Mak ouvrit lentement un oeil. Il faisait sombre dans la pièce. Elle bailla, puis soupira. La hutte était à présent rangée, nettoyée, et n'attendait que le retour de son père, comme elle d'ailleurs.
Mais la pauvre louve avait eut le temps de s'assoupir en attendant Mordok, et la nuit était déjà tombée. Elle fut déçue, profondément déçue. Il lui avait pourtant promis qu'ils passeraient la journée ensemble, elle y avait cru, mais papa n'était pas la.
Elle lui en voulu un instant, puis caressa l'idée qu'il lui était peut-être arrivé quelque chose. Tant pis, elle irait le chercher elle-même.
Elle se leva et sortit discrètement de la hutte. Dehors, tout était noir, tout le monde dormait. Assis sur le sol, appuyé contre la paroi de la petite bâtisse, elle trouva Malek, qui avait sombré lui aussi dans la demeure de Morphée. Elle prit garde à ne pas faire de bruit, puis s'élança vers la forêt. Elle aimait ce lieu, qui l'avait toujours attirée. Un lieu dans lequel, quand la réalité était trop dure, elle se réfugiait souvent. Ici, elle n'était pas une princesse. Juste Mak. Mak qui aimait...Mak qui aimait simplement courir dans les bois. Que pouvait-elle aimer d'autre ?
La nuit était fraîche ce soir là, et le vent violent. La lune éclairait les arbres d'une lumière bleue, rendant l'endroit mystique. Elle n'avait jamais vu une lumière comme celle-ci auparavant. Étrangement, la forêt de son enfance ne lui parut pas si rassurante qu'à l'accoutumée. Le vent claquait comme un coup de fouet dans les arbres, et elle détesta ce son sans réellement savoir pourquoi. La pauvre enfant était loin de s'imaginer qu'elle avait faillit mourir dans cette même forêt quelques années plus tôt, saignant sous les caresses morbides que lui avait offert son père.
Du regard, elle chercha Mordok, déambulant sans vraiment savoir où elle allait. Ici, elle avait froid, et un sentiment de solitude et d'abandon lui serra soudain la gorge. Le vent chantait un air qui ne lui présageait rien de bon. Les ombres dansaient une valse angoissante. Les branches semblaient vouloir l'attraper et lui couper la gorge. Son souffle s'accéléra, elle avait peur. Après tout, elle n'était qu'une enfant. Dans un moment d'extrême désespoir, elle ne trouva comme solution que de courir aussi loin qu'elle le put. Elle ne voulait plus de cette forêt. Cette forêt l'avait trahie. Elle couru encore en jetant quelques regards affolés derrière elle. Dans cette nuit, tout était décuplé. Ses angoisses, ses faiblesses...Elle n'était pas forte, elle voulait fuir quelque chose qu'elle ne connaissait pas.
Enfin, maladroitement, elle tomba à terre en gémissant. Son poing cogna le sol de rage. Une rage contre elle-même, de ne pas être, ou de n'être que si peu, de n'être qu'elle, une pauvre gosse perdue dans les artères d'un monde fou. Ses yeux restèrent fermés un instant, trop effrayés pour se confronter à cette dure réalité qu'était la vie.
Mais enfin, retrouvant un semblant de courage, elle daigna jeter un regard devant elle, et tomba nez à nez avec son reflet, qu'elle perçut dans une minuscule rivière qui passait clandestinement par là. Encore une fois, elle vit ses cheveux courts et les détesta. Elle ne se trouva pas belle pour ne pas dire carrément horrible. Elle devina ses yeux cernés, et ils lui parurent moins brillants qu'avant. Elle avait les yeux de son père, et elle en était fière, mais aujourd'hui, elle les vit bien pâles. De colère, elle ne trouva rien de mieux à faire que de crier sur son propre reflet.
Loin de là, près d'un feu pourtant chaleureux, Elsa se réveilla en sursaut. Des gouttes de sueur perlaient sur son front, et son coeur semblait avoir entamé une course pour dépasser le temps lui-même. Son regard parcouru le camps. Elle y trouva Anna et Briak, dormant l'un dans les bras de l'autre, et un peu plus loin, Olaf que devait sans doute faire un merveilleux rêve. La reine souffla en passant une main sur son visage, cherchant à effacer les images de ses cauchemars.
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Souvenirs Cristallisés (suite de Cristaux Ensanglantés)
RomanceElsa et Mak s'accordent dans un amour parfait. Trop parfait. Quelques souvenirs, ou, au contraire, un manque furieux de souvenir, vient assombrir la douceur de vivre à Arendelle... À lire après Cristaux Ensanglantés.