Chapitre 36

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Flashback de la veille








-On ferait mieux de décamper, le soleil se couche et on a un bout de chemin à faire, mieux vaut que ce soit quand notre route est encore un peu éclairée.

La jeune fille frotta ses mains entre elles, dans une vaine tentative de les réchauffer, tout en partant sans prendre la peine d'attendre son jeune frère qui s'étirait paresseusement à quelques pas de là.

Elle s'arrêta net en repérant un objet qui n'était pas là à l'aller sur le toit du convoi. Etait-ce possible qu'elle ne l'ait remarqué, trop occupée à admirer cette plaine au manteau neigeux ?  

Elle ramassa machinalement le revolver et l'examina furtivement. C'était un Enfield Commando de calibre 380, une arme répandue dans les rangs de la British Army et prisée par pas mal d'officiers de police. Simple d'utilisation et facilement maniable, elle s'était également vue attribuée l'honneur d'être exportée massivement dans le reste du monde.

Mais qu'est-ce qu'elle en savait en matière d'artillerie moldue ? Pour Pearl, ce n'était qu'un banal revolver à l'aspect miteux. C'est-à-dire qu'elle s'y connaissait mieux en baguettes...

Elle découvrit deux munitions restantes dans les chambres du barillet. La jeune fille soupesa l'arme de poing, la palpa encore un peu, muette, puis la rangea prestement dans sa poche en entendant Eliot arriver sur elle au pas de course, plus par reflexe qu'avec la réelle volonté de s'en servir à l'avenir.

Le son de ses pas déformant le métal du toit sous la pression de son poids tira Pearl de sa rêverie, elle intercepta le jeune garçon de peu. Elle réarrangea son écharpe d'un air pensif puis ils partirent à la hâte.








Fin du Flashback de la veille









Les secousses nerveuses prodiguées par son organisme firent que Pearl actionna accidentellement le verrou de sécurité et poussa un cri suraigu de surprise en laissant tomber l'arme dont l'ensemble canon barillet avait basculé vers l'avant, se dérobant ainsi de ses mains moites de sueur et de sang.

Elle revint vite à elle, les tempes battantes au rythme de son pouls à la cadence saccadée et son nez toujours atrocement douloureux comme tout le reste de son corps. Des coups de feu avaient retentis, ceux-ci ne tarderaient pas à attirer une foule de voisins soucieux à leur porte : il n'y avait pas une seconde à perdre.

Elle saisit ce fugace instant de lucidité pour réfléchir à toute allure à un plan d'urgence. Une fois décidée, elle attrapa par les épaules Eliot resté sur le pas de la porte du salon, supporté par le chambranle maculé de poussière. Abasourdi, il n'avait pas esquissé le moindre geste.

Elle tenta de contrôler ses tremblements en interpelant Eliot.

-Tu es avec moi ?

-Pearl... tu... il...

Naturellement, la scène l'avait laissé sans voix. Mais le temps n'était ni aux explications ni aux tentatives pour le rassurer, elle-même en aurait volontiers réclamé. Elle capta son regard effaré.

-Il faut que tu m'écoutes attentivement, et par la suite, tu devras m'obéir au doigt et à l'œil. Compris ?

Il hocha la tête, alerté par ses propos et son ton sans appel. Pearl souffla, elle dégagea quelques-unes de ses propres mèches plaquées à la sueur contre son front blême taché de vermeil.

-Très bien. Va à l'étage. Dans ma chambre, il y a une malle qui traine sur le sol : prends-la et fourre-y quelques vêtements chauds, une pochette noire qui est sur mon bureau... Ah et surtout n'oublie pas mon écharpe de Serpentard. Ensuite, pars dans ta chambre et fais ta malle en quatrième vitesse. Quand tu auras fini, rejoins-moi dans le salon. Et surtout, ne perds pas de temps, prends seulement ce que tu juges essentiel. Je t'attendrai, nous ne reviendrons plus jamais ici...

Mélodie damnant |T.E. Jedusor|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant