Chapitre 17 - Abordage (Partie 2)

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3 Mars 1665,

      « Navire à tribord, navire à tribord ! » C'est ce cri qui m'a sortie du sommeil ce matin. Je me suis précipitée sur le pont. Je n'avais absolument aucune idée de ce qu'il fallait faire dans ces cas-là.

      Tout l'équipage s'est rassemblé en silence autour du capitaine qui a crié des questions à John.

– Quel navire est-ce ?

– Un galion, mon capitaine.

– Un navire marchand, parfait, a dit Shark en se frottant les mains. Quel pavillon ?

– Difficile à dire... Je crois que les rayures sont horizontales. C'est cela ! Il y en a une rouge, une blanche et une bleue. Et il y a des lettres au milieu.

– La compagnie néerlandaise des Indes occidentales. À quelle vitesse vont-ils ?

– À la même vitesse que nous mon capitaine. Ils sont loin devant.

      Le capitaine a eu un sourire carnassier avant de reprendre la parole.

– Mes amis, voici venue l'occasion de nous refaire. Nous avons besoin de vivres et ce bateau en contient sûrement. Allons-nous laisser passer cette chance ?

« Non ! » ont hurlé en cœur les marins.

– Êtes-vous prêts à prendre ce navire ?

« Ouais ! » ont encore répondu les hommes.

      Le capitaine possédait une aisance incroyable pour galvaniser les hommes. Il nous a rapidement expliqué son plan. Nous allions nous rapprocher du galion en mettant le drapeau noir au dernier moment. Là, avec un peu de chance, les néerlandais se rendraient sans broncher. Sinon, il faudrait les combattre mais en essayant de ne pas trop les abîmer. Le but n'était pas de faire un massacre mais de récupérer leur chargement. Un fois l'équipage maîtrisé, il n'y aurait plus qu'à s'emparer de ce que l'on voulait.

      Will est apparu à mes côtés et m'a tiré dans un recoin pendant que le Golden Gem filait vers sa cible, arborant le drapeau de la compagnie française des Indes occidentales, volé il y a quelques temps.

– Ariana, je sais que cela ne va pas te plaire mais je dois te demander de rester ici, a-t-il dit en me tenant par le bras.

– Il n'en est pas question, ai-je répondu en essayant de me libérer de sa poigne de fer.

– Ce sont les ordres du capitaine.

– Je me bats mieux que vous tous, je suis un atout de taille !

      Oui. Là, j'ai peut-être un peu exagéré. Je crois qu'on peut dire que la modestie n'est pas mon point fort. Mais, je touchais un point sensible et je le savais. Will a baissé les yeux, déconfit.

– Certes, mais tu n'es pas encore prête. Tu n'as jamais vu de véritables combats. Le capitaine préfère que tu les observes d'ici et que tu protèges le navire en cas de riposte.

– Très bien, me suis-je résignée. Avais-je vraiment le choix ? Mon père m'avait très bien cernée. Il savait qu'en me donnant des responsabilités sur le Golden Gem, je ne déserterais pas mon poste pour passer à l'abordage. Je ne pensais pas être si transparente.

      Nous nous sommes peu à peu approchés du bateau néerlandais. Celui-ci ralentissait pour nous attendre. Le commandant devait penser que nous avions une information à lui transmettre.

Le Journal d'Ariana [TERMINÉ] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant