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Stephan

Sous le choc, je ne sus comment réagir, essayer de me lever m'était impossible avec Valérie accroché à mes pattes. Le regard de Sory ancré dans le mien me lacerait littéralement ! Celui de son père m'était encore beaucoup plus insupportable, je donnerai tout pour retisser ce mauvais quart d'heures. Il prit la décision d'aller attendre sa fille au dehors en me lançant un bref aurevoir..Finalement, la voix de Sory rompit la glace en essayant de contenir la cassure présente dans sa voix.

- Debhra m'avait dit que tu déprimais et mon père et moi avions jugé bon de t'apporter des cookies de réconfort Mais apparemment je crois que ce ne sera presque plus nécessaire...

Elle déposa la jolie boîte enrubanée signée "Ferrero Rocher " sur la table. Je fis la lecture de chacun de ses gestes. Elle tourna les talons sans ne plus m'accorder aucune attention.
Le rythme auquel mon sang se coagulait était identique à un fleuve déchaîné ; d'un bond je me levai en grimaçant de douleur dû à l'effort que je m'obligeai d'employer pour me dégager de Valérie qui avait gardé son bras autour du mien...

- Yo baby..like tu vas où ?

J'ignorai sa demande et contournai la salle de séjour, en traversant la porte restée ouverte et rattrapai hâtivement le bras de Sory de justesse alors qu'elle se trouvait à quelques mètres de la voiture de son père.

- Accorde moi juste une minute

Elle paraissait calme, mais je ressentais au fond que tout déferlait autour d'elle. Il y avait cette once de colère noire, cette frustration et par dessus tout je voyais la déception lui voiler le visage. Je tremblais face à elle j'étais devenu vulnérable. Moi qui à la base ne jouais jamais au plus faible ; me voici je perdais les mots... j'oubliais tout !

- On n'a rien à se dire. Les verres sont cassés...j'ai compris ok, ce n'est pas du lol...j'ai vu ...j'ai saisi, j'ai capté ok... fiche moi la paix !

- Non... non... non... tu n'as rien compris ...t'as rien compris du tout ...laisse-moi au moins t'expliquer...Essayai-je de lui calmer

Je tentai de m'approcher d'elle, mais Valérie gacha l'ambiance en venant appuyer son visage au creux de mon épaule.

- Bb ...ça va ?

Comme une marque de crayon de trop, ses mots m'effacèrent complètement de la surface où j'étais. 

- Si j'ai tout compris figure toi, inutile de m'en faire un dessin ok !! Et à cet instant précis, tu ne me fais plus rien, non mais vraiment plus rien ! Alors ton hypocrisie et toi pouvez remballer !

Le klaxon de son père raisonna trois fois de suite, elle descendit les marches à reculons..

- Stp fiche moi vraiment la paix et je ne plaisante pas Stephan.

Sur le champ, elle grimpa dans la voiture et fit violemment claquer la portière ! J'avais l'impression que mon monde s'était écroulé. Je regardai la voiture s'éloigner alors qu'au fond, je saignai ! Je n'avais même pas pu la retenir ; moi qui ai retenu tout les coups dures de la vie. Je m'assieds sur les marches, Valérie m'imita en prenant des selfies.

Je soufflai, ses reproches m'avaient laminé ! Si elle savait qu'après Debhra, c'était elle qui m'avait sauvé, parce que la première fois que j'avais croisé son regard alors qu'elle ne m'avait même pas remarqué, je m'apprêtais à déguerpir de chez Debhra sans demander mon reste ! Puis là, je l'avais vu ; elle avait souri à Debhra comme un ange, j'avais failli tomber à la renverse de ma béquille, et déjà j'avais regretté d'avoir enfilé mes vieilles sapes puant la sueur de plus d'une semaine. Lorsqu'elle avait ouvert la bouche, j'avais cru que j'allais défaillir, mon cœur s'était dérapé à la vitesse V, mes mains étaient devenues moites, et ma respiration irrégulière. Sa voix était polie et putain elle était wow juste wow. Je me souviens encore que lorsqu'elle avait prononcé le mot "Dédicace" je me tuais à chercher où plutôt à me rappeler ce que ça signifiait. Encore à l'école,c'était grâce à elle si j'avais pu survivre et m'adapter.Elle m'avait sauvé de la rue et de mes lacunes ! J'avais mal et mes sentiments à moi étaient abîmés. Je lui raconte que je l'aime puis au final, c'est moi qui lui déracine le cœur, je tiens à elle pourtant ses sentiments c'est moi qui les envenimait..

La voix de Valérie mit fin à mes pensées..

- Yo background sa fre bb! En passant cette fille elle parlait de quoi ; like se zanmiw ? Chevel ? Elle est haïtienne ? [ Ce fond arrière est d'enfer bae, et cette fille?  c'est ton amie?  Ce sont ces cheveux?

Je ne pus m'empêcher de la prendre de haut, Je me levai et soutint son regard sans sciller, d'un élan courroucée je laissais déguerpir ces mots qui fallait que je lui dises depuis des lustres! 

- Valérie stp dégage d'ici !

Estomaquée, elle me fixa en plongeant ses iris ombragées de mascara et de fausses prunelles.

- Why tu me parles like that bae ?

- Je vais faire court et parler cash, pas besoin de te dire d'où je viens, vu que t'étais la première à m'avoir classer dans la catégorie "moins valable qu'un porc". Donc, étant donné je viens de la rue j'ai pas à ménager mes mots en gros dégage et ne reviens pas stp, c'est fini tout ca !!

- Saw gen la bb?{ Qu'est-ce que tu as bae} Je ne te reconnais plus là !

Ombombre de colère et d'impatience je m'exprimai sans frein.

- Je t'eclaircie, tu t'en souviens du mec qui avait signé un pacte avec les chiens ? C'est moi, c'est le même, pas besoin de t'en faire tout un schéma pour t'en rappeler, le malandin à quatre patte, je crois que tu derais avoir honte de trainer avec moi non?!

- Yo like.. .je me suis déjà excusé !

Je lui lorgnai et déclarai sans grand interet

- Remets-toi en question Valérie, sache que même si tu t'aspergeais du parfum le plus luxueux au monde ça ne changeras pas la sycophante que tu fais, tu sais pourquoi ? Parce que quand ça put l'opportuniste et ben ça put l'opportuniste ! 

Abasourdie, elle se releva toute tremblante en ne sachant si elle devait faire à droite ou à gauche. Malgré tout, elle se retourna vers moi et intenta quand même de s'approcher plus près.

- Just tu verras que tu te trompes cuz je te love!!

Je l'ignorai, je n'avais même plus envie de discuter. Elle s'énerva en me poussant des insultes.

- La sortie c'est tout droit. Lui rappelai-je vaguement.

En colère, elle descendit les marches en contournant le jardin, je rentrai et me rendis directement dans ma chambre en expirant bruyamment. Démoralisé, perdu, frustré contre moi même. Je me sentais partout en enfer sauf sur terre ! Je m'appuyai un instant près de la fenêtre et ne fus même pas surpris d'apercevoir Valérie encore à la maison. Postée dans différentes positions, elle en profitait pour saisir ses derniers selfies ; elle était pitoyable mais pas plus que mon pauvre cœur devenu sec et arride ! Mon cœur avait lâché prise pour Sory ; parce que ma Sory avait mis game over, j'avais mal...

.Ti Varye.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant