Le Journal d'Ariana [TERMINÉ]

Chapitre 20 - Sauvetage (Partie 2)

      Le cri s'est répété et m'a guidée vers un petit escalier en colimaçon qui s'enfonçait dans les profondeurs de la terre. Les murs n'avaient plus l'aspect entretenu des couloirs des étages supérieurs. Je me suis engagée avec précaution sur les marches glissantes.

      Plus j'avançais, plus les cris de Will se transformaient en hurlements de douleur qui me déchiraient le cœur. Je suis arrivée dans une large pièce peu éclairée. Les cellules s'alignaient le long de la salle. Il n'y avait personne pour les surveiller. Je me suis approchée de la première. Des inconnus y grelottaient dans le vent venu de l'unique fenêtre.

      Les cellules suivantes étaient vides. Enfin, j'ai trouvé celle qui renfermait les membres de l'équipage. L'un d'eux a levé la tête. Il m'a observée un instant, ne me reconnaissant pas dans mes vêtements de bergère. Puis, il s'est exclamé :

– Ariana !

       Tous les autres se sont précipités contre les barreaux. Je leur ai intimé de ne pas faire de bruit. Les gardes ne devaient pas être loin.

      Ils m'ont expliqué que le gouverneur leur avait posé mille et une questions sur le capitaine, le bateau, ce que nous cherchions... Bien sûr, aucun d'entre eux n'avait répondu. Le gouverneur avait donc décidé de les faire avouer par d'autres moyens et Will s'était dévoué pour subir l'interrogatoire en premier.

      Comme les gardes trouvaient cela particulièrement divertissant, ils avaient tous quitté leurs postes pour aller voir de plus près. C'était ma chance. Leur comportement malsain serait leur perte.

      Un des pirates avait vu où étaient rangées les clés. Dans leur précipitation, ils les avaient simplement accrochées à un clou dans le mur.

      J'ai pris le trousseau de clés en veillant à ne pas les faire tinter et j'ai ouvert la porte à mes camarades. Ils étaient une dizaine. Nous nous sommes ensuite approchés de l'endroit où devait être Will. J'ai jeté un coup d'œil dans la cellule. Ce que j'y ai vu m'a mortifiée.

      Will était couché sur une table en pierre, menotté aux mains et aux pieds. Ses geôliers avaient retiré sa chemise. Ils nous tournaient le dos.

      Un homme, ou devrais-je dire, un géant, aux cheveux et à la barbe sombres, a posé une question.

– Alors, Monsieur le second, où est le Golden Gem ?

      Will a serré les poings sans rien dire.

– Très bien. Il ne veut pas répondre. Continuez.

       Un autre homme a levé le bras et a cinglé le dos de Will de son fouet. Voilà donc ce qu'ils faisaient. Les larmes me sont montées aux yeux. Will avait la peau à vif. Le fouet avait laissé sur son dos des marques indélébiles, des langues de feu.

      N'y tenant plus, je suis entrée dans la cellule. J'avais pris soin de retirer ma jupe et mon foulard, afin de me redonner l'aspect d'une pirate plus ou moins redoutable.

– Puis-je vous aider, messieurs ? ai-je demandé.

      Ils se sont vivement retournés.

– Qu'est-ce que tu veux petite morveuse ? a dit le colosse avant de cracher à mes pieds.

– Je voudrais récupérer mon ami, ici présent, si cela ne vous dérange pas. Je suis sûre qu'il apprécie beaucoup le traitement que vous lui faites subir, mais nous sommes un peu pressés. Vous lui manquerez.