17

360 78 17
                                    

PDV Debhra

Les trente minutes s'étaient écroulés et il n'y avait plus rien à espérer de sa venue. Je mis le moteur en marche puis tourner mes pneus afin de descendre du trottoir sur lequel je m'étais garé je fis marche arrière légèrement de manière à reprendre mon élan pour diriger le capot à l'avant lorsque brusquement je dus presser violemment sur mes freins ! Abasourdie, ses mains posées sur le capot, il avait esquivé de justesse de rentrer en collision avec ma voiture. Il était essoufflé et avait l'air embrouillé. Une joie immense s'empara de moi, il était venu ! je fis glisser ma vitre et m'adressai à lui...

-T'es venu mon chéri ! Mais monte viens donc ....

Comme s'il avait le diable à ses trousses, il grimpa à la vitesse de l'éclair en claquant la porte avec brutalité ! Je me retournai vers lui...

- C'est super que t'aies pu ve...

- Madan'm demare machin ou an non pou'n ale vit. S'exprima-t-il empresser. [ Madame démarrez vite votre caisse pour déguerpir d'ici ]

Je n'avais même plus de place pour m'estomaquer, j'étais beaucoup trop heureuse de le revoir alors qu'il avait l'air de surveiller quelque chose à travers le rétroviseur ! Il fut soulagé lorsque je démarrai, un peu habitué à son caractère, j'entrepris d'abandonner la tentative de l'interroger sur la cause de cette apparition si brusque. D'ailleurs, si je comptais entreprendre de nouvelles perspectives avec lui, la première chose qu'il fallait faire s'était d'éviter de ressasser certains souvenirs même s'ils étaient aussi frais que cette seconde-ci qui venait de s'écrouler....

Une demi-heure plus tard, ma voiture pénétra à l'intérieur de ma résidence. Il descendit et gentiment attendit que je sorte à mon tour, mon Dieu, malgré son piteux état il était mignon, on aurait dit un petit ange sorti tout droit des enfers... Trop contente de l'admirer je déclarai :

- J'ai tellement envie de te prendre dans mes bras tu es trop mignon !

Il m'observa d'un oeil bredouille et arrogant que j'ignorai. Lorsque nous rentrâmes, il ne fit aucun pas de plus..., il resta immobile debout près de la porte menant jusqu'au salon.

- Allez-rentre mon chéri !  Viens! Assieds-toi, tu es chez toi.., déclarai-je en l'encourageant de mes gestes.

Timidement il pénétra le sol d'érable stratifié et s'assit à l'extrémité du sofa sans s'y adosser. Je pris place à ses côtés puis inspirai profondément en annonçant calmement :

- Normalement j'avais prévu d'abord de t'emmener quelque part pour discuter parce que j'ai un truc important à te dire ! Mais je crois que je vais te laisser te reposer te reprendre et je t'en

Il ne sortit aucun mot.

- ....

Je repris :

- Je suis tellement contente que tu sois venu ! Je... je sais même pas par quoi commencer!

J'ébouriffai légèrement ses beaux cheveux et lui regardai longuement avec un sourire fièrement scotcher à mes lèvres ! C'est fou ce qu'il était mignon, il paraissait timide et lointain ! Je ne m'étais pas rendu compte à quel point je m'y étais déjà autant attaché !

-  Bon alors ! Disons que...par où commencer ? Bon ok disons que tu es chez toi pour le nombre de temps infinis que tu le souhaites, je ne veux pas te brusquer mais tu sais où se trouve la chambre, les vêtements, la douche et tout ça et après je te ferais faire une visite intégrale des lieux ! Lui dis-je.

Il garda son regard dans la meme position.

- Je ...je suis contente que tu aies acceptée de venir j'ai beaucoup réfléchi et je t'en parlerai de ma proposition après en attendant va te doucher je vais te préparer un bon plat fait maison et on verra hein ! N'est-ce pas mon chéri ? Continuai-je

Il était silencieux et semblait réfléchir...

- Qu'est-ce qui ne va pas hein ?  Il y a quelque chose qui ne cloche pas ? Tu n'es pas d'accord de rester ici ? Tu sais si tu veux je peux très bien te ramener et ...

Sans me laisser continuer ma phrase, il se dirigea illico vers l'escalier. Je souris. Des minutes plus tard, il redescendit en me fixant d'un air insolent. Enthousiasme, je ne pus m'empêcher de reprendre la parole :

- J'ai tellement... tellement à te dire... à t'expliquer et je veux tout savoir sur toi ! Tu as de la famille ?  C'est quoi ton nom ? Tu as quel âge au juste...

Le t-shirt blanc qui arborait la partie supérieure de son corps lui allait comme un gant ! Il en était de même pour le short kaki J'avais l'impression de revoir Ludovic à l'âge de seize ans, d'un geste de la main je chassai cette image de ma tête, puis déclarai :

- Alors... je t'ai préparé une crêpe salée et un verre de limonade...

Encore silencieux, il s'attaqua au plat sans broncher. Je lui touchai la main, mais rapidement il s'en dégagea ; je lui souris.

- Tout ça m'a manqué, ton insolence, ton petit air innocent que t'efforce d'endurcir. Alala! Dis-moi tu t'appelles comment hein ?

- Tchuiiips madan'm m pa vin la pou'm fè Konesans ! Kote'w wem ye la m vin la pou de mwa pa plis. Reagit-il. [Tchuips, madame je ne suis pas là pour faire connaissance, je suis là pour deux mois et pas plus.] 

J'ignorai l'air marouflé qu'il efforçait de rendre obvies et poursuivis

- Et tes parents ils ...

Il me coupa en arrêtant nettement les gestes de sa poignée de crepes.

- Ou wem sanble ak moun ki gen fanmi? Ou pa wem son san manman. [ Vous ne voyez pas que je suis sans famille ? un sal polisson ]

Il y avait eu une cassure dans sa voix, un sanglot étouffé..., mon cœur tomba dans les pommes, je n'osai pas lui jeter un regard compatissant. Au contraire je ne put m'empêcher de sourire discrètement à mon idée, qui peut-être déroutante mais qui pourrait être la meilleure pour mon bien et le sien...

.Ti Varye.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant