Chapitre 21: C'était irréel

757 41 18
                                    

Il faisait encore nuit lorsque j'ouvris les yeux, me demandant ce que je faisais là. Je faillis sursauter en m'apercevant que mon caporal était à quelques centimètres de moi. Levi avait les yeux fermés, il semblait dormir. Mais je n'allais pas refaire la même erreur, il était quand même peut-être réveillé. Je sentais son souffle sur mon nez. Je n'avais vraiment, mais vraiment, pas du tout envie de bouger. J'étais bien, là. Après tout, s'il s'était posé délibérément à côté de moi, c'est que je n'avais rien fait de mal, n'est-ce pas? Je voulais me gratter la joue, mais ma main était prisonnière... De la sienne?! Il me tenait la main, ne me lâchant pas. Merde...

Tout me revenait en mémoire. Comment j'avais titubé pour finalement glisser le long du mur jusqu'au bureau de Levi, il était arrivé plusieurs minutes après et... Avait veillé sur moi. Je ne m'étais pas rendue compte que dans un excès de douleur je lui avais attrapé la main. D'ailleurs il était possible que j'avais réussi à m'endormir grâce à cela. C'était pour cela qu'il était toujours là, sinon il serait parti depuis longtemps. Il ne voulait juste pas me réveiller... C'était adorable. Un sourire incontrôlable me monta jusqu'aux oreilles. Et il ne lâchait pas ma main. L'avait-il tenue toute la nuit? C'était encore plus... Levi était tellement... Adorable. Sous ses airs froids il était si attentionné, je ne pouvais que craquer pour lui. Craquer pour Levi? J'avais craqué pour Levi? Oh... merde... Il fallait que je m'en aille. Il fallait que je lâche cette main, malheureusement. Je dépliai lentement mes doigts qui étaient entrecroisés avec les siens, et je décollai ma paume de la sienne, sentant la peau de ma main avoir rapidement froid. Je lui jetai un dernier coup d'œil avant de m'extirper de la banquette.

"Tu comptes partir simplement après cela?"

Murmura-t-il sans ouvrir les yeux. Forcément! C'était obligé! J'avais, une fois de plus, fait cette erreur. Je ris intérieurement de moi-même, me maudissant sur plusieurs générations. Je me recouchai. Perdu pour perdu, autant rester, non?

"Je suis désolée de vous avoir réveillé.

- Hmmm..."

Venait-il de... grogner? Il n'était peut-être pas si réveillé que cela, finalement. Il se tourna un peu plus vers moi et posa son front contre ma joue et son bras sur mon ventre, m'emprisonnant définitivement Mon cerveau n'arrivait pas vraiment à faire face à tout cela. Que faisait-il? Un autre bruit échappa de sa respiration. Il ronflait. Ok, c'était officiel, il dormait! Et je ne pouvais pas partir. En y réfléchissant, cette situation était extrêmement gênante et je ne savais absolument pas ce qu'il fallait que je fasse, mais... J'étais quand même bien. Sérieusement, je n'avais pas froid, j'étais bien allongée, et... Bordel de merde Levi était là. Je ne pouvais pas dire qu'il était à quelques centimètres, j'avais son front contre ma joue et son bras sur mon ventre! Comme s'il m'avait prise dans ses bras. Je ne pouvais rêver mieux. La lune projetait les ombres des grands arbres du parc sur le plafond du bureau et j'observai leurs feuilles danser élégamment. Levi se tendit. Il semblait dormir encore, pourtant. Il donnait de petits coups de têtes, grommellant quelque chose que je n'arrivais pas à comprendre, sauf quelques prénoms. "Isabel". Qui était Isabel? D'où elle sortait, elle? Je n'en avais jamais entendu parler, qui était-ce? Il y avait aussi "Kenny", et... "Kuchel". Il ne semblait pas bien, il semblait faire un cauchemar. Je posai ma main sur sa tête pour caresser ses cheveux doucement.

"Chut... ce n'est rien, calme-toi..."

Lui chuchotai-je. Cela sembla fonctionner car il arrêta ses petits sursauts de tête et se détendit. Mais je n'étais pas tranquille. Qui étaient ces gens? Je lui en parlerai demain, lorsque nous serons réveillés tous les deux. Quoique, cela paraissait assez douloureux pour lui, je devrais sûrement plutôt éviter de ne pas le lui rappeler. Je continuais de caresser ses cheveux. Ils étaient doux et lisses. Je m'étais déjà imaginé lui passer la main dans les cheveux, mais jamais dans ce genre de situation. Et mes paupières étaient trop lourdes pour que je m'inquiète maintenant, de toute façon.

J'ouvris une fois de plus les yeux, observant les rayons de lumière du gris matin qui commençaient à éclairer les dalles de pierre. Levi était toujours là, il avait bougé entre temps et je voyais son visage. Je voyais son visage parce qu'il était à quelques centimètres du mien. Il avait l'air beaucoup plus détendu que d'habitude, c'était presque à ne pas le reconnaître, mais je savais que c'était lui. Il était différent, mais au fond, il restait toujours le caporal que j'admirais. Ce n'était qu'une autre de ses facettes à découvrir. Il ouvrit les yeux et je me rendis compte qu'il était encore plus près que je ne le pensais. Je pourrais lui toucher le nez avec le mien sans même bouger. Je pouvais la tête et regarder le plafond. Est-ce que je le fis pour autant? Non. Et lui non plus. Ses yeux étaient bleu-gris et écarquillés. Ses iris tremblaient un peu, comme si lui non plus ne savait pas quoi faire. Au moins je n'étais pas la seule perdue, c'était rassurant. Mais terriblement tentant.

~

Je pourrais l'embrasser, là, maintenant, à l'instant même. Elle n'aurait même pas le temps de s'en rendre compte tellement elle était proche. Je sentais ses cheveux me chatouiller le front, et son ventre sous mon bras. Comment était-il arrivé là? Je m'en foutais, il était là. Et elle était là. Juste devant moi. Ce serait un gâchis de ne rien faire et de partir simplement après cela, agissant ainsi comme s'il ne s'était rien passé. Mais qu'en penserait-elle, elle, si je l'embrassais maintenant? Elle ne bougeait pas. Sauf son cœur que je sentais à travers mon bras. Il était rapide. Elle avait repris beaucoup de couleur, elle était même passé d'un extrême à l'autre. Petra, si je pouvais savoir pourquoi tu rougissais sans cesse, serais-je capable de saisir ma chance?

~

Une partie de moi me criait de réagir. Une autre partie... Restait en suspens dans ma tête, abasourdie par... Et bien par tout, en fait. Si je craquais, j'allais tout gâcher. Il y aurait un immense blanc, ou il me lancerait un "que fais-tu, qu'as-tu cru?", et ce serait affreux après cela. Mais, pour partir, il fallait que je me faufile comme j'avais tenté cette nuit. Je savais qu'il était réveillé, cette fois-ci.

Et si y avait-il un espoir? (Romance Rivetra)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant