Chapitre 35: Petit caporal

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"Qu'est-ce que tu me veux?"

Le mioche semblait embarrassé. Il ferma la porte de la salle à manger.

"C'est à propos de Petra..."

Il rougit. Ohlà...

"Pourquoi me parler à moi alors?"

Je croisai les bras, impatient de retourner auprès d'elle.

"Et bien, euh... C'est que... Je me demandais s'il y avait quelque chose entre vous..."

Je m'immobilisai. Merde... Qu'avait-il remarqué? C'est sûr, je n'étais pas très discret. Surtout si même un crétin comme lui avait pu nous voir...

"Qu'est-ce qui te fait dire cela?"

Lui demandai-je en le regardant de haut.

"J'avais cru voir que vous agissiez différemment avec elle qu'avec les autres membres de votre escouade.

- Et en quoi cela te concerne?

- Petra est... Enfin... Je voulais savoir si vous voudriez bien échanger votre place avec la mienne.

- Hein?

- Je passe moins de temps avec elle, ces temps-ci, et... Je l'aime bien.

- Échange ta place avec Auruo, alors. Pourquoi m'en parler à moi?

- S'il y avait quelque chose entre Petra et vous, je ne voudrais pas m'interposer bêtement, donc je voulais savoir si cela vous gênerait vraiment si je me rapprochais d'elle.

- Pour les chaises?"

J'avais beau faire semblant de ne pas comprendre, ce gamin m'agaçait.

"Après ce sera selon elle, mais je voudrais voir si je pouvais être un peu plus que son ami."

Ce mioche était donc amoureux de ma Petra? Qu'est-ce qu'il croyait faire, là? Bon, après tout, dire qu'elle était ma Petra était peut-être un peu exagéré. Et puis, à part quelques situations propices à un quelconque malentendu, il ne s'était jamais rien passé ni rien dit de... Couple? Comment appeler cela? De plus, je ne pouvais pas me permettre de lancer ce genre de rumeurs.

"Bah... Non, il n'y a rien entre Petra et moi."

Après avoir dit cela, je sentis une petite pointe me percer le cœur. Son visage s'éclaira.

"Oh, merci, caporal!"

Nous retournâmes dans la salle, applaudis par Petra qui avait visiblement entamé une des bouteilles qu'Erd avait rangées dans le buffet à l'autre bout de la salle. Et, en effet, une bouteille vide se tenait devant elle.

"Oui! Ils sont de retour! Regarde Auruo, ils sont de retour!

- J'suis plus fort qu'eux, les bats quand j'veux!"

À la réponse d'Auruo, je pus deviner qu'il avait contribué à vider la bouteille. Il entoura Petra en posant son bras autour de ses épaules. Je jetai un coup d'œil à Eren qui dévisageait Auruo de façon... De ma façon habituelle, en fait.

"On va jouer aux cartes!"

S'exclama Petra, rouge d'enthousiasme. Finalement il n'y avait pas que moi qui la faisait rougir. Et hop, une autre petite pointe piquante...

"Nous n'avons pas de cartes."

Soupira Erd.

"Attendez, les jeunes, j'en ai!"

S'exclama monsieur Ral. Il interrompu Eren, qui s'apprêtait à s'asseoir à côté de Petra.

"Eren, voudrais-tu bien éviter à un pauvre vieil homme de se lever en allant chercher mon sac, s'il te plaît? Je l'ai posé dans le salon, à côté de la sacoche de ma fille."

Eren allait faire demi-tour lorsque je l'arrêtai.

"Reste, je m'en occupe.

- Oh, vous êtes bien serviable, mon cher petit caporal... Mais vous êtes handicapé, je ne voudrais pas vous déranger..."

Je pris ses mots comme une claque. Il souriait, tout gentil, tout content. Je hochai la tête et partis, claquant la porte derrière moi, les poings serrés autour de mes béquilles.

"Serviable... Mon cher petit caporal... Handicapé..."

Maugréai-je tout seul.

"Oui, Eren est plus grand, oui!"

Voilà que je parlais tout seul, maintenant. Et que venait faire Eren là-dedans? J'entrai finalement dans le salon, constatant que le père avait dit juste. Je me penchai pour attraper son sac lorsque je vis la sacoche de Petra. Elle portait cette sacoche lors de la dernière expédition, je m'en souvenais... Monsieur Ral était venu parler à sa fille d'une lettre qu'elle lui avait envoyée un peu plus tôt, et il ne m'avait pas vu. Et Petra avait cru que je n'avais rien entendu. D'après elle, c'était surtout la large interprétation de son père qui avait tout rendu... Confus. Mais par un élan de curiosité, je voulus savoir ce que contenait vraiment cette lettre. Non, je ne devais pas, fouiller dans ses affaires ne serait pas correct.

Et si y avait-il un espoir? (Romance Rivetra)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant