La Légende de Rome - Tome I

Chapitre 23 : Le livre

Palais impérial, Rome.

— Mais si puisque tu veux tant savoir.... commença Commode, laissant intentionnellement le suspens planer.

Romulus se crispa, attendant avec impatience la réponse qui tardait à venir.

— La famille que j'ai demandé de jeter en prison a mené une... révolte.
— Une révolte ?
— Contre les autorités romaines, expliqua l'empereur. Menée par les Juifs. Cette idée de révolte s'est même rendue jusqu'à leur terre d'origine... La Judée.

Le jeune homme ne le croyait pas. Pour lui, ce n'était qu'un prétexte pour arrêter des innocents... Comment des idées révolutionnaires pourraient se rendre jusqu'en Judée, provenant de Rome, traversant tout l'Empire ? C'était de la folie.

— Vous mentez.

Commode, qui avait tendu la main vers une coupe de fruits disposée sur la table basse, s'arrêta dans son geste.

— Tu veux vraiment finir comme ton père, Romulus ? demanda mielleusement l'empereur. Lui aussi a contesté mon autorité.... Et regarde où il est maintenant : en train de se morfondre dans une geôle...

Romulus ne répliqua pas : à quoi cela aurait-il servi ? Il se retourna, bouillonnant de colère, et donna un violent coup d'épaule dans la porte qui cèda. Devant lui se tenait le gouverneur de Mésie, Pertinax. Le vieux lui lança un bref regard avant d'entrer dans la pièce, celle que Romulus venait de quitter.

Ce dernier fronça les sourcils et se retourna vers le vieil homme : quelque chose clochait. Qu'est-ce qu'un gouverneur de province faisait-il à Rome ? Pertinax ne devait-il pas être en Grèce, à administrer les affaires de sa province ?

Dans un champ stérile près de Rome.

— Gacius, Tarrutenius... Je suis heureux de vous voir, dit le vieil homme.

Le sénateur fronça les sourcils. Depuis quand Pertinax était-il si aimable ? Visiblement, leur plan se déroulait pour le mieux.

— Tout se déroule comme il était prévu, Pertinax ? demanda ce dernier.
— Oui... L'empereur est si influençable... poursuivit le vieux en ricanant. Il ne se doute de rien...
— Nous pouvons donc continuer, n'est-ce pas ? demanda Tarrutenius.
— Exact, confirma le gouverneur de Mésie. Cependant, je dois me rendre en Grèce pour des affaires...
— Nous continuerons sans vous, ne vous inquiétez pas, dit Gacius d'un ton qui se voulait rassurant.
— Je l'espère, dit Pertinax. Je pars pour quelques temps, mon fils et ma petite-fille, Hélène, m'accompagneront. Elle quittera enfin un moment ce fichu temple... 
— Vous aurez préféré qu'elle se marie, si je ne m'abuse ? demanda le chef de la garde impériale.
— Un mariage aurait bien plus apporté à la famille... grommela le vieil homme.

Cependant, il reprit contenance et dit :

— Allez-vous en, maintenant. Partez.

Les deux silhouettes se tournèrent dans l'obscurité de la nuit et quittèrent le champ stérile. Pertinax, lui, resta un moment immobile dans le silence nocturne.

Amphithéâtre Flavien, Rome.

Rema contempla le bout de parchemin déchiré, un sentiment inexplicable l'envahissant. Hélène. Sa seule amie. Elle allait quitter Rome pour une durée indéterminée. La jeune fille se sentait prise au dépourvu... Mais, malheureusement, elle ne pouvait rien y faire.

Une pensée surgit dans son esprit. Comment la vestale avait-elle fait pour lui transmettre le message ? À son réveil, la jeune fille avait trouvé le morceau de parchemin coincé sous sa couche, sur laquelle elle dormait. Elle se promit de demander à son amie à son retour à Rome. En attendant, elle devait faire comme si rien ne s'était passé...

Dans un coin reculé de Rome.

— Tu y feras attention, n'est-ce pas ? demanda l'homme.
— Ne vous inquiétez pas, j'y prendrai soin, répondit Hélène. Je comprends que ce livre est très important pour vous...
— Il ne l'est pas que pour nous, Hélène. Il l'est aussi pour toi.
— Vous en êtes sûr ? demanda la jeune femme, sceptique.
— Mais oui ! Tu apprendras. Tu apprendras des choses qui te paraîtront peut-être évidentes, certaines bizarres, d'autres carrément impensables... Mais tu apprendras. Quand tu reviendras, tu me raconteras ce que tu auras appris.
— Merci, le remercia la vestale en serrant l'épais ouvrage dans ses bras.

Cette dernière se retourna, et s'apprêtait à quitter, mais l'homme l'interpella :

— Hélène ! N'oublie pas : personne ne doit tomber sur ce livre. Personne.

La concernée hocha la tête, puis quitta.

*** Pronostics ? Qu'est ce « fameux » livre ? Et que pensez-vous de l'explication qu'a donné l'empereur ? Vous paraît-elle vraie ? Serait-ce un mensonge ? ****