des parents, un petit frère et une petite soeur. Et toi ?

— Je n'ai plus de famille me dit-il d'un ton sec. Et ils savent ?

—Andy, mon frère en premier. Mes parents ensuite.

— Et tu les vois encore ?

— Oui, Matt, dis-je en l'enlaçant tendrement. Ils ne m'ont pas mis à la porte. Et je suis conscient de ma chance.

— Tu me les présenteras un jour ?

— Tu nous vois dans l'avenir, Matt ?

— De plus en plus, oui. Je me sens bien avec toi.

Différents et Alors  Où les histoires vivent. Découvrez maintenant