Chapitre 33 : L'aide suprenante d'Avia

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Domus de la famille Vilibus, Rome.

— S'il vous plaît, ne dites rien ! fit Esther d'un ton suppliant en se jetant aux pieds d'Avia.

Cette dernière fut déroutée par ces suppliques soudaines, mais il n'en parut rien. Elle demanda calmement à l'esclave de se relever, puis promit qu'elle garderait le silence. L'enfant était restée silencieuse et lançait des regards craintifs vers la jeune romaine.

— Votre secret est bien gardé, promis... dit Avia pour les rassurer.
— Merci, chuchota la petite.

Toutes deux espéraient que la présence de la fillette ne s'ébruiterait pas...

Domus de la famille Vilibus, Rome.

Quelques temps plus tard, Avia apprit au détour d'une conversation espionnée la libération d'un prisonnier et de son enfant : cette dernière était, selon l'empereur, en fuite. La romaine fit aussitôt le lien logique et s'empressa d'aller trouver Esther et la fillette.

La petite sourit à son arrivée et tira le vêtement de sa protectrice pour attirer son attention. La jeune esclave se retourna et approcha d'Avia pour lui demander :

— Qu'il y a-t-il ? Nous avons été découvertes ?
— Non... Le père de l'enfant et elle sont libérés !
— Et maman ? demanda l'enfant.
— Ils parlaient sûrement d'elle aussi, fit Avia d'un ton rassurant. Allez, viens, on va te conduite là-bas pour que les soldats te retrouvent.
— Ce serait mieux qu'elle y aille seule, suggéra Esther. Comme ça, aucune de nous est compromise et personne ne remarquera notre absence...
— Je vais y aller pour retrouver mon papa ! s'écria la petite d'un ton joyeux.

Cette dernière enlaça une dernière fois sa douce protectrice qui avait les larmes aux yeux et assura maintes fois à une Avia inquiète qu'elle connaissait bien le chemin vers le bâtiment carcéral. La jeune enfant s'en alla alors vers la prison de Rome, qui avait été autrefois ses limites à la liberté...

Forum, Rome.

Rema lança une énième fois un regard vers la place déserte en cette nuit et la traversa d'un pas rapide. Elle savait que ce n'était pas très prudent d'entrer dans la Maison des vestales à la vue et au su de tous, mais elle n'avait pas de temps à perdre : une mort imminente comptait bien plus que d'être aperçue par un quelconque soûlard... ou amateur de promenades nocturnes.

Elle se faufila entre la fontaine et le temple et entra dans la résidence des prêtresses : l'endroit était plongé dans un calme plat. Toutes dormaient, évidemment.

Rema se dirigeait vers la chambre d'Hélène lorsque des pas se firent entendre. La jeune fille s'empressa de se cacher derrière la colonne la plus proche et tourna légèrement la tête pour apercevoir l'intrus.

C'était une intruse dans ce cas-là... Sur le visage sec, ridé et cruel se dessina une moue de surprise fugace puis de colère qui fit grimaçer Rema. Elle n'était visiblement pas contente que quelqu'un soit entré...

La vieille femme regarda autour d'elle, mais ne pensa heureusement pas à s'avancer plus loin dans ses recherches. Rema soupira de soulagement une fois qu'elle fût partie et elle s'empressa d'entrer dans la chambre d'Hélène pour que personne d'autre ne la surprend.

— Archilla t'a vue ? demanda la vestale, levée.
— Ah, c'était elle la vieille... Je me souviens d'elle. Non, je ne crois pas.
— Une chance, fit Hélène, soulagée. De quoi es-tu venue me parler ?
— Te rappelles-tu de l'esclave tué par l'empereur lors du munus ? demanda Rema en s'asseyant sur le lit.
— Oui... répondit la prêtresse, ne voyant pas où son amie voulait en venir. Ne me dis pas que...

Rema hocha silencieusement la tête. Hélène constata :

— Le fruit du hasard t'est visiblement très amer, Rema...
— Je sais, dit sombrement la concernée.
— Que vas-tu faire ?
— Je ne me laisserai pas abattre... en fait, j'essaierai.
— Soyons moins pessimistes, voyons ! Tu as des chances de survivre...
— Tu l'as vu dans l'arène ? Lorsqu'il s'est retrouvé désarmé, il a à peine hésité avant de dégainer sa dague et de tuer ce pauvre Bénélos.
— Il triche, admit la vestale. Mais on ne peut rien y faire.
— Non, on peut. Je peux.
— Comment ?
— En répandant dans la populace qu'il déteste perdre et qu'il n'a pas hésité de tuer pour cette raison, suggéra Rema. Le peuple, avec un peu de chance, considèrera ces descentes dans l'arène d'un autre œil... Et Commode est suffisamment intelligent pour savoir qu'un retournement de la plèbe contre lui est très peu avantageux dans ce contexte. 
— C'est une excellente idée ! Mais il faut laisser la rumeur germer... Et qu'elle se répande partout à Rome. Je peux m'en occuper. Toi, entraîne-toi plutôt.

Rema opina de la tête : elles avaient leur plan. Ses chances de survie venaient d'augmenter...

Alors qu'elle s'apprêtait à quitter, elle aperçut un épais bouquin caché sous le lit. « Sûrement un quelconque livre de petite importance... » se convainquit-elle. Elle quitta rapidement la Maison des vestales dans l'obscurité nocturne de la cité. Les ténèbres de la pénombre était comme la Ville Éternelle : sombres, opaques et rusées... Elles allaient peut-être lui prendre la vie. Comme Rome était cruelle !



*
Alors ? Vous, vous évaluez ses chances de survie à combien ? Rema va-t-elle vivre ? Mourir ? Et que pensez-vous du plan concocté par Hélène et Rema ? Et que Rema a vu fugacement le livre ? Découvrira-t-elle la chrétienté de la vestale ? À vos pronostics !

*

La Légende de Rome - Tome I   Où les histoires vivent. Découvrez maintenant