Chapitre 31 - Justice (Deuxième partie)

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     La place du marché était déjà noire de monde quand le gouverneur fit son entrée dans la tribune d'honneur, accompagné des représentants de la justice royale, le duc de Rohan, le marquis de Beauffremont et le comte de Gramont. Nicolas était là, lui aussi, aux côtés de son père.

      Le gouverneur s'avança au dessus de la foule et frappa trois coups sur la table qu'il avait devant lui. L'huissier qui se tenait à sa droite réclama le silence.

– Mes chers sujets, le bandit, le malfrat, le pirate qui va comparaître devant vous est responsable des pires horreurs. Nous l'avons capturé lors de la mise à sac de notre ville, opérée par la bande du capitaine Shark. Peuple ! Tu n'auras plus de raisons d'avoir peur, car aujourd'hui commence, le jugement d'Ariana Shark !

      Un murmure parcourut la foule tandis que la jeune fille montait dignement les marches de l'échafaud. Elle se présenta devant la tribune d'honneur tandis que le bourreau préparait la corde.

      L'huissier fit de nouveau le silence et le gouverneur reprit la parole.

– Mademoiselle Ariana Shark, vous avez été amenée ici pour comparaître devant la justice royale. Vous devez répondre de vos actes.

      La jeune fille contemplait ses ongles, sans porter le moindre intérêt à ce qui se disait au dessus d'elle. Le gouverneur la regarda avec étonnement.

– Vous devez répondre de vos actes ! répéta-t-il.

– Et bien, faites ! Énumérez mes terribles méfaits, répondit Ariana, avec ironie.

– Oui.. oui. Tout d'abord, vous êtes responsable des vols de plusieurs poissons, lorsque vous travailliez encore sur le port, sur l'île dorée. Vous n'étiez pas encore pirate, mais déjà voleuse.

– Tout à fait, affirma Ariana. Continuez, je vous prie.

      Le gouverneur était complètement décontenancé devant l'attitude insouciante de la condamnée. Il continua néanmoins.

– Ensuite, vous portez une arme contre l'interdiction royale. Vous êtes de ce fait, une « briseuse de paix ».

– Alors, techniquement, je ne porte pas d'arme sur moi en ce moment, objecta Ariana.

– Oui mais vous en aviez une quand nous vous avons capturée, persista le gouverneur.

– Ah oui, c'est vrai, ça m'était sorti de la tête, dit Ariana, qui se moquait ouvertement de son interrogateur, pour le plus grand plaisir de la foule.

– Vous avez également participé à l'abordage d'un galion de la Compagnie néerlandaises des Indes occidentales.

– En effet ! Je m'en souviens parfaitement, s'exclama Ariana. Une vraie partie de plaisir ! Ah ! Le capitaine était formidable ! Dis donc, Monsieur de gouverneur, vous êtes bien gentil de me rappeler tout ces moments heureux.

      Le gouverneur se renfrogna mais continua d'énumérer les coups de mains auxquels la jeune fille avait pris part.

– Le 6 Avril 1665, vous avez mis à sac la ville de Caracas.

– Alors là ! C'est faux ! Nous sommes tombés dans une embuscade et j'ai dû aller sortir mon équipage de prison.

– Enfin, vous avez tout de même été à l'encontre de la loi, dit le gouverneur d'une petite voix.

– Bien sûr ! répondit Ariana. Mais soyez précis ! Je ne veux pas qu'on me condamne pour n'importe quoi !

– D'accord, murmura le gouverneur, qui sentait que la situation lui échappait. Vous avez ensuite volé des victuailles à Paramaribo.

Le Journal d'Ariana [TERMINÉ] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant