Chapitre 11

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-Ma vie est une putain de comédie.

C'est sur ces mots que la serpentard sauta de son lit et, pantelante, grimaçante, se prépara en quatrième vitesse. Du moins, du plus vite dont elle était capable.

Elle attrapa comme d'habitude sa sacoche puis enfonça indolemment la porte du dortoir qu'elle ne prit, évidemment, pas le soin de refermer derrière elle.

La jeune fille se jeta dans la salle où elle avait arithmancie un dixième de seconde avant que Vector ne fasse son habituelle entrée aussi soporifique que ses cours, s'attirant des expressions étonnés des élèves non habitués à tant de vacarme et le regard noir de la professeure.

-Darling ! T-

-Eh ! Avery, t'as déjà entendu parler du goulag ?

Le jeune homme en question se ravisa immédiatement. Tous s'étaient tus, tous avaient braqué leur regard sur Pearl. Celle-ci eu un rictus mauvais, la bête de foire pour qui ils la prenaient aurait bien voulu les empaler vivants.

Le teint cireux que lui donnait la couche de cosmétiques recouvrant son visage contrastait parfaitement avec ses cernes noirâtres. La lueur désabusée dans son regard, la masse de cheveux plus repoussants qu'un snargalouf, l'uniforme dépareillé... l'ensemble n'encourageait pas au contact humain.

-Bien que je ne sache pas ce que diable peut être un « goulag », ce ne sont pas des propos qu'une jeune fille devrait tenir-

-Bonté j'oubliais ! Pearl se frappa le front plus violemment qu'elle ne l'aurait voulu pour l'effet dramatique, nous autres sorciers avons nos propres problèmes avec les troupes de Grindelwald alors pourquoi donc s'intéresser à ces insignifiants moldus et toutes leurs créations ? Ce n'est pas comme s'ils s'entretuaient entre eux à l'heure où je vous parle.

-Ça suffit ! Votre attitude est inconvenante Miss, vous aurez une retenue mercredi soir.

- CALOMNIE, C'EST LA VERITE QUE VOUS NE SUPPORTEZ PAS ?

- Asseyez-vous.

Pearl cessa incessamment, ses cordes vocales ne lui permettaient pas de continuer sur ce ton. Elle alla en titubant à sa place au fond de la salle.

-Vous êtes bien insolente.

Elle leva les yeux au ciel.








-Pearly, c'était quoi cette scène ?

Clyde s'empressa de rejoindre son amie au pas de course à la fin du cours. Celle-ci tourna vers lui un regard fatigué, comme la veille. Quelle n'avait pas été leur surprise avec Dionysos lorsque, se jetant sur elle pour l'accueillir de nouveau à Poudlard, elle avait prétexté un épuisement inouï pour pouvoir se réfugier dans son lit.

Les deux serpentards s'aventurèrent côte à côte dans les couloirs un certain temps, Pearl semblait mener la marche. Vu son absence de réponse, sans doute voulait-elle lui montrer quelque chose qui le rassurerait enfin sur sa santé, notamment mentale.

Ils arrivèrent au quatrième étage, la jeune fille s'arrêta devant une porte aux allures normales, mais qui savait ce qui se cachait derrière ? Clyde se prépara à ce qu'elle lâche une bombe, un élément crucial expliquant son état pitoyable. Et la raison en fut...

-Ma vessie ne demande qu'à être vidée.

-Oh.

Les deux jeunes gens étaient devant des toilettes en effet.

-Pourquoi t'es encore là ?

-Je veux des réponses.

La jeune fille ne répondit rien. Elle pénétra ces lieux sacrés et s'attela à sa tâche. Le jeune homme, fidèle au cynisme, s'engouffra également afin de poursuivre la conversation. Il s'accouda aux lavabos puis continua sur un ton quelque peu anxieux

-Tu n'as vraiment pas l'air bien Pearl.

Aucune réponse.

