Chapitre 19

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Elsa se frotta les yeux en luttant contre le sommeil. Il est vrai qu'elle n'avait pas beaucoup dormi ces derniers temps. La nuit aux cotés de son loup avait été longue, alors qu'elle était à peine entamée. Celui-ci, à de nombreuses reprises, avait murmuré quelques bouts de phrases incompréhensibles, se perdant dans les hallucinations de la fièvre. Mais pour la première fois depuis longtemps, son loup l'avait reconnue, avait avoué avoir besoin d'elle, et avait même accepté un baiser. Ce baiser, pourtant si simple, lui avait fait tellement de bien. Elsa n'était pas sortie de la caravane, préférant veiller sur l'enfant. Plus tard dans la soirée, Anna lui avait apporté à manger, mais elle n'avait pas voulu y toucher, bien trop inquiète pour avaler quoi que ce soit. Elle avait pourtant été obligée de grignoter sous la menace d'Anna.

Dehors apparemment, les gitans qu'elle avait traités de ridicules bohémiens sous la colère, les avaient accueillit à bras ouverts. Anna avait tenté de la tirer à l'extérieur, prétextant qu'ils avaient allumé un immense feu de camp, et qu'il faisait bon de s'y réchauffer. Mais Elsa avait décliné l'offre en posant un regard attendrit sur Mak. Anna avait finit par abandonner, sachant que c'était inutile, qu'Elsa ne serait pas tranquille tant qu'elle ne verrait pas Mak consciente et debout. La princesse était sortie en déclarant que si elle ressentait le besoin de quoi que ce soit, elle n'était pas loin. Elsa avait simplement sourit.

Voilà déjà plusieurs heures qu'elle la veillait sans bouger. De temps à autres, lorsque ses gémissements devenaient trop grands, elle posait simplement une main sur son front, le couvrant d'une légère brise qui la calmait à coup sur. Comme souvent, Elsa s'était surprise à lui parler, lui racontant tout le chemin qu'elle avait parcouru pour la retrouver, du soucis qu'elle lui avait causé, et de sa rencontre désastreuse avec ce gitan. Volontairement, elle n'avait pas dit un mot sur ce qui s'était passé à Arendelle. Elle savait qu'elles auraient cette discussion une fois la petite sur pieds, il était inutile de la condamner pour un crime, qu'elle en était sur, elle n'avait pas commis. Et puis, elle n'était même pas certaine que Mak l'entendait.

Elle l'observa un instant, analysant son état, la plaie de son flanc, par miracle, ou grâce au baume des gitans, était pratiquement totalement guérie. Elsa se dit qu'elle devait demander à cette vieille femme la composition de cette solution divine avant leur départ.

La reine fut coupée dans son raisonnement quand elle vit son loup grimacer. Elle sourit, enfin, Mak avait décidé de revenir parmi les vivants. Voyant la louve s'agiter en se redressant, elle posa tout simplement, comme à son habitude, une main sur sa poitrine. Comprenant qui elle avait devant elle, oubliant totalement cette nuit passée, Mak grogna, toujours menaçante. Elsa retira sa main, exactement comme la première fois, une déception visible sur le visage.

- Encore vous...

Murmura Mak en sentant que la parole lui était difficile de par les coupures présentes à la commissure de ses lèvres.

Tu reprends le vouvoiement...pensa la reine en levant les yeux au ciel, ne supportant plus la méfiance éternelle de son loup vis à vis de sa personne. Elle soupira en laissant ses épaules s'affaisser. Mak tenta de se lever, mais fut bien vite arrêtée par la douleur, et finit par tomber lourdement sur le sol, où elle était installée un peu plus tôt, n'écoutant que sa colère et son angoisse.

- Calme toi, tu es blessée...

Tenta Elsa d'une voix douce, espérant apaiser son loup qui de toute évidence, n'en avait pas décidé ainsi.

- Où est-ce-que je suis?

- Si tu prenais le temps de m'écouter, peut-être que...

- Non, c'est vous qui allez m'écouter! Que les choses soient claires, je vous méprise, et il est évident que je ne vous fais pas confiance. Je ne suis absolument pas convaincue par toutes vos belles paroles.

Souvenirs Cristallisés (suite de Cristaux Ensanglantés)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant