Et si y avait-il un espoir? (Romance Rivetra)

Chapitre 25: La réséda

Dans mes souvenirs... Petra me souriait. Elle ne pleurait pas, elle ne se battait pas, elle ne se blessait pas, elle souriait, simplement. Un sourire lumineux et merveilleux comme on ne peut voir qu'une fois au cours de sa vie. Et encore, une fois, si on avait de la chance. J'avais de la chance d'avoir pu la rencontrer, elle avait au moins illuminé mes derniers mois, mes dernières semaines. J'aurais bien aimé la voir sourire encore un peu, c'était dommage. Si j'avais su, je l'aurais prise dans mes bras pour enfouir mon visage dans ses cheveux et être là, avec elle. Je n'aurais pas passé ma dernière semaine à l'ignorer. J'aurais passé cette semaine avec elle. Ou quelques jours avec elle. Quelques heures, quelques minutes, ou au moins une seconde. Je voulais la revoir au moins une seconde, apercevoir ce sourire féérique qui me faisait tout oublier.

Je ne pouvais pas me laisser mourir tant qu'il existait une personne comme elle. Je me remis à bouger, utilisant mes dernières forces pour survivre. Il fallait que je survive, si je voulais la revoir. Je hurlai à la face de l'ignoble monstre qu'il ne m'aurait pas, qu'il ne m'empêcherait jamais de la revoir. Un soldat rapide comme l'éclair lui trancha la nuque, virevoltant comme un oiseau pour tuer les autres titans. J'avais perdu beaucoup de sang, ma vision était trouble. Avant que je n'atteigne le sol, le soldat m'attrapa pour me reposer par terre. Je sentait ses cheveux sur mon visage. Des cheveux doux... qui sentaient la réséda.

"Non, non, non, non!..."

Je l'entendais. Était-ce une illusion? Elle vérifiait mon pouls et tentait d'arrêter l'hémorragie provoquée par la branche. Je ne sentais plus rien, je n'avais pas mal. J'avais juste un peu froid. Elle s'activait à côté de moi. Je la voyais, elle était là. Juste là.

"Caporal, tenez bon!"

M'ordonnait-elle, implorante. Je voyais ses grands yeux rivés sur moi.

"Tu...

- Ne parlez pas, ne parlez pas.

- Tu n'es pas censée être...

- Taisez-vous, vous allez vous en sortir, vous allez-..."

Elle se tut, étouffant des débuts de sanglots. Malgré mes forces qui me quittaient, je levai la main vers elle et touchai sa joue. Elle était réelle. Sa peau était chaude, cela faisait du bien.

"... T'es là...

- Oui, je suis là bordel, maintenant Levi tu te tais ou je te baillone!"

Me tempêta-t-elle avant de hurler à l'aide.

"Il suffit de rejoindre le reste du bataillon, tu verras, tout ira bien!"

Disait-elle cela pour moi ou pour elle? Elle ne semblait vraiment pas sûre de ce qu'elle disait. Elle voulait plus s'en convaincre elle que moi. Des pas lourds approchaient. Il restait des titans. Petra vérifia son gaz avant de faire une grimace qu'elle ne réussit pas à me cacher.

"Tu n'as plus de gaz, pars...

- Mais tu t'entends parler, des fois?!"

Les pas se rapprochaient. Elle me prit contre elle, je ne voyais rien. Nous étions tous les deux assis dans l'herbe, je pouvais entendre que le titan se penchait vers nous et il y en avait d'autres qui arrivaient autour. Elle tremblait, mais ne me lâchait pas. Si cela continuait, nous allions mourir tous les deux, il fallait qu'elle s'en aille! Un bruit assourdissant retentit et une lumière blanche nous aveugla. Elle nous cacha sous sa cape pendant quelques secondes, restant collée contre moi, me protégeant de tout. Lorsque nous pûmes voir à nouveau, les titans tombaient au sol, commençant à s'évaporer. Tout autour de nous, ils mourraient. Nous regardions, n'en croyant pas nos yeux, ébahis. Des soldats criaient au loin à la victoire. Petra hurlait aussi, me serrant davantage dans ses bras.

"Nous allons nous en sortir!"

S'exclama-t-elle, pleurant une nouvelle fois. Dire qu'elle était la seule chamboulée serait un mensonge. J'allais la prendre dans mes bras, mais ils tombèrent par terre, j'étais clairement épuisé. Elle avait réussi à stopper mon hémorragie et m'enveloppait dans sa cape, mais j'avais perdu toutes mes forces.

~

Lorsque je l'avais vu quasiment dans la gueule du monstre, j'en étais devenue folle. J'avais agi sans même m'en rendre compte, comme un réflexe où mon corps agissait pendant que mon cerveau était apeuré. Apeuré à l'idée de le perdre, lui. Cet instant où il était dans mes bras n'était pas éternel, nous allions forcément nous éloigner de l'autre à un moment ou un autre, mais là il me fallait quelques secondes. Encore quelques instants avant qu'on ne me l'enlève, encore quelques secondes à ses côtés. Je ne demandais pas beaucoup, juste quelques pauvres petites secondes.