Au cœur des forêts du milieu, cachée par les grands sapins bleus, éternels protecteurs de ces lieux, la soirée s'était éternisée.
Tous les loups, formant un cercle de fraternité autour du feu, s'étaient raconté leur meilleur souvenir partagé avec Malek. Avaient ri jusqu'aux larmes, jusqu'à en perdre le souffle au souvenir du caractère râleur du vieux loup.
Mak était restée silencieuse mais tristement souriante. Son désespoir s'étant métamorphosé au fil des heures en quelque chose de tout aussi triste, mais d'infiniment plus doux. Comme une tendre mélancolie qu'on perçoit à peine mais à jamais nécessaire pour nous animer. Comme un sentiment douloureux à réfuter mais délicieux à embrasser. Des yeux mouillés, des voix nouées, mais une émotion qui s'incline comme si elle avait choisi de nous épargner.
Elsa l'avait observée du coin de l'œil tout au long de la soirée, guettant ses moindres tourments, prête à les affronter et à les faire fuir. Comme le meilleur des souffleurs cachés sous le plancher d'une scène de théâtre, elle était restée fidèle à son poste, déterminé à ne pas laisser Mak se faire dévorer par les dangers du silence. Après tout, Elsa en était conscience, elle n'avait toujours été que son meilleur soldat.
Anna avait bu les histoires qui sortaient part millier de la bouche des loups, parfois, avait versé quelques larmes lorsque celles-ci devenaient trop émouvantes. Cependant, la princesse avait senti chaque loup bien plus serein que ce matin. Briak était resté près de sa rouquine en enchaînant quelques verres, juste histoire d'aider son cœur à ralentir, nageant à contre-courant face à la déferlante de sentiments qui le secouait.
Olaf, quant à lui, s'était contenté de jouer avec les enfants, tentant par tous les moyens de les préserver de ces problèmes d'adultes. Le bonhomme de neige savait que la vie était loin de devenir plus facile en grandissant, alors s'il pouvait freiner la morsure du temps sur leurs jolis visages tout simplement en existant, il s'en chargerait.
Tous décidèrent qu'il était temps d'aller dormir lorsque la lumière des étoiles fut plus étincelante que celle des braises.
Un sourire imbécile ne quittait plus les lèvres de Briak, ayant choisi de se laisser avoir par l'alcool.
Mais peu importait, Anna aimait l'air délicatement fou que l'alcool donnait au visage de son homme. Avec cet air de lâcher prise, la princesse voyait se dévoiler ce qu'elle trouvait de plus beau en lui et que d'ordinaire il ne montrait que rarement.
La princesse avait donc tendrement pressé ses lèvres sur sa joue mal rasée, avant de l'entraîner dans la chaleur de leur hutte.
Mak ne bougeait pas en restant silencieuse, observant les braises comme si Malek allait renaître de ses cendres. Mais quelque part Mak n'y croyait pas. Malek n'était pas un phœnix. La gosse ne se sentait juste pas tout à fait exister. Comme si elle était prisonnière d'une réalité pipée, un peu à contrecœur, un peu à contre-temps. Comme si elle était spectatrice de sa propre vie. Ce fut pourtant bien sur sa joue qu'elle sentit la caresse froide de la main d'Elsa.
Le loup sursauta légèrement, oubliant parfois qu'Elsa était une ficede aux mains si froides, ces mêmes mains froides dont elle ne pouvait plus se passer. Elle analysa quelques secondes les yeux d'Elsa. Comme toujours, elle y trouva sans chercher une bienveillance palpable.
- Tu veux rester encore un moment ?
Demanda la reine avec tendresse, une caresse dans la voix.
- Encore cinq minutes ?
Proposa Mak avec une fragilité flagrante, comme si elle venait de dire une bêtise.
Elsa, qui s'attendait un peu à une réponse de ce genre, tendit le bras et attrapa une couverture abandonnée sur le sol par un loup peu consciencieux. D'un geste ample, elle couvrit méticuleusement les épaules de son loup.
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Souvenirs Cristallisés (suite de Cristaux Ensanglantés)
RomanceElsa et Mak s'accordent dans un amour parfait. Trop parfait. Quelques souvenirs, ou, au contraire, un manque furieux de souvenir, vient assombrir la douceur de vivre à Arendelle... À lire après Cristaux Ensanglantés.