Chapitre 26 : Le pourpre dans l'arène

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** Le fameux combat ! Vous découvrirez finalement qui est ce mystérieux combattant... **

Amphithéâtre Flavien, Rome.

Vercingétorix ! Vercingétorix ! criait la plèbe.

Rema leva le regard vers les gradins. Il y avait foule, et des soldats étaient postés à chaque bout, prêts à contenir la nuée de corps excités en cas de besoin.

Le peuple s'échauffait, criait et scandait le nom des combattants ; ou plutôt du combattant, car Bénélos se tenait, seul, au centre de l'arène couverte de sable.

— Regarde, murmura Gaius avec animosité. Il est là.

La jeune fille contempla un moment la loge impériale vide et son regard se tourna vers la zone de combat. Il était là. Lui qui allait achever le pauvre gaulois qui n'avait rien demandé. Mais c'était tombé sur lui.

Les doigts de Rema se crispèrent sur le fer entremêlé qui créait la grille. Elle ne voulait qu'une chose : briser ce métal comme on brise du verre pour se porter à l'aide de son ami. Qui bientôt, ne serait plus.

La foule hurla une fois de plus. L'autre gladiateur venait d'arriver. Et ce n'était nul autre que l'empereur.

Commode salua la plèbe, un sourire carnassier sur le visage. Elle l'acclama, sous les vivats et les cris. Désormais, les gradins scandaient son nom, mais Rema perçut le faible mouvement des légionnaires vers la foule. L'empereur avait forcé la main du peuple. Il n'appréciait visiblement pas être laissé de côté...

Le munus commença. Aussitôt, tous se turent. Ou presque. Dès que Bénélos accula les coups, la cohue reprit. Ce dernier tentait de contrer, mais il en était incapable. Les attaques se succèdaient, toutes plus rapides les unes que les autres. Pourtant, ils étaient sur le même pied d'égalité... Les deux disposaient d'une arme identique en tout point...

— Il passe son temps à s'entraîner plutôt qu'à régner... chuchota Rema, à moitié scandalisée, à moitié surprise.

Gaius, à ses côtés, ne répondit pas, hochant simplement la tête.

Dans l'arène, le combat se poursuivait, et c'était à l'évidence l'aigle qui maintenait l'avantage. Bénélos, le visage ruisselant de sueur rosée par le sang, esquiva le coup de justesse et se retrouva acculé contre le mur qui délimitait l'espace de l'affrontement. Il échappait désormais au champ de vision des esclaves réunis au sous-sol.

Soudain, le glaive de Commode lui échappa, dans une providentielle intervention du gaulois. L'empereur, sentant le vent tourner, hésita une fraction de secondes avant de dégainer une dague. L'instant plus tard, un liquide poisseux écarlate perlait le long de l'éclat métallique.

Les vivats et les cris de la plèbe lui paraissaient en sourdine, Rema étant ébranlée. Le pourpre avait triché. Quasi sans impunité. La haine afflua, et avec elle cette envie destructrice. Elle sentit une main la retenir alors qu'elle faisait un pas en avant. Gaius soupira et secoua négativement la tête. Cela ne servirait à rien. Il le savait, elle le savait... Tous le savaient.

Amphithéâtre Flavien, Rome.

Il aurait voulu être inhumé, dit Gaius.
— Ouais, approuva faiblement Marcus.

La dépouille avait été laissée sur place sur ordre impérial, puis elle avait été discrètement prise par les gladiateurs et descendue en bas. Le pauvre Caius, qui s'était donné la mort, n'avait pas eu cette chance. Son corps avait été brûlé par les soldats et les cendres avaient été dispersées à travers une quelconque étendue de terre.

— Où va-t-on l'enterrer ? demanda un esclave.
— Je sais où... Dans la nécropole derrière la domus des Vilibus. Ils ne se douteront de rien si le corps est enterré durant la nuit, murmura Gaius. Mais j'irais seul.

Personne ne répliqua. Il quitta la pièce, où s'était abattu un silence aussi pesant que le plomb. La Mort s'était, une fois de plus, jouée d'eux. Elle se jouait de tous.

** Je n'ai définitivement pas tenu ma promesse concernant la longueur du chapitre... Mea culpa. **

La Légende de Rome - Tome I   Où les histoires vivent. Découvrez maintenant