Ti Varye
Ressentir les menottes glacées me ligoter les poignets étaient douloureux. Aussi bien dans l'âme que dans ma peau... Les flics me lancèrent comme un vulgaire sac à patate derrière leur crasseuse pick up parmi une vingtaine d'autres entassés les uns sur les autres. Quelques bonnes bastonnades partout dans le torse, le ventre et le visage me furent administré, j'en avais du sang plein les narines... Pour la 5840ème fois qui équivalait à seize années de galère ; je subissais encore les traumatismes de ma minable existence. Je fus brutalement propulsé dans un coin crasseux dont la limite était des barreaux de tiges oxides. L'odeur exécrable d'urine et d'excrement fouettait l'air oxygénée que je respirais. L'un de mes bourreaux se tenant dans son uniforme d'officier de police me jeta un regard haineux. Ils s'adressèrent à ses collègues en me dévisageant comme si j'étais d'une autre espèce...
- Ti Sanzave sa kap mennen nou nan tou ego kote lot parey li yo kache. [ Ce petit malfrat nous amènera vers ses semblables] Articula-t-il avec animosité.
Malgré qu'il s'adressait à ses partenaires, son regard globuleux restait figé dans le mien. Sans doute, la couleur de ma peau, mes cheveux frisés et mon regard gris vert lui revulsaient et l'intriguaient.
- Pitit ministah sa yo, le yo fet konsa ke manman yo tou lage yo nan trou ! Kibo peyi a gen kote pou gade yo kap grandi an malandren,Bay moun traka nan rantre nan gang... [Ces bâtards des minustah c'est mieux que leurs mères les avortent, ils pourrissent le pays] Continua-t-il
Son compagnon l'appuya hostilement :
- Ranse wap ranse la ! Jan medam sa yo pa play ! Ato yap kale milat chode nan Potoprens ! [ Tu veux rires, ces femmes adorent cela, elle donnerais tout pour produire un vaurien de ces soldats blanc ]
Ils rigolèrent, certains des détenus se trouvant dans la même cellule que moi profanaient des injures de toutes sortes. Entassés comme des sardines, nous savions tous qu'une fois à l'intérieur de cette cage métallique, notre destin était scellé directement au pénitencier national. La minime petite chance qu'ils avaient de s'en sortir ce serait d'être en liaison avec de grand poisson comme les deux malfrats que le maire de Petion-ville avait fait libérer sur le champs alors qu'ils avaient commis un homicide volontaire sur un jeune policier. Dans un cas comme le mien, j'étais condamné à vivre dans cette crasse humaine du commun des mortels ! Là où je viens, il n'y avait pas de sentiment; j'étais déjà un fantôme oublié, moins un comme dirait le chef de gang de ma cité ! Mechanste était le dernier à qui on pourrait se fier, cet homme avait sans doute vendu son âme au diable, on pouvait lire le reflet du mal à travers ses iris injecté de sang sans doute à cause de la forte consommation d'alcool. Il était aux environs de une heure du matin, et mes rotules ne m'aidaient aucunement à résister. Pourquoi me suis-je laissé entraîné dans cette putain de galère. Mes douleurs mêlées à mon angoisse, le stress et ma faim m'empechaient de fermer les paupières. Appuyé dans un coin, une main retenant les barreaux de fer, ma tête s'inclinait de temps à autre que mes yeux alourdis de fatigue se payait le luxe de se fermer pendant quelques secondes. Le fort grognement d'un des agents en sueurs qui enculaient une putain se rajoutait aux bruits pertinents de la nuit. Le seul moyen que j'avais de m'en sortir, ce serait par le billet d'approbation de nôtre être suprême ! Pas celui qui reside là-haut dans la fonte celeste mais plutôt celui qui reside au haut de notre cité, celui qui avait beaucoup plus de pouvoir que ces imbéciles suffoquant dans la puanteur de leur minuscule bureau crasseux ou une chaleur étouffante laminait les lieux, celui dont toute la pauvre population d'un lieu oublié de route frère reposait. Rêve pas trop mon vieux. Rêve plus d'ailleurs....
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.Ti Varye.
General Fiction-Je t'........ Putain !!!!!! Lorsque j'ouvris les yeux j'étais encore là....