Chapitre 19

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Minuit sonnait lorsqu'une voix féminine s'éleva de l'autre côté de la porte de la salle commune. Pearl releva vivement la tête des partitions qu'elle noircissait fébrilement depuis des heures, elle venait de faire sa centième rature depuis le temps qu'elle était là.

Quand enfin la serpentard se souvint du mot de passe et pu par conséquent pénétrer dans la salle, quelle ne fut pas sa surprise de retrouver Miss logée dans un fauteuil, ses jambes recouvertes seulement d'un fin collant se balançant dans le vide par-dessus l'accoudoir.

Mis à part elle, la pièce était vide de monde. Jedusor était rentré un quart d'heure avant cela de sa ronde, il avait jeté un regard sur Pearl trop absorbée dans la rédaction d'une nouvelle composition. 

Jennie ne s'attarda pas plus sur son cas, elle s'apprêtait à rentrer dans le dortoir quand la voix de sa camarade s'éleva soudain.

-Dis, hum...

-Quoi Miss ? Cracha sèchement la jeune fille en se retournant vivement, ses boucles blondes fouettant l'air.

Elle prit une inspiration profonde en se rasseyant correctement.

-Toutes mes condoléances.

Jennie marqua une pause, partagée entre l'étonnement et le flegme que lui imposait sa fierté. Elle devait être en plein débat en son for intérieur. Finalement, elle sembla capituler et vint prendre place sur un meuble à la droite de Miss, pivoté de telle sorte qu'elles pouvaient converser facilement sans avoir à fixer le mur d'en face ou se briser le cou.

Elle laissa trainer le silence quelques temps. Pearl déposa doucement, d'un geste mièvre, son œuvre sur une table basse ornementée aux couleurs de sa noble maison.

-Tu sais quelles étaient les dernières paroles que j'ai dites à mes parents ?

Silence.

-« C'est ça, salut. »  

Pearl fronça les sourcils.

-Pas une embrassade, pas un geste de la main ou un pauvre sourire.

Silence pesant. La jeune fille baissa la tête, ses cheveux blonds venant former un rideau devant ses yeux.

-Tu sais... je leur en voulais de partir en France, de risquer leur vie.

Sa voix se brisa sur la fin de sa phrase. Elle allait rajouter quelque chose mais se ravisa soudain. La gorge de Pearl se serra, elle ressentait un nuage de honte se former au-dessus de sa tête, la blâmant comme si elle y était pour quelque chose.

C'était de l'empathie, sa manière de ressentir de l'empathie.

-Dis Miss, pourquoi tu me présentes tes condoléances ? Est-ce que tu en as réellement quelque chose à faire ou c'est juste pour la forme ? Se risqua soudain Jennie en relevant la face, venant planter ses yeux empreints de doute et de suspicion dans ceux de Pearl.

Cette dernière se remémora soudain que leur dernière discussion ne s'était pas déroulée amicalement autour d'une tasse de thé, non, et puis une certaine tension régnait entre elles depuis cet incident avec des regards de travers à chaque contact, des railleries et même des gestes plutôt déplacés dès que les professeurs avaient le dos tourné.

Mais il était temps de se résigner, de jeter sa fierté dans les limbes et de se mettre à nu, d'avouer ses fautes.

-Holm... Jennie. Je t'assure que je suis profondément touchée par cette tragédie. Je sais ce que c'est de perdre des proches, décimés de façon barbare.

Elle serra les pans de sa jupe avant de reprendre, d'une force qu'elle ne savait sortie d'où.

-Je n'ai pas perdu mes deux parents, qui plus est en même temps. Mais, je n'éprouve pas de pitié pour toi et ce n'est pas ma conscience qui me pousse à venir te parler aujourd'hui.

Mélodie damnant |T.E. Jedusor|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant