Chapitre 30

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Durant les jours qui suivirent, Pearl se sentit pour la première fois esseulée. La solitude lui plaisait bien d'habitude, mais pour la première fois, celle-ci se faisait ressentir, elle lui pesait sur le cœur. 

Clyde et Dionysos étaient partis.

Ils l'avaient abandonné, et maintenant, elle se retrouvait seule avec leurs souvenirs. Ca, et les professeurs infects avec elle, l'inquiétude constante pour son avenir, celle concernant l'enfer qu'elle allait bientôt retraverser en revenant à Londres fin décembre, sa préoccupation maladive quant à la protection d'Eliot, et enfin : Jedusor.

Son rejet la peinait encore, il ne lui laissait pas le temps de réfléchir à leur relation, au lieu de quoi –sa présence étant la seule, Jennie étant trop occupée à assister Dionysos-, il l'agrippait tout le temps, les laissant donc dans le flou et l'obligeant à supporter, sans broncher, ses sautes d'humeur de plus en plus violentes.  

Ces dernières semaines avaient été rythmées par ces pertes, ces inquiétudes grandissantes et ces douleurs incessantes qui l'achevaient à petit feu. Elle ne saurait dire comment elle arrivait encore à tenir.

Par-dessus tout ce chaos, elle voyait James partout dernièrement. Il était là sans être présent, dans ses souvenirs, ses rêves, ses cours, au cours des repas, dans toutes les pièces du château et il l'accompagnait quand elle sortait dehors dans la cour de l'établissement pour prendre l'air.

Elle cherchait du réconfort dans ses illusions, mais même cette tentative désespérée de son cerveau pour retrouver un peu de bonheur se révélait futile. Les bras imaginaires de James restaient froids et hostiles, comme ceux d'un macchabé.

Aujourd'hui, Tom l'emmenait à Pré-au-Lard. Il voulait garder un œil sur elle pendant qu'il buvait un coup aux Trois Balais avec d'autres camarades de Serpentard. C'est ainsi qu'en ce samedi glacial, vêtu d'un voile qu'on appelait brouillard, Jedusor, Avery, Orion Black, Lestrange, Rosier, Mulciber et Miss s'étaient mis en route en direction du village entièrement habité par des sorciers.

Ils avaient du mal à avancer sans buter toutes les deux minutes contre quelque chose, ils doutaient constamment de la direction à prendre et Pearl s'était même retrouvée à inhaler de la neige quand un bruit sourd l'avait surprise et éjecté à terre; seul leur préfet semblait percer le brouillard et, avec son assurance habituelle, s'avançait d'un pas décidé, ouvrant la marche pour le reste du groupe.

Ils avaient ensuite déboulés, frigorifiés et le visage de la jeune fille encore recouvert de quelques flocons, dans le bar sous les remontrances moqueuses de la clientèle qui s'était tue dès l'instant où Jedusor s'était avancé au milieu de la pièce, défiant du regard quiconque aurait l'audace de s'égosiller face à lui.

Une fois le malaise instauré grâce au jeune homme, le groupe avait rapidement opté pour une table au fond de l'établissement, à mi-chemin entre le comptoir et les escaliers menant à l'étage. Ils s'étaient dévêtus de leurs manteaux et en enlevant son bonnet, une cascade ébène avait roulé sur les épaules de Pearl et, sans vouloir paraître narcissique, elle avait cru voir Rosier réprimer un sifflement admiratif.

Tous, sans exception, avaient commandé une chope de bièreaubeurre. Mulciber avait fait remarquer le caractère « masculin » de la commande de Miss, une femme, et avait bien souligné l'absurdité de la chose. Elle n'avait pas répondu mais aurait volontiers envoyé son crâne vide contre un mur avant d'uriner dans ses orbites, il avait une aura détestable de plus, ce qui la rendait irascible.

C'est en imaginant cette sentence, un peu arbitraire avouons-le, qu'elle but la première gorgée, un sourire sadique aux lèvres. Rosier débuta la conversation sur des banalités

Mélodie damnant |T.E. Jedusor|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant