Chapitre 2 : Voyage vers Rome

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Hispanie, province de Tarraconaise

Rema ne sut pas comment, mais au bout d'un certain temps, elle se retrouva en contrebas du village, la dague de son père à la main. Elle essuya du dos de sa main les larmes qui coulaient encore sur ses joues et ravala difficilement sa salive. Elle regarda autour d'elle et elle ne vit que des oliviers, et en arrière d'elle, plus loin, des champs à perte de vue. Devant l'oliveraie se tenaient une rangée de vignobles, et devant ces derniers, une longue route dallée sinueuse qui serpentait à travers les collines et les vallées. Le soleil, dans un ciel azur, dardait ses rayons brûlants sur la terre d'Hispanie. Rema prit une grande inspiration et se dirigea vers la route qui allait la mener vers Rome, et espérait-elle, sa vengeance et son frère également. Elle ignorait si son frère Romulus et son père étaient encore vivants. Après avoir vu ce carnage, elle était très tentée de répondre non...

Rema décida de se secouer un peu, mais rendue à mi-chemin vers la route dallée, elle entendit un bruit sourd de sabots. Elle devina qu'un voyageur à cheval approchait. Aperçevant le concerné, Rema s'empressa de se cacher derrière un olivier de la dernière rangée de l'oliveraie. Elle s'attendait à ce que l'homme continue simplement son chemin, mais il s'arrêta à son niveau et descendit de son cheval. L'homme soupira de fatigue et contempla les vignobles plantés proche de la route, puis les oliviers. Son regard s'attarda d'ailleurs sur l'un de ces derniers. Celui où était caché Rema. Elle prit une grande inspiration pour tenter de se calmer et songea : « Il ne m'a pas vue. Il ne m'a pas vue. Il ne peut pas m'avoir vue... » L'homme regarda encore un instant l'olivier, puis déclara à haute voix sans s'adresser à personne en particulier:

— Et bien, c'est dommage... Moi qui cherchais justement un apprenti pour le former au métier de gladiateur. Je me rends à Rome, d'ailleurs.

Rema comprit: il voulait l'inciter à se montrer. Elle hésitait. « Ce pourrait très bien être un piège, mais qu'ai-je à perdre? Au pire des cas, s'il m'attaque, j'aurais ma dague pour me défendre », songea-t-elle. Mais hors de question pour elle de se rendre à la Ville Impériale sans couverture. Elle contempla un moment ses doigts fermés sur son arme, puis elle se décida soudainement. À l'aide de sa dague, Rema trancha d'un coup sec une bonne partie de ses longs cheveux bruns foncés aux reflets cuivrés. Elle se leva et ferma les yeux un moment. Elle était presque certaine d'avoir pris la bonne décision.

Quand Rema rouvrit les yeux, elle se retrouva face à un homme âge d'une quarantaine d'années. Ses cheveux courts et fournis de couleur poivre-sel se dressaient sur le sommet de sa tête. Ses yeux étaient bruns noisette, contrastant avec ses quelques cheveux grisés. L'homme se racla la gorge, arrêtant ainsi Rema dans son observation détaillée et dit d'une voix chaude et amicale:

— Enchanté de faire ta connaissance....
— Remus. Je me nomme Remus, mentit Rema.
— Et moi, je me nomme Octave, répondit-il. Tu désires donc devenir mon apprenti ?
— En fait, commença Rema d'une voix hésitante, je voulais me rendre à Rome...
— Quel heureux hasard ! Je m'y rends, justement.
— Donc, je peux vous accompagner ?
— Mais oui ! Je voyagais d'ailleurs dans le but de trouver de nouveaux apprentis. J'allais rentrer bredouille, mais puisque je t'ai trouvé...

Octave tendit à Rema les rênes d'un cheval qu'elle n'avait pas aperçu plus tôt. Grand, le cheval possédait une robe brun foncé et il paraissait plutôt robuste. Elle l'enfourcha et le dirigea vers la route menant à Rome. Octave la suivait de près, tout deux frappés par le soleil cuisant. Il tentait d'engager la conversation avec Rema, mais ce n'était pas chose aisée, cette dernière repassant les événements horribles s'étant déroulés dans son petit village d'Hispanie.

Après un certain temps de voyage, elle leva le regard et elle s'aperçut qu'il faisait déjà presque nuit. Rema apercevait un croissant de lune haut dans un ciel indigo constellé d'étoiles. À ce moment-là, Octave lui indiqua qu'ils approchaient de la province romaine de la Gaule, plus précisément de la Narbonaise. Ils s'arrêtèrent à la frontière pour se reposer un peu et reprendre ensuite le chemin à l'aube. Rema ne tarda pas à plonger dans un sommeil agité, et elle eut une dernière pensée avant de s'endormir, souhaitant de tout cœur que son père et son grand frère soient encore en vie.

La Légende de Rome - Tome I   Où les histoires vivent. Découvrez maintenant