La Légende de Rome - Tome I

Chapitre 13 : Sibylle

Maison des Vestales, Rome.

– Respire, dit Hélène, et parle moins vite, je n'y comprends plus rien.
– Un venatione se tient demain, et je vais mourir, c'est sûr, répéta Rema.

La jeune fille était rentrée en trombe dans la chambre de la vestale, qui était occupée à polir un large miroir en bronze. Rema semblait en état de panique, et elle avait débité toute sa situation à Hélène, sans s'arrêter.

– Tu ne mourras pas, dit son amie.
– Pourquoi ? C'est sûr que je mourrai !
– Tu es obstinée à vivre, je sais que tu n'abandonneras pas facilement.
– Je ne survivrai pas ! Comment voudrais-tu survivre face à des lions ou des fauves ?

Hélène soupira.

– Tu vivras, je le sais.
– Comment peut-tu en être certaine ?
– Crois-tu à la voyance et à la divination ?
– Non, répondit la jeune fille d'un ton exaspéré, commençant à faire les cents pas dans la pièce.
– Eh bien, il y en a une, qui offre ses services au Panthéon. Elle est plutôt connue, si bien qu'on lui a donné le surnom de Sibylle. Tous ignorent son nom, mais cela lui confère une aura de mystère, ce qui est bien pour son commerce, bien sûr.
– Et... Ça marche ? demanda Rema, sceptique.
– Cela dépend... Certains jurent que ses prédictions se révèlent toujours vraies, mais d'autres pensent qu'elle n'ait qu'une folle un peu bizarre.
– Donc ? Où veux-tu en venir ?
– On pourrait faire appel à ses services pour savoir si tu survivras dans l'arène demain.
– Est-ce qu'elle révèle à tous l'identité de ses clients ?
– Ah, ça, non. L'anonymat est très important pour Sibylle.
– Très bien, concéda Rema. Allons la voir.

Elles quittèrent la Maison des Vestales et se dirigèrent vers le Panthéon. Arrivées devant l'édifice, elles virent le froton principal, de la façade, supporté par une rangée de nombreuss colonnes d'un gris clair, et derrière, proche des portes en bronze, des colonnes de marbre rose. Les gigantesques portes étaient ouvertes, laissant voir la certaine agitation qui règnait.

La vestale et la jeune fille entrèrent dans le temple de tous les dieux, cette dernière impressionnée par l'architecture riche du bâtiment. Dans le temple, nombreux étaient ceux qui se recueillaient auprès des différentes statues, dont l'une d'Arès et l'autre de Vénus. Elles traversèrent d'un pas rapide la vaste salle, puis elles sortirent du Panthéon par derrière.

La sortie débouchait sur une ruelle minuscule. Devant elle, Rema vit une femme d'une quarantaine d'années, aux cheveux bouclés. Dès qu'elle les aperçut, elle se rapprocha d'elles et elle demanda :

– Vous... Être ici pour faire appel à mes talents de voyante ?

Rema échangea un regard avec Hélène et cette dernière répondit:

– Effectivement, nous sommes venues ici pour faire appel à vos services.
– Très bien, très bien... Venez, dit-elle en pointant une porte derrière elle.

Dès qu'elle fut entrée, Rema toussa. L'air puait l'encens et l'ambiance de la pièce était étouffante. Les fenêtres étaient couvertes de longues draperies en soie de couleurs diverses. Au centre était placé une table, et autour, trois chaises. La voyante s'assit à l'une d'entre elles et elle invita Hélène et Rema à faire de même.

– Moi, grande Sibylle, voyante de renom. Et vous... dit-elle en pointant Hélène. Vous, vestale, si je ne m'abuse ?
– Exact.
– Et l'autre... Je sens des interférences... Vous avez visiblement quelque chose à cacher...

La jeune fille ne dit rien, pour éviter de compromettre son identité, dissimulée sous le mensonge. Hélène avait beau lui avoir dit que cette Sibylle gardait secrète l'identité de ses clients, Rema ne lui faisait pas confiance.