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Devant elle, rien. Les nuages s'étalaient autour d'elle, l'empêchant de voir quoi que ce soit. Rema plissa les yeux, et au loin se dessinèrent deux silhouettes, l'une plus petite que l'autre.
Elles approchèrent ; l'une était une femme aux beaux cheveux bruns, l'autre un homme.
— Mère ! Père !
Rema se précipita vers eux pour les serrer dans ses bras. L'odeur douçâtre de sa mère la submergea un moment ; et avec elle, des souvenirs...
Enlacée entre les bras de ses parents, elle cligna des yeux pour chasser les larmes qui coulaient sur ses joues.
Alors que l'étreinte parentale se desserrait, la jeune fille demanda :
— Où suis-je ? Suis-je morte ? Et tout ça.. Seraient-ce les Champs Élysées ?
— C'est ce que tu veux... À toi de décider de ce que c'est, répondit sa mère.
— Dois-je partir ? J'aimerais tant rester...
— Tu pourrais rester, mais des gens ont besoin de ton aide, là-bas... dit son père.Rema recula d'un pas, et songea un moment à ses options ; ils avaient raison. Hélène et tout ses amis, ils l'attendaient... Et son frère. Romulus était encore vivant. Elle l'avait entendu fugacement, juste avant que tout ne devienne noir et sombre...
Elle avait pris sa décision. Elle ferma les yeux un instant, puis...
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Amphithéâtre Flavien, Rome.
— Remus ? Remus ? demanda doucement une voix en lui secouant l'épaule.
— Il est mort, laissez-le en paix... grommela une autre voix d'un ton bourru, lointaine.
— Allez-vous en ! Et toi aussi ! Maintenant ! ordonna une troisième, qui lui semblait vaguement familière.La lumière perça à travers ses paupières fermées et Rema grimaça en clignant des yeux. Elle toucha de sa paume la surface pierreuse sur laquelle elle était allongée, et se leva péniblement.
— Je te l'avais bien dit, elle est vivante... chuchota Gaius.
— Je n'en avais pas douté une seconde, répliqua vivement son ami.
— C'est bon, vous deux. Je suis en vie, dit-elle en effleurant du doigt sa bosse à l'arrière de la tête. Par contre, je me suis prise un sacré coup !
— Oui, opina Marcus. Ils ne t'ont pas ratée !
— Tu gagnais... Ils ne t'ont assommée que pour ça, maugréa Gaius.Rema songea un moment à la rumeur qu'Hélène avait dû répandre ; que les soldats l'aient assommée n'ajoutait qu'une pièce à conviction de plus... Ceux qui avaient été réticents s'ouvriraient les yeux, c'était sûr.
Rome réaliserait enfin la véritable nature de son empereur... Il y avait quelque chose de bien plus vil derrière le marbre des statues et l'argent des monnaies...
Dans un champ stérile près de Rome.
— Cet esclave aurait dû nous débarrasser de lui... grommela Pertinax, en proie à la fureur. Pourquoi ont-ils...
— L'armée aime l'empereur, dit Tarrutenius, tentant de se donner un ton pragmatique. Les soldats lui sont dévoués. Ils ne pouvaient pas laisser leur chef mourir sous l'épée d'un esclave...
— J'ai vu l'aigle peu de temps après le munus d'aujourd'hui, continua-t-il. Il était sérieusement blessé.Le gouverneur haussa un sourcil à la mention de « sérieusement », sceptique.
— L'était-il vraiment ?
— Oui, confirma le chef de la garde impériale d'une voix qu'il espérait convaincante.
— Très bien, dit Pertinax. Nous pouvons toujours attendre qu'il ne meure de ses blessures, avec un peu de chance... Que notre fortune soit grande.
— Espérons-le...
— Redoublons de prudence pour l'instant, ordonna le vieil homme. L'un des nôtres fut démasqué...Une peur sourde envahissait Pertinax. Il ne voulait guère la montrer, pour paraître comme à l'habitude en contrôle de ses moyens... Il croyait s'être montré suffisamment convaincant. De toute façon, Tarrutenius n'était pas un homme des plus loquaces... Cela expliquait qu'il ne s'était jamais lancé en politique. La politique était cruelle, elle n'excusait aucun faux pas, tous devant afficher en permanence un visage impassible et ne pas laisser paraître au grand jour ses sentiments...
— Partons, proposa le gouverneur de Mésie au bout d'un moment.
Les deux silhouettes encapuchonnées s'enfoncèrent dans la nuit, et un oiseau noir croassa dans la pénombre, signe d'un mauvais présage... C'était un corbeau, le volatile ami de la Mort. Tous l'avaient senti...
Dans un coin reculé de Rome.
La pauvre porte fut violemment ouverte - ou défoncée, selon le point de vue - par des soldats qui s'empressèrent d'envahir le bâtiment. Les fidèles autour de la table au centre de la pièce tentèrent de fuir pour sauver leur peau, mais peine perdue. Les légionnaires avaient prévu cette éventualité et avaient posté quelques hommes dans la rue, qui empoignèrent sans retenue ceux qui s'étaient glissé par la fenêtre.
Celui qui semblait être le chef des fidèles murmura à ses compagnons pressés autour de lui :
— Au moins, elle a le livre...
L'autel derrière lui fut profané sans vergogne après que tous furent arrêtés par les gardes. Le poisson pendant au-dessus de la porte, lui, fut arraché par un soldat qui railla :
— Ça nous fera un bon repas, n'est-ce pas ?
Certains renchérirent même. La cruauté humaine était sans limites... Être en son heure de bonheur grâce au malheur des autres. Comme l'Homme était vil...
*
Prévisions ? Qu'arrivera-t-il aux fidèles chrétiens ? Réussiront-ils à échapper à leur funeste destin ? Que pensez-vous de la tricherie de l'empereur ?*
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La Légende de Rome - Tome I
Tarihi Kurgu| Tome un : terminé | 180 après J.-C. Empire romain L'aiglon vient de prendre le pouvoir à Rome, Devenant maintenant un aigle, L'oiseau fier prend son envol... Le village en flammes, Le sang qui coule, Le fer qui se croise. Rema qui contemple, i...