Chapitre 27 : L'oiseau et son oisillon

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Chapitre très court... Mais nécessaire pour la suite de l'intrigue ! ^^

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Province de Mésie, Grèce.

— Vilnius ! Mon vieil ami ! dit Pertinax en s'approchant.

Le légat Vilnius, plus réservé, inclina seulement la tête vers lui.

— Je suis très heureux de vous revoir... Cela faisait longtemps, poursuivit le vieil homme.
— En effet, je ne quitte pas souvent la Syrie... Je préfère y rester posté à la frontière à l'année plutôt que de me rendre durant quelques mois à Rome. Prudence est mère de sûreté, vous savez... dit Vilnius.
— Bien sûr, je comprends. Et votre fils ? Comment va-t-il ? demanda le vieux gouverneur de Mésie.
— Il va très bien. Il y a peu, l'empereur l'a nommé général de toutes ses légions. Il en est comblé.
— J'imagine... s'immisça alors le fils de Pertinax, qui n'avait jusqu'alors pas parlé. Mais cela vient avec beaucoup de responsabilités...
— Effectivement, lui accorda d'un ton cassant le légat. Cependant, je suis sûr que mon fils Honorius est à la hauteur de l'honorable tâche qui lui a été confié.
— À l'évidence, conclut Pertinax, closant la discussion.

Ce dernier se contenta de lancer un regard perçant à son fils, qui contemplait obstinément le mur opposé pour éviter d'avoir à affronter les réprimandes paternelles. Le gouverneur de Mésie invita alors ses hôtes à se diriger vers la salle à manger, l'ambiance dans la pièce semblant avoir chuté de plusieurs degrés...

Villa de Marc-Aurèle, Capri.

— Tu ne voudrais pas qu'il ne lui arrive quelque chose, n'est-ce pas ?
— Non, murmura Lucilla, non...

Elle était brisée. Elle n'en pouvait plus de se languir de ceux qu'elle aimait, et d'attendre dans le silence... Elle se sentait affreusement seule. Si seule... Elle ne voulait qu'une chose : le voir. Son absence créait un immense vide qui lui était impossible à combler... Qu'est-ce qu'une oiselle ferait sans son oisillon, après tout ?

Lucilla obtempéra faiblement, cherchant vainement une conviction en elle qu'elle n'avait pas. Alors, elle avoua. Tout. Sur le complot, sur les conjurés... L'ancienne impératrice déchue savait que si elle avouait et disait la vérité, elle pourrait revoir son fils... C'était ce qu'elle voulait le plus. Combler le vide, pour qu'il ne soit plus...

Domus de la famille Vilibus, Rome.

Le sénateur contempla la lettre cachetée un moment. Seraient-ce de bonnes ou de mauvaises nouvelles ? « Seuls les dieux le sauraient », songea-t-il. Il se décida et ouvrit le message, visiblement rédigé dans l'urgence...

Il sentit un poids se lever alors qu'il lisait les quelques mots à l'encre sur le parchemin. Elle avait tout avoué. Il n'avait plus à se soucier de cela, maintenant... Enfin.

L'empereur lui avait demandé, dans une note rédigée à la va-vite en bas de la lettre, de surveiller les moindres faits et gestes du sénateur Gacius et du chef de la garde impériale, Tarrutenius. Rien d'étonnant. Il voulait garder un œil sur eux durant son absence... Mieux valait être prudent.

Devant la prison de Rome.

« Au moins, tu n'as pas eu à le suivre... », songeait Romulus en passant devant un peloton de soldats assignés à la surveillance des prisonniers. Il contempla amèrement le bâtiment de fer et de pierre, ayant l'envie irrépressible de briser les barreaux de cette cage pour aller le libérer... Il ne pouvait pas s'il désirait revoir son père un jour...

Les hommes appuyés sur le mur devant la geôle discutaient vivement entre eux, une outre  de vin à la main, alors qu'il était interdit de boire durant les quarts de pause. L'un paraissait cependant bien plus lucide que ses compagnons et regardait le ciel en soupirant de temps à autres. Il se tourna vers les autres soldats et dit, tentant en vain d'attirer leur attention :

— Eh oh ! Vous savez que la famille juive qu'on a emprisonnée il y a quelques temps finira sous peu dans l'arène ?

Romulus s'arrêta net, aux aguets. Il cria :

— Toi, là ! Tu parles bel et bien de la famille qu'on a...
— Qu'est-ce que tu crois ? l'interrompit un soldat, ivre, qui titubait en levant son vin à bout de bras. Bien sûr que ce sont eux !

La petite. Ce fut la seule pensée qui le traversa, alors qu'il était, là, si proche d'elle...


*

Alors ? À votre avis, que va-t-il arriver à la famille ? Et à Lucilla ? Rentra-t-elle à Rome ?

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La Légende de Rome - Tome I   Où les histoires vivent. Découvrez maintenant