-On s'inquiète pour toi tu sais... Tu es vraiment mal-en-point et si tu crois pouvoir tromper quiconque en te peignant le faciès, tu te fourre le doigt dans l'œil. Tes cernes se voient à cent kilomètres ma chérie.

Une voix s'éleva dans la cabine.

-Quand je t'ai dit vouloir uriner, je sous entendais en paix.

-On n'urine jamais en paix avec moi.

-Je plains sincèrement tes compagnons d'urinoir ricana Pearl en sortant rejoindre Clyde.

-Ce n'est pas que cette conversation autour de nos excrétions urinaires ne me plaît pas, bien au contraire, mais je veux savoir la vérité.

Le jeune homme se posta raide comme un Lancechêne devant son amie qu'il prit par les épaules. Il lui offrit un regard où on lisait une réelle inquiétude pour le sort de sa camarade, cette dernière souffla en détaillant pour la énième fois la constellation rousse siégeant sous ses yeux.

-Je vais bien Black, je suis juste très fatiguée. J'ai dû tout faire à la maison, mon vieux père n'a disons pas le sens des responsabilités.

-Ahem, je veux bien te croire. D'habitude tu sais bien que je préfère ne pas être référé à ma famille.

Il laissa tomber ses bras le long de son corps en faisant un mélange entre une moue et une grimace. La jeune fille s'étant bien aperçue du dépit du jeune sixième année, dans une tentative de lui faire retrouver sa joie de vivre, s'empressa de demander avec malice et en agitant les sourcils de manière tout à fait propice à la gêne

-Au fait, je ne suis toujours pas au courant du dénouement de la soirée avec Avery...

Clyde releva précipitamment la tête, on voyait maintenant ses traits dotés de l'expression la plus niaise possible.

-Bon sang j'avais oublié de t'en parler ! Sa voix étrangement aiguë masquait très mal son excitation soudaine.

-Je. Veux. Tout. Savoir.

-Quand tu es partie coucher Dionysos, nous nous sommes posés dans le dortoir des garçons, sur son lit-

-PAS POSSIBLE

-Non il n'y a pas eu coïte, malheureusement, mais on a discuté de tout et de rien pendant des heures !! Je ne sais pas si c'était à cause de l'emprise du Whisky pur feu mais il n'a pas cessé de me regarder dans le blanc des yeux !

Le jeune homme était intenable, ses yeux brillaient littéralement. 

-Pearly, je crois qu'il est tombé raide dingue de moi ! Tu te rends compte ?! On va se marier et vivre heureux et avoir des enfants avec le maximum de labradors qu'il est possible d'adopter. Enfin, il faut d'abord que je m'assure qu'il est homo, mais en même temps quel homme ne changerait pas immédiatement son orientation sexuelle à cause de mon charme haha. MAIS TU Y PENSES TOI A COMMENT ON VA LES APPELER NOS MULTIPLES CHIENS ?

-Clyde, enfin calme-toi ! S'exclama Pearl en cachant très mal son amusement. Tu auras tout le loisir d'y rêver quand il te fera interner après lui avoir fait part de tes projets laborieux.

-Haha pardon, tu sais bien l'affection que j'ai pour lui et son petit c-

-Attends.

Elle avait senti un regard pesant, brûlant dans son dos. Ils n'étaient pas seuls.

-Pars dans la salle commune, je te rejoindrai plus tard.

Clyde trop absorbé par ses projets d'avenir et leurs complications ne prit pas conscience de la bizarrerie de la situation. Il se retira sans poser plus de questions.

Pearl aux aguets resta plantée au milieu des toilettes pendant cinq bonnes minutes. La cadence de son pauvre cœur accélérait à vitesse démesurée et tout son corps semblait se déchirer soudainement sous une douleur révolue comme un écho, un avertissement d'un passé récent. Un bruit venant perturbé l'action des canalisations et le goutte à goutte d'un robinet lui firent faire volte-face.

Cependant, elle n'avait toujours pas retrouvé ceréflexe de dégainer sa baguette.

Mélodie damnant |T.E. Jedusor|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant