30 Février 1665,
Après quatre jours à naviguer laborieusement à travers la mer d'huile, nous avons enfin pu retrouver le vent du grand large. Ah, Monsieur Gift ! Quel bonheur de sentir la brise fouetter mon visage et faire voler mes cheveux en tous sens !
Cependant, cela fait douze jours que nous sommes partis et le capitaine n'avait pas prévu ce retard dans ses calculs. Pas plus que Méga ne l'avait fait en comptant les provisions. Nous avons encore de quoi survivre un certain temps mais il me semble que la prochaine escale était censée avoir lieu dans deux mois. Or, nous n'avons plus assez de nourriture pour tenir jusque là ! Le capitaine va devoir y remédier, et je me demande bien comment !
1 Mars 1665,
Will est venu me voir cet après-midi. Il voulait que nous nous entraînions au sabre. Il disait que cela faisait une éternité qu'il n'avait pas combattu et qu'il se sentait rouillé.
Bien sûr, j'ai accepté, rien ne me plaît plus que de m'exercer pour devenir encore meilleure et être prête à... je ne sais pas à quoi, au juste !
Nous nous sommes donc mis en garde, comme nous le faisions sur le port, près de chez moi. Cette pensée m'a serré le cœur mais je ne pouvais pas laisser la nostalgie s'emparer de moi. Il fallait que je sois forte, pas question de perdre contre cet hurluberlu !
J'ai gagné le premier combat sans trop de mal mais Will ne voulait pas en rester là. Nous avons croisé le fer maintes et maintes fois. Will se battait avec acharnement, je n'avais jamais vu ce feu l'animer. Il n'était pas question d'abandonner, ni pour lui, ni pour moi.
Notre obstination ameuta bientôt une partie de l'équipage. Je commençais à fatiguer. Mon bras était endolori et je sentais la sueur couler sur mon front. J'avais déjà gagné trois duels mais Will voulait encore essayer. Et il était un adversaire redoutable !
Finalement, grâce à un tour d'une adresse particulière, j'ai réussi à le désarmer pour la quatrième fois. Il m'a fait signe d'arrêter, que c'était assez pour aujourd'hui. Sans un mot, il a fendu la foule qui s'était regroupée autour de nous et est allé s'enfermer dans sa cabine.
J'avoue que je n'ai rien compris de son comportement !
Quand je suis montée au nid-de-pie ce soir-là, John m'attendait de pied ferme.
– Mademoiselle Ariana, je pourrais m'entraîner avec vous moi aussi ?
– Pas ce soir John, je suis trop fatiguée.
– Parce que, vous êtes vraiment très très douée.
– Merci.
– Avant que vous n'arriviez, personne ne pouvait vaincre le second, mis à part le capitaine bien sûr.
– Il me reste donc un adversaire de taille à affronter, ai-je dit, avec un sourire de défi.
2 Mars 1665,
J'ai appris aujourd'hui la raison de l'entêtement de Will. En fait, il y avait même deux raisons.
Comme il n'est pas venu me voir à l'heure du déjeuner, je suis allée frapper à sa cabine à la fin de mon quart. Pas de réponse. J'ai essayé plusieurs fois mais seul le silence m'a répondu.
– Vous cherchez quelqu'un Mademoiselle ?
Je me suis retournée en sursaut. Le capitaine se tenait dans l'embrasure de sa propre cabine. Il m'a fait signe d'entrer.
– Ne vous en faites pas pour Will, il s'en remettra, a-t-il dit, en me versant un verre d'un liquide ambré.
– De quoi parlez-vous mon capitaine ? Est-il blessé ? ai-je demandé, perplexe.
– Seulement à l'ego.
Il m'a tendu un verre avant de continuer.
– Voyez-vous, j'ai beaucoup apprécié votre comportement lors du « Killer » il y a quelques jours, et je sais que vous êtes une véritable artiste du sabre. Donc, lorsque Will m'a demandé, hier, s'il pouvait avoir plus de responsabilités, en tant que second, je lui ai répondu que je considérerais sa demande quand il pourrait vous battre en combat singulier. Il est donc terriblement vexé de ne pas avoir réussi hier.
Je devais être en train de rêver. Le capitaine me faisait des compliments ! Il me considérait meilleure que son propre second ! Il a levé son verre pour trinquer et a bu d'une traite son contenu. Suivant son exemple, j'ai porté le verre à mes lèvres mais... Oh ! Mon Dieu ! Ça brûle ! J'ai tout recraché aux pieds de Shark qui a éclaté d'un rire sonore.
– Par contre, il va falloir que vous vous habituiez au goût du rhum ma petite ! a-t-il continué, hilare.
J'ai levé les yeux aux ciel et j'ai reposé mon verre avec dégoût.
– Vous croyez qu'il m'en voudra longtemps ? ai-je repris.
– Non, il vous aime bien trop pour cela, a répondu le capitaine, ce qui m'a fait rougir plus que je ne l'aurais voulu. De plus, je pense qu'il voulait avant tout vous préparer et que ce que je lui avais dit le matin même est venu le tarauder ensuite.
– Me préparer pour quoi exactement ? me suis-je enquise.
– Vous le saurez bien assez tôt.
Sur ces derniers mots, il m'a fait comprendre que la conversation était terminée et que je devais sortir.
J'avais du mal à cerner mon père. Que croire ? Que comprendre de ses paroles ?
Il me semblait qu'il pouvait être très attentionné mais qu'il y avait toujours une arrière pensée cachée derrière ses dehors avenants. Pourquoi m'avait-il dit que Will était comme en compétition avec moi ? Voulait-il que je lui prouve que je pouvais prendre la place de second ? Voulait-il simplement me réconcilier avec Will ? Et quel était ce mystérieux événement pour lequel il fallait que je me prépare ?
Voilà le chapitre du mercredi ! Pour une fois que je le poste le bon jour ^^
Vous a-t-il plu ? Il ne s'y passe pas grand chose, je suis d'accord, mais c'est pour mieux préparer la suite !
J'essaye aussi de créer plus d'interactions entre Ariana et son père.
J'ai voulu complexifier le personnage de Will, aussi, qui me paraissait un peu lisse, trop "gentil" pour être un pirate. Qu'en pensez-vous ?
Et pour tout ceux qui ont repris les cours, courage ! On est déjà mercredi soir ! Il ne reste plus que deux petits jours avant le week-end ;)
À dimanche pour la partie 2 de ce chapitre !
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Le Journal d'Ariana [TERMINÉ]
Ficção HistóricaAriana Shark va mourir. Du moins en était-elle certaine jusqu'à ce que le fils de son geôlier ne lui rende visite. Nicolas n'arrive pas à croire que celle qui se dévoile devant lui est responsable des pires actes de piraterie de l'époque. Elle lui...