Chapitre 36 : Les martyrs de l'Empire

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Amphithéâtre Flavien, Rome.

Les cris. Les pleurs. Le sang.

Le métal s'abattait inlassablement, tachant le sable de gouttes écarlates. La Mort était proche, beaucoup trop proche, sa faux à la main, conduisant les pauvres âmes, ces martyrs, vers l'au-delà...

Le carnage se poursuivit un instant qui parut bien trop long à Hélène... Son cœur se souleva alors qu'une lance s'enfonça dans le bras d'un fidèle, qui hurla sa colère, se jetant sur son agresseur. Le gladiateur le tua d'un simple coup. Comme les Hommes pouvaient être sans pitié...

La vestale, des gradins, lança un bref regard vers la loge impériale, vide. Le pourpre déléguait cette tâche indigne qu'est tuer sans même prendre la peine de se présenter... Cela signifiait beaucoup, du moins pour les pauvres fidèles... Que la vie de ces hommes et ces femmes ne valaient rien - ce n'était que de la vermine, de la saleté - dont on peut se débarrasser très facilement, en un claquement de doigts.

De véritables martyrs. L'Empire ne ferait rien à cette barbarie, même si les chrétiens étaient innocents de tout les crimes auxquels on les accusait... Changer une chose est bien plus difficile que la laisser aller, si immonde soit-elle...

Rome était souillée. Sale jusqu'aux profondeurs de la cité, jusqu'à effleurer les flammes du feu sacré... Hélène n'avait jamais autant haï cet éclat doré rougeoyant qu'aujourd'hui. Fichue Foi. Elle poussait l'âme humaine à tant de crimes...

Palais impérial, Rome.

Loin de ce carnage, le responsable même picorait des fruits d'une coupe, en pleine conversation. Son interlocuteur hochait plus souvent la tête que ne parlait, mais l'empereur comblait avec facilité le vide...

— La fille, dit soudainement Honorius, perdu dans ses pensées. Elle pourrait représenter un danger...
— Laquelle ?
— Celle qui a combattu contre toi, imbécile ! Celle que... comment se nomme-t-il, celui-là, déjà ?
— Romulus ?
— Oui, lui. Donc, il y a quelques jours, lors du munus, ce Romulus l'a interpellée...

Honorius s'apprêtait à poursuivre, mais Commode, blessé dans son orgueil à la mention de ce souvenir douloureux, le coupa :

— Viens-en au fait.
– Elle représente un danger. Elle est de sa famille... Elle aurait pu être venue à Rome pour venger ses proches... Débarasse-toi-en.
— C'est plutôt radical...
— Veux-tu d'un autre crime de lèse-majesté ? trancha d'une voix forte son demi-frère. Pas moi.

L'empereur soupira, songeant un temps aux raisons qui l'avaient poussé à emprisonner l'un des plus proches amis de son père, détruisant du même coup le village entier... Nul doute que quiconque ayant assisté au massacre ne veuille se venger.

— Très bien, accorda le pourpre après un instant de réflexion. Prends les dispositions pour la mettre hors d'état de nuire. Mais ne la tue pas.

Son fidèle général et frère hocha simplement la tête en se levant, et quitta la pièce. Se débarrasser de tout ses ennemis... La méthode la plus ancestrale au monde fonctionnait toujours, quelle que soit la situation...

Palais impérial, Rome.

Romulus sentit un sourire se former sur son visage. Elle était vivante... Et non pas morte, comme il l'avait cru si longtemps... Il sentait l'euphorie monter en lui. Il pourrait enfin savoir ce qui était arrivé à sa terre natale... Et à sa mère.

Était-elle morte ? Nul doute que, le cas échéant, leur père ne s'en remettrait pas. Il l'aimait tant...

Le jeune homme continua à arpenter sa chambre exiguë, songeant un moment au moyen le plus discret de contacter sa sœur. Il se sentait coupable, aussi. Il l'avait trahie en l'interpellant ainsi cette journée-là... Mais il n'avait pu s'en empêcher. La surprise et la joie s'en étaient mêlés...

Il y avait une lueur d'espoir dans cet enfer... Enfin.

*

Pronostics ? Que fera Hélène, à votre avis ? Et Romulus ?

*

La Légende de Rome - Tome I   Où les histoires vivent. Découvrez maintenant