Chapitre 32

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Les yeux de Mak s'agitèrent sous ses paupières, le réveil semblait imminant. La louve inspira longuement, devina le parfum de décembre, sourit inconsciemment. Enfin, les yeux s'ouvrirent et le regard se fit plus vif. Mak se redressa lentement en se frottant les yeux, et fut surprise de trouver le bras d'Elsa qui l'entourait alors que la reine dormait encore à point fermé. La louve pencha la tête en observant la blonde, se souvenant doucement de tout ce qui s'était passé la veille.

Vous êtes amoureuse de moi... ne cessait-elle de se répéter en silence. Elle avait encore du mal à y croire. Elsa était une femme. Elle, n'était qu'une gosse, ou alors un jeune loup bien intrépide. Elle se demanda ce qui avait pu plaire à la reine. Comment était-elle quand elle était grande ? Était-elle une adulte ? Une grande personne comme on aime dire. Elle s'imaginait mal vivre dans l'immense château qu'Elsa appelait sa maison. C'était étrange et déroutant, tout ce qu'elle connaissait de l'amour tenait dans l'esquisse d'un baiser... Elsa était bien inconsciente d'avoir choisi de tomber amoureuse d'elle. Et en même temps... est ce qu'on choisissait vraiment ?

La louve se perdit un instant dans la marée nébuleuse de ses pensées, cherchant à savoir ce qu'elle pouvait bien être avant tout ça. Certains semblaient la considérer comme un héros, un brave loup. D'autres, au contraire, ne la comparaient seulement qu'à un vulgaire chien des rues qu'on devrait abattre pour être revendu une fortune au marché noir.

L'enfant soupira en admettant qu'elle ne se connaissait pas tant que ça, pour ne pas dire pas du tout. Seule Elsa, toujours Elsa, semblait la connaitre mieux que personne. Après tout, la reine avait prédit sans se tromper qu'elle détestait le chocolat chaud. Un rire s'échappa da la gosse à ce souvenir.

Mak fronça légèrement les sourcils quand elle se rendit compte qu'aucun son ne venait de l'extérieur. Il faut croire que la tempête est passée... Pensa-t-elle. Délicatement, sans bruit, elle écarta le bras d'Elsa de son corps, et se leva avant de s'étirer de tout son long.

Chilali, allongé sur une paillasse de fortune, voyant la louve en mouvement, releva la tête. Mak s'approcha de lui et vint affectueusement coller son front à celui de l'animal qui roucoula de plaisir en fermant les yeux, dressant le duvet de son cou. Mak sourit :

Bonjour à toi aussi mon grand. Tu as bien dormi ?

L'oiseau piailla sans délicatesse.

Mak rit, sachant qu'elle ne pouvait demander à ce grand volatile de se faire discret.

J'ai faim, tu saurais où on peut trouver à manger ?

Chilali pencha la tête, traitant la demande, puis se leva et se dirigea vers la sortie, arpentant les galeries de la caverne, la louve sur les talons.

Un soleil brulant vint caresser la peau de Mak. Malgré tout, la neige était là, reine imperturbable de ces lieux. A l'image de l'oiseau, son royaume était et resterait blanc.

Mak, prise par son instinct de chasseur, renifla l'air à la recherche d'une odeur d'un animal à chasser, mais rien, juste l'odeur de la poudreuse. Elle soupira :

Sans vouloir te vexer, je suis lassée de bouffer de la neige, je trouve ça bourratif.

L'oiseau piailla encore.

Articule, je ne comprends rien à ce que tu dis.

Chilali se posta, toujours fière, devant la louve, et se pencha en une révérence.

Mak plissa les yeux sans comprendre, puis tenta une révérence à son tour. Chilali cria plus fort en se baissant davantage. Mak fronça les sourcils :

Attends, tu veux que moi, je monte sur ton dos ?

L'oiseau inclina la tête en signe d'approbation.

Souvenirs Cristallisés (suite de Cristaux Ensanglantés)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant