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Ti Varye

Mon retour avait déjà fait le tour du district, tout le monde en parlait comme si j'étais un revenant. Il ne fallut que quelques minutes, pour que Mechansté et sa bande arrive en m'encerclant. Mes amis ne tardèrent pas à déserter. Je gardai les pieds fermement au sol ce qui me permit de résister à sa bousculade..

- Apa'm pousew wap fè rezistans ?  Pitiw ye wi... [ Je te pousse et toi tu fais le dur, dois-je te rappeler que t'es un petit? ]  M'adressa-t-il d'une voix menaçante.

Comme on le prononce si bien par ici, je gardai la mâchoire crispé "Dan di" en le lorgnant. Il s'apprêta à répéter son geste brutal mais, l'arrivée d'un de ses alliés dirigeant la partie Est, vint réclamer sa part du cambriolage ! Vicieux comme ils sont, une autre réaction de leur part m'aurait étonné.
La mine mauvaise, il s'avançait déjà vers son adversaire deux fois plus costaud que lui, les poings serrés, ils étaient prêts à se dévorer entre eux. J'en profitai de l'occasion pour tirer ma révérence, mais je freinai sec au premier coup de canon assourdissant ; doucement je me retournai. Une interruption qui mit fin à l'altercation entre les deux gangsters dont leur peau debordait de tatouages ! Les cheveux noués en queue de cheval, ses vêtements tagués Adidas suivis de deux grands gaillards, il apparut en fixant les deux hommes d'un regard assassin. Je reconnus immédiatement son garde du corps qui était venu me récupéré depuis le commissariat. Il devait sans doute être nouveau. Le chef suprême étala des millions de jurons à leur égard, en terminant ses sermons menaçants par sa phrase habituelle... son ton chantonnant suivi d'un accent espagnole qu'il s'était inventé lui-même montrait qu'il avait l'air doux comme un mouton, mais certaines fois lorsqu'il me faisait la morale, le nombre de vie détruite par sa faute était indéfini, souvent il disait que la nuit il ne dormait pas de peur que les fantômes de ces morts ne viennent agités son sommeil et son âme déjà en peril. Auteur de plusieurs crimes odieux, il raconte souvent que pour une fois dans sa chienne de vie, il voudrait sauver une âme et c'était la mienne. Sauf que moi j'hésitais encore. Son histoire relatait celui du fils abandonné dès la naissance sur une pile d'immondices ! La haine qu'il avait à l'égard de ses congeniteurs étaient la même que je ressentais pour les miens... alors pourquoi devrais-je ?

- Pouki tout vyolans sa yo nigga, Si nou kontinue konsa, se sèvèl tèt nou m'ap sote fè barbecue and grenn dan nou chak map rache fè kolye... nigga...
[ Pourquoi toute ces violences? Si ça continue ainsi je suis capable d'éclater vos cerveaux pour en faire du barbecue, et faire de vos dents des collier nigga ]

Les deux gaillards se replièrent et automatiquement, il se mit à faire le tour de la zone. Le spectacle qui se dressait devant lui était répugnant, Les dechets qui dégageaient une odeur pestinancielle, les marchandes de "Pâtés kòde", de fritures et d'autres bagatelles arboraient le trotoir crasseux et graisseux tous à la recherche de quoi déjeuné, des enfants analphabètes malhabillés courant de partout, des jeunes filles aux extensions et coiffures excentriques en mauvais état, et j'en passe. Il pinça le nez, et s'adressa d'une voix dictatoriale à Mechansté qui lui marchait derrière comme un chien en laisse, malgré son ton dur, il gardait toutefois son calme...

- Mwen ba'w lajan pou'w fè sosial nan zòn nan, ou pa fèl ?  Why nigga ?  Poukisa pil fatra sa yo ak tout figiw ap gade'm man... [ Je te donne de l'argent pour nettoyer la communauté et tu ne le fait pas? Pourquoi nigga? Pourquoi ces ordures m'observent ainsi que ta face ? ]

Déjà Mechansté tremblait comme une feuille ! "Social" c'était le mot qu'il utilisait pour montrer qu'il aidait notre communauté dont il était le "chef suprême". À chaque manifestation, les grandes têtes du pays plus précisément ceux du secteur privé lui payait pour que ces malfrats ne détruisent pas leurs industries, souvent il recevait des centaines de motocyclettes, des détournements des camions de livraison de boisson alcoolisée, de sac de riz, de provisions alimentaires, qu'ils distribuaient de part et d'autre à la population dont la pénurie est leur deuxième qualificatif. Sans omettre les putes et les jeunes filles faciles. Pour sa part, après la dernière manifestation protestant le pouvoir en place, ils avaient distribué des milliers de billets verts afin de proceder à un pseudo nettoyage complet de ses ordures qui servaient de bienvenue à l'entrée de la cité, et bien sûr son acolyte à tout dépensé à ses propres intérêts. De toute façon cela aurait été une perte de temps, toujours les mêmes histoires qui terminent par des échanges de tire sans doute à cause de certains partages disproportionnés. Mechansté ne sû quoi répondre, ses yeux torves roulaient des lueurs fauves, moi j'aurais pu le faire à sa place ; il avait tout dépensés à travers ses dettes colossales en loterie, son addiction aux drogues et des individus à qui il devait de grandes sommes d'argent. Son impossibilité à fournir des explications sur le "budget" était pitoyable, Ti Richès l'observait comme si dans sa tête le scénario de la manière qu'il mettrait fin aux jours de cet abrutie se déroulait. Après des menaces concrètes à son égard où au final tout le monde avait consommé sa chaudière d'injures et de menaces de catégorie passive il s'avança vers moi, me dominant clairement de ses 1.85 m, il me fit signe de le suivre jusqu'à l'intérieur d'une pièce où habituellement, il réglait "Les dossiers XXL". Il me fit asseoir et posa sévèrement son flingue sur la misérable table de bois. Le bruit métallique de son engin fit vibrer mes neurones, il ôta ses lunettes de soleil et son regard draconien me subjuguait. Calmement, il débuta avec son "pseudo" accent que personne n'avait le droit de ridiculiser...

.Ti Varye.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant