*
Le dernier chapitre de ce tome I... Profitez-en bien ! ^^
*
Dans les rues de Rome.
La nuit approchait lorsque Rema prit la décision d'aller visiter son amie, Hélène. La jeune fille franchit rapidement les quelques pas qui la séparait de la Maison des vestales et entra, vérifiant comme à l'habitude qu'il n'y avait personne aux alentours.
Calme plat. Rien ne bougeait, si ce n'était le léger clapotis de l'eau d'une petite fontaine du hall d'entrée. Rema se dirigea vers la chambre d'Hélène et ouvrit la porte sans prévenir. La pièce était vide. Vide ?
Elle se pencha vivement pour vérifier si le bouquin était là, caché sous le lit. Non. Il ne l'était pas. Quelqu'un l'avait pris.
Mue par une peur soudaine, Rema quitta la chambre en courant sans prendre la peine de refermer la porte derrière elle. Elle frôla dans son course la fontaine, entra dans des gens inconnus - auxquels elle ne s'excusait guère - et se fraya un chemin à travers les passants, qui protestaient vivement à chaque collision.
Elle ralentit le pas à l'entrée de l'amphithéâtre, essoufflée par ce trajet éclair. Elle marcha d'un pas peu assuré et lent vers l'immense bâtiment de travertin blanc, un pressentiment sourd lui tordant l'estomac.
Dès qu'elle passa le seuil, elle reçut un violent coup dans le dos qui la fit chuter au sol. Ses genoux écorchés, une main rude l'attrapa par le bras et la traina jusqu'à l'arène couverte de sable. De sable noir.
Noir comme l'oiseau qui se posa sur le muret délimitant la zone d'affrontement, un croassement moqueur au bec. Rema releva la tête et ce qu'elle vit lui donna l'envie irrépressible d'aller donner un bon coup à l'imbécile qui souriait au centre de l'arène, un sourire narquois au visage. Elle tenta, avec peine, de réfréner ces éclats de colère alors que l'empereur ordonnait de la désarmer.
En un geste, sa précieuse dague fut entre les mains de Commode, qui la contemplait d'un air appréciateur.
— Je me demande bien comment une esclave peut bien posséder pareille arme... railla ce dernier. À moins qu'elle ne...
L'aigle s'arrêta brusquement, un bref voile dans le regard, remplacé aussitôt par de la rage...
— Comment as-tu pu la voler ? hurla-t-il. COMMENT ?
— Ma sœur ne vole pas, trancha une voix plus que familière.Romulus. Une joie fugace l'envahit... Rema s'apprêtait alors à se relever pour aller l'étreindre, mais le soldat posté derrière elle lui tordit douloureusement le bras gauche, l'empêchant de faire tout geste.
— Quelles belles retrouvailles familiales... se moqua Commode, la dague toujours à la main. À l'évidence, vous auriez préféré vous retrouver dans des circonstances bien différentes.... Mais passons.
Il lança de manière soudaine l'arme métallique sur le sable noir. La lame glissa puis elle resta là, personne n'osant y toucher, les intiales gravées brillant dans l'éclat lunaire. Rema leva la tête vers l'empereur, qui tenait désormais entre ses mains.... une dague semblable en tout points...
— M.-A., cracha le pourpre. Pour Marc-Aurèle, ou... pour Marc-Alexandre. Ton père est vivant, oui, poursuivit-il sous l'expression incrédule de Rema. Et, étrangement, les dagues sont pareilles...
— Ce n'est pas pour cela que nous sommes venus, Commode, tu le sais bien, chuchota une autre voix masculine dont le propriétaire était tapi dans l'ombre.Celui-ci s'avança, et elle put distinguer une grande silhouette à la peau mate, aux cheveux coupés courts. L'armure qu'il arborait semblait bien plus riche que celle des légionnaires postés aux limites de l'arène. « Un plus haut gradé », se dit Rema.
— Je sais, Honorius, répliqua l'empereur d'un ton agacé. Donc... Emprisonnez-la. Pour complicité à des actes de chrétienté... ajouta-t-il tandis que des gardes empoignaient sans douceur la jeune fille pour l'emmener à la sortie.
Celle-ci protesta d'une voix forte et mena bien à mal les soldats, mais l'un d'eux lui asséna un coup à la mâchoire. Le sang coula et tacha le sable noir, et Romulus trahit une quelconque trace de faiblesse, ses traits se durcissant et faisant un pas en avant. Commode lui mit aussitôt la dague à hauteur de torse, l'empêchant d'aller plus loin.
Le corbeau, lui, croassa dans la nuit qui tombait, voilé dans les ténèbres...
Prison de Rome.
Les légionnaires la poussèrent sans ménagement dans une cellule puis l'un referma la porte de barreaux de fer en faisant cliqueter le trousseau de clés. Rema sentit une autre présence humaine dans cet espace exigu et leva la tête.
— Père ! s'écria-t-elle en le serrant dans ses bras, les yeux humides. Tu es là !
— Tu ne le savais pas ? demanda l'homme en soupirant.
— Je l'ai appris juste avant qu'on ne me traîne jusqu'ici....Son père hocha silencieusement la tête, et se rembrunit dans le silence, une brève lueur d'espoir dans le regard. Rema lui étreignit la main, une douce chaleur se répandant dans la cellule de fer. L'amour. Ils savaient tout les deux qu'ils ne quitteraient peut-être jamais ce trou, mais autant espérer... Le corbeau se tromperait lourdement. Ils se l'étaient juré.
VOUS LISEZ
La Légende de Rome - Tome I
Historical Fiction| Tome un : terminé | 180 après J.-C. Empire romain L'aiglon vient de prendre le pouvoir à Rome, Devenant maintenant un aigle, L'oiseau fier prend son envol... Le village en flammes, Le sang qui coule, Le fer qui se croise. Rema qui contemple, i...