Chapitre 8

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Durant toute la semaine, Pearl l'avait épié, tapie dans un coin. Parfois Jedusor se retournait vers elle en classe, la gratifiant d'un sourire charmeur qui n'échappait pas aux autres élèves, offusqués. Le jeune homme restait toujours autant auprès de Pearl, profitant de la moindre occasion pour se joindre à elle. Dionysos et Clyde, malgré leur scepticisme, commençaient à s'habituer à la présence discrète de Tom.

Miss avait remarqué que ses yeux s'égaraient souvent sur le haut de sa poitrine, elle n'osait le rappeler à l'ordre, alors elle prenait cela pour un regard vague. Il devait être trop perdu dans ses pensées pour le dompter.

Les sentiments de Pearl s'accroissant, l'appréhension ne la quittait toujours pas.

La semaine s'était donc achevée et la suivante passait à une vitesse ahurissante. Si bien qu'il était déjà jeudi soir. Vêtue de son uniforme, ses longs cheveux ébène indisciplinés, seule dans le dortoir ; Pearl tremblait.

Elle était assise sur son lit à baldaquin et observait le mur d'un air absent. Elle agrippait ses draps boursouflés de toutes ses forces, ses blessures se rouvrant, le sang traversait les bandages et venait parsemer subrepticement le blanc de vermeil.

Le début des vacances était prévu pour cette fin de semaine et Pearl devait retourner à Londres, chez son géniteur. Dippet était au courant, elle ne pouvait se défiler ni lui exposer la situation, ce serait rompre la promesse et mettre sa vie en danger.

Elle devait retourner chez ce personnage abject qu'elle exécrait tant. Elle devait faire face. Subir, sans mots.

Les larmes fusèrent. Ce n'était pas tant la peur qui lui faisait détester son prétendu chez-soi, mais la haine. Aveuglante, démesurée.

Elle n'avait pas le choix, elle devait endurer, ne pas broncher. Surtout pas.

La jeune fille supprima rageusement ses larmes d'un revers de main. Son regard se porta sur une commode antique, vernie.

Elle se leva et se dirigea vers celle-ci, elle ouvrit le premier tiroir et prit une partition portant l'inscription « Chopin Ballade No 1 in G Minor, Op 23 ».

La solution à l'anxiété, voire à toutes ses misères, était la musique. Toujours.

D'un pas décidé et d'un air dédaigneux elle traversa la salle commune sous le regard du groupe d'Avery, surpris. Ils n'osaient lui adresser la parole depuis que Jedusor s'était rapproché d'elle. Pearl le soupçonnait de les avoir avertis quant à leurs tentatives d'intimidation, de manière peu conventionnelle.

Ses cheveux battant l'air, le col de sa chemise légèrement déboutonné, sa cravate aux couleurs de Serpentard  défaite, partitions à la main, elle se rendit au quatrième étage.

-Alohomora

La porte de la salle abandonnée s'ouvrit, elle la claqua derrière elle et vint défoncer la seconde porte d'un violent coup de pied.  Elle claqua également celle-ci derrière elle en remarquant qu'elle n'était pas seule.

Tom Jedusor, les jambes élégamment croisées, le coude posé négligemment sur le clavier,  propre sur lui, les cheveux consciencieusement tirés en arrière lui faisait face.

Il tourna vers la jeune fille un regard impénétrable empreint de charme. Ses traits fins furent aussitôt éclairés par un faisceau de lumière crépusculaire, soulignés par les quelques mèches se baladant sur son front.

Elle avait l'air d'une traînée à côté songea Pearl.

-Vas-tu continuer de me reluquer encore longtemps ?

Mélodie damnant |T.E. Jedusor|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant