Chapitre 8: Le manque d'air

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J'étais dans la forêt, sans comprendre pourquoi. Je savais qu'il fallait que je quitte le sol et prenne de la hauteur, mais mon équipement ne fonctionnait plus. J'avais beau appuyer sur les gâchettes de mes poignées, mais il n'y avait aucune réaction. J'entendais des pas, des pas lourds. Des titans arrivaient. J'avais peur, je n'avais rien pour me protéger. Mes lames étaient brisées à mes pieds, dans l'herbe. J'attrapai un des copeaux tranchants, mais je savais déjà qu'il ne me servirait à rien. Un titan d'une dizaine de mètres s'approchait lentement, ne me quittant pas du regard et un immense sourire sur le visage. Un sourire carnassier qui me donna froid dans le dos. Un sourire qui voulait dire: "J'ai faim et tu es là." Il se pencha pour m'attraper. Je me retournai pour courir, mais il m'attrapa de son énorme main. Il me serrait tellement que je sentais mon corps craquer un peu plus chaque seconde. Mais le pire n'était pas la douleur. Le pire était la peur. Cette peur qui me saisissait aux tripes et qui provoquait en moi ces tremblements incontrôlables. Je tendais tout d'abord mon morceau de lame vers mon agresseur, mais il n'en avait rien à faire. Lorsqu'il m'approcha davantage et ouvrit la bouche, je lâchai mon semblant d'arme, me contentant de hurler de toutes mes forces. Je ne voulais pas mourir. Il était bien trop tôt, j'avais tant de choses à faire, encore, je ne voulais pas mourir, je ne pouvais pas mourir. Et là, j'allais mourir.

Lorsqu'il referma sa mâchoire, je me levai en hurlant comme une folle dans mon lit. Il faisait encore nuit. Il était inutile d'espérer se rendormir après un cauchemar pareil. Je mis un pantalon sous ma robe de chambre et un gilet. J'avais besoin de prendre l'air pour respirer. Je sentais encore la pression de ces doigts monstrueux sur mes côtes. Je descendis les escaliers et sortis du château, m'asseyant par terre, dans l'herbe. Je soufflai un bon coup. L'air était frais. Des restes du visage du titan restaient ancrés devant mes yeux, mais je les fermai, levant la tête et me concentrant sur le bruit du vent dans les feuilles des arbres alentours. C'était calme. L'herbe caressait doucement la paume de mes mains. J'avais abandonné l'idée de dormir de nouveau cette nuit. Je le savais, c'était fichu. Malgré le calme qui me revenait peu à peu, je sentais mon cœur qui avait du mal à ralentir. J'avais déjà fait plusieurs fois ce genre de rêves, et c'était déjà trop. Je finis par me balader dans la forêt tout le reste de la nuit. Lorsque les premières lueurs du soleil atteignirent le sol, filtrées par les feuilles brunes de l'automne, je décidai de rentrer au château. Il n'y avait pas un bruit, mon pas résonnait entre les pierres des murs, me revenant en échos fantomatiques. Je regagnai ma chambre et me préparai. J'avais eu beaucoup trop faim la veille, il ne fallait pas que je saute davantage de repas. Lorsque je sortis de ma chambre, je croisai Eren dans le couloir. On se salua.

"D'après le caporal il va y avoir de l'orage, je suis allé à l'écurie et les chevaux semblaient assez agités, je pense que tu devrais aller les voir, tu es assez douée avec eux."

Je partis, le laissant vaquer à ses occupations. Je sortis à nouveau du château, profitant un peu plus de la lumière du jour. En effet, je pouvais voir les nuages sombres arriver petit à petit. Je traversai la grande allée, me dirigeant vers les écuries. J'entendis du bruit et m'approchai doucement. Levi brossait son cheval noir. Il faisait doucement, en profitant pour caresser la bête. Il finit, il posa la brosse sur le bord de la fenêtre, se remettant à caresser le museau du cheval, qui lui léchait la main. Je ne pensais pas un jour le voir se faire lécher la main par quoique ce soit sans qu'il ne fasse une grimace et court se laver les mains immédiatement. Lorsqu'il se retourna et s'immobilisa en croisant mon regard, je me rendis compte que je le regardais depuis un moment sans aucune raison.

"Que fais-tu là?"

Me demanda-t-il en fronçant les sourcils.

"Et bien, euh... Eren m'a dit que les chevaux étaient un peu agités et vu que j'étais libre ce matin, je me suis dit qu'un peu de compagnie ne leur ferait pas de mal."

Je souris et m'approcha.

"Il est très beau, comment s'appelle-t-il?"

Demandai-je, admirant le poil soyeux et parfaitement brossé de la grande bête.

"Elle s'appelle Artémis.

- J'aime bien cette couleur, je la trouve... Adorable."

Je posai ma main sur son museau. Je me retournai vers Levi, lorsque je me rendis compte que c'était exactement la même couleur que ses cheveux.

Et si y avait-il un espoir? (Romance Rivetra)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant