Le noir total, le silence total, plus aucune sensation. Cela dura un certain moment. Ou probablement seulement quelques secondes. La première chose que je sentis était un puissant mal de tête. J'étais allongée. Je levai la main et touchai ma tête couverte de bandages. J'ouvris les yeux, éblouie par la lumière du jour. Lorsque je réussis à m'habituer à la lumière, je regardai autour de moi. Le plafond était en bois. Ce n'était pas le château. Les murs étaient blancs. L'infirmerie de la base? Ma vision était encore un peu floue, je ne voyais pas parfaitement bien, mais à côté de la porte quelqu'un qui était assis. Ses cheveux étaient noirs, il était accoudé à ses genoux, penché en avant, ses mains croisées contre son front.
"Caporal?..."
Il leva la tête vers moi lentement, et en me voyant réveillée, il vint vite me voir. Ses sourcils étaient encore plus froncés que d'habitude.
"Caporal, vous êtes très pâle, vous devriez vous reposer."
Lui conseillai-je en constatant son teint fatigué. Il ne répondit pas, son incompréhension se lisant facilement sur le visage. Il ferma les yeux et soupira.
"Toi tu n'as pas dormi.
- Vous non plus, il-...
- Bordel Petra on ne parle pas de moi, là!"
Cria-t-il. Il était énervé. J'évitai son regard et regardai mes mains serrer les couvertures.
"Je suis désolée."
Murmurai-je. Je ne voulais pas l'ennuyer autant, et là il était en train de perdre du temps à cause de moi. Je m'en voulais, j'étais nulle d'être tombée comme une foutue maladroite. Super, la soldate qui glissait dans les escaliers.
"Désolée? Petra, tu t'es éclaté le crâne contre une marche à cause d'un foutu malaise.
- Oh..."
C'est pour cela que je m'étais sentie mal... Je comprenais mieux.
"C'est ridicule pour une soldate de tomber aussi stupidement.
- Hansi m'a dit que tu n'avais pas mangé de la journée, de plus tu n'avais pas dormi, c'était évident que tu n'allais pas tenir, soldat ou non.
- Vous êtes allé voir Hansi?
- Hansi t'avait forcément vue hier, il fallait que je sache pourquoi tu avais fait ce malaise.
- Mais... Comment pouvez-vous dire que j'ai fait un malaise?"
Il soupira.
"Tch... Tu veux vraiment tout savoir, toi, hein?"
Je hochai la tête.
"Tu ne marchais plus droit, tu paraissais faible et tu ne m'entendais pas t'appeler. Avant que je m'en aperçoive, tu t'écroulais en bas des escaliers dans un bruit assourdissant."
Il détourna le regard et fronça le nez.
"Je n'ai pas été assez rapide, donc tu as tous ces bandeaux sur la tête. Es-tu contente, maintenant?"
Il était bien énervé. Et j'avais mal à la tête.
"Et... Ma blessure semble si moche que cela?"
Demandai-je en montrant les bandes.
"Disons que c'est mieux sans tout le sang recouvrant ta tête."
Un infirmier et une médecin rentrèrent dans la chambre en me souriant.
"Mademoiselle Ral, vous avez piqué une sacrée sieste, nous nous demandions si vous alliez vraiment vous réveiller un jour ou non!"
Plaisanta l'infirmier. Au regard de menace de mort que le caporal lui lança, je devinai que cette plaisanterie ne lui avait pas du tout plu. Si l'infirmier avait croisé son regard, il se serait déjà enfui en courant. La médecin commença à m'enlever mes bandages pour m'ausculter.
"Ouhlà, vous avez une bosse assez impressionnante et un bon hématome."
Plus elle parlait, plus je m'inquiétais.
"Mais vous avez de belles couleurs, pour Noël vous pourrez être festive!"
Elle reçut à son tour un regard sévère de la part de mon caporal. Il n'était pas d'humeur à accepter les plaisanteries, apparemment. En fait je ne l'étais pas non plus. Lorsque l'infirmier et la médecin partirent, je soufflai.
"Génial... Les autres vont bien se payer ma tête, maintenant... Je n'ai pas fini d'en entendre parler."
Râlai-je, imaginant déjà mes trois camarades me railler.
"Il suffit de leur demander de se taire."
Dit le caporal en haussant les épaules.
"Parlez toujours, je ne suis pas une supérieure ferme et imposante qui les découperait en morceau pour le moindre écart, je suis juste...Petra, c'est tout."

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Et si y avait-il un espoir? (Romance Rivetra)
FanfictionDepuis qu'elle était soldate, Petra avait toujours refusé de dépasser une certaine limite avec ses camarades, et surtout avec son supérieur, le caporal Levi. Consciente de sa vie effaçable d'un claquement de doigt titanesque, elle était restée droit...