Chapitre 29: Ça s'était rouvert

618 35 4
                                    

Lorsqu'elle fut partie, je m'assis vivement sur la première chaise que je trouvai pour passer la main sur mon ventre. Je ne m'étais pas loupé en tombant, je m'étais enfoncé le coude dans ma blessure et dans mes côtes fêlées. Je soufflais, tentant de reprendre une respiration régulièrement quoique douloureuse. Il fallait que je serre les dents, mais... Putain que cela faisait mal! Je me sentais diminué, inutile. Je ne pouvais même plus marcher. À quoi allai-je servir, maintenant? J'étais agacé de ma propre vulnérabilité, cette faiblesse qui m'empêchait de tout faire sans aide. Je jetai un coup d'œil à ma chemise, sentant un liquide tiède me réchauffer l'abdomen. Merde... Une tâche rouge s'y étalait lentement, imbibant mon pull gris. Là, j'avais clairement besoin d'elle, je ne pouvais pas faire semblant.

Je l'avais brusquée alors qu'elle voulait m'aider. J'étais tellement con. La seule qui restait m'aider, la seule qui s'inquiétait, la seule à qui je tenais, il fallait que je la blesse. Je me levais, me tenant à chaque meuble sur mon chemin, laissant les bols par terre, puis sortis de la cuisine. On s'en fichait, de la vaisselle, elle pouvait bien traîner là un peu! Je découvris mes béquilles qu'elle avait délicatement posées dans le couloir, à côté de la porte de la cuisine. Je les pris.

Je me dirigeai vers les escaliers, me rappelant de la veille où elle avait voulu m'expliquer comment monter les escaliers seul. Je l'avais ignorée en haussant les épaules, ne voulant pas écouter les consignes d'une infirmière à son infirme. J'étais con. Je pris d'une main mes béquilles et d'une autre la froide rambarde, puis montai, marche après marche. J'avais mal aux côtes et commençai à m'essouffler rapidement. J'étais devenu si faible en si peu de temps... J'aurai dû accepter l'aide que l'on m'offrait au lieu de la nier en bloc. Premier étage. Je m'arrêtai, m'adossant au mur, pour respirer un instant, avant de reprendre ma lente ascension nocturne. Elle était au deuxième. Repensant à son visage lumineux, j'oubliai mon essoufflement, mais n'accélérais toujours pas. Il n'y avait pas que ma blessure, je voulais vraiment la revoir. Et bien, voilà Levi, tu as gagné, une personne te manque alors que tu l'as vue il n'y a même pas dix minutes. Tch...

Enfin arrivé! Je n'en pouvais plus, j'avais mal à l'abdomen, un peu à gauche. Je jetai encore un coup d'œil à mon pull. La tâche écarlate continuait à s'étendre à vue d'œil. Merde... Qu'allais-je lui dire? Cela faisait vachement mal... Ma vue recommençait à se troubler à cause de la douleur. Je glissai le long du mur de pierre, me demandant si j'allais vraiment atteindre sa chambre ou non.


~


Je me brossais les cheveux lorsque j'entendis toquer. Levi? Il était monté jusque là? Je me levais prestement pour aller ouvrir, découvrant mon caporal trempé de sueur et tâché de sang. Il tomba lorsque je l'attrapai tant bien que mal pour le faire glisser jusqu'à mon lit.

"Ta blessure s'est rouverte!

- Dans la cuisine..."

Souffla-t-il en une grimace, les dents serrées. Les rôles étaient inversés, maintenant.

"Il faut que je t'emmène immédiatement à la base pour que tu sois soigné et je veillerais à ce que tu y restes, cette fois. Là, ce n'est plus possible, je ne suis pas médecin, moi!

- Je ne tiendrai pas le trajet cette fois...

- Mais il faut faire quelque chose!"

Il grimaça encore une fois. Je coinçai mes mèches de cheveux derrière mes oreilles, nerveuse.

"Ou alors je te recouds comme je peux, mais je ne te promets rien!"

Je n'étais vraiment pas sûre de réussir à le suturer comme il fallait, j'allais forcément me cracher quelque part et lui faire mal, mais c'était le choix à défaut s'il ne voulait pas y aller. Il me regarda.

"Vas-y, tu le feras bien."

Il me regardait en hochant la tête péniblement.

Et si y avait-il un espoir? (Romance Rivetra)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant