Prostrée sur le rebord de la fenêtre, Pearl détaillait les environs du château. Chaque arbre, chaque monticule de neige, les pas éphémèrement ancrés dans celle-ci, chaque branche, chaque recoin semblait avoir gagné une importance capitale, inégalable à ses yeux.
-Miss, nous avons cours de métamorphose annonça une camarade à l'autre bout de la pièce, postée à l'entrée, la porte déjà à moitié pivotée.
Mais Miss ne l'écoutait pas, c'est à peine si elle a entendu ce ronronnement parmi toutes ces choses intéressantes qui retiennent son attention dehors. La serpentard souffla et s'éclipsa ; voilà plusieurs jours que Miss observe le paysage, l'air moribond et éternellement enfoncée dans ces satanés oreillers verts et argents disposés dans l'alcôve.
Elles avaient voté et c'est Druella qui était chargée de faire évacuer son cadavre quand celui-ci s'échouera sur la pierre froide, à moins que la vie n'ait déjà quitté son corps. Les serpentards de septièmes années vérifiaient ce point chaque jour en l'effleurant de leur baguette. A leur plus grand désarroi, Pearl grognait systématiquement.
En vérité, la jeune fille n'avait pas la force de se trainer ailleurs que dans les dortoirs. Elle était dangereusement affaiblie et personne ne se souciait de son alimentation ou ne s'alertait du dos de sa chemise trempé de sang. Elle ne saignait plus, elle ne s'était simplement pas changée depuis quelques temps, mais la douleur, elle, pulsait toujours impitoyablement dans son épaule.
Tout était chaos dans sa vie, rien n'allait, et ses problèmes ne sont pas du genre à s'arranger avec le temps. Pire, ils s'accumulent et les anciens se font de plus en plus lourds ou ne la quittent pas.
Pearl est une coquille vide, elle a trop d'émotions, elle les repousse, s'enfonce dans son déni en restant en retrait devant cette fenêtre. Mais un jour, sans prévenir, ses émotions reviendront à la charge.
Abattue, la jeune fille prit pourtant soudain la décision de se lever, sans aucune raison apparente. Elle aurait très bien pu passer encore quelques heures ici, mais elle ressentit le besoin de se dégourdir les jambes. Elle pourrait aller suivre un cours, histoire de se changer les idées? Non. Non pas qu'Albus Dumbledore la rebute, bien au contraire, mais elle n'était pas d'humeur à lui rendre visite, ce qui voulait dire assister à un stupide cours.
Tout lui semble soudain stupide, d'une futilité affligeante. Elle renifla dédaigneusement puis lâcha un petit rire méprisant. Elle quitta le renfoncement du mur, puis le dortoir, les dortoirs de Serpentard, les cachots, et elle laissa ses pas la mener au hasard.
Elle traina cette carcasse colorée de bleus à travers les couloirs, étrangement apaisée, c'est comme si tous ses problèmes s'étaient envolés, elle pourrait même décréter qu'elle se sent « bien ». Tout va bien.
Ses plaies profondes formant les initiales du nom du préfet ne lui affligèrent soudain plus aucune douleur, par ailleurs, une fois cicatrisées, elles se marieront bien avec la cicatrice à l'arrière de son crâne, non ? De plus, elles sont du même auteur. Amusant, n'est-ce pas ?
Elle passa devant le groupe, celui avec lequel elle était allée boire une bièreaubeurre l'autre jour. Elle n'a pas le temps de les saluer, mais ils allaient se détourner de toute façon pour feinter de ne pas l'avoir vue, enfin, s'ils n'étaient pas tombés sur cette jeune fille inflexible et effroyablement vigoureuse, ils en restèrent bouche bée : cela faisait pourtant des jours qu'elle avait disparue.
Les pas de Pearl la menèrent au quatrième étage, devant une entrée qu'elle ne connaissait que trop bien.
-Parfait ! Se réjoui-t-elle à haute voix en tapant dans ses mains.
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Mélodie damnant |T.E. Jedusor|
FanficDans une pièce sordide A l'abri des regards Ivre de partitions Elle lui montre ce que l'Homme a cru voir /Cette fiction contient de la violence, un langage parfois cru et autres joyeusetés. Ne la lisez pas si vous êtes jeune ou sensible !/