Chapitre 8

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Elsa se précipita sur Briak et le secoua violemment.

- Réveilles-toi! J'ai vu Mak, comment c'est possible?

Briak passa une main sur son visage en se redressant. Le pauvre homme ne savait pas où il était, ni même qui lui parlait. Il ouvrit les yeux en râlant, et tomba face à Elsa.

- Attends, quoi? Comment ça tu as vu Mak?

Elsa reprit son souffle et expliqua:

- À travers le lac. Je pouvais l'entendre.

Briak fronça les sourcils en s'asseyant.

- J'ai déjà entendu parler de ça. Mais je ne pensais pas que ça arrivait encore.

- Qu'est ce que ça veut dire?

- Ça veut dire que malgré sa perte de mémoire, ton lien avec Mak ne cesse de s'accroitre. Mais c'est étrange. Ce genre de lien n'existe plus aujourd'hui. On dirait, que comme souvent, ça lui a fait trop mal de faire comme tout le monde.

Plaisanta Briak.

- Et, elle allait bien?

Demande-t-il.

- Je ne sais pas. Elle semblait perdue. On assez perdu de temps. Réveille les autres. Il faut que reprenne la route.

Mak sourit de toute ses dents en voyant le loup blanc se dresser fièrement devant elle. Mais ce sourire s'envola quand elle remarqua que les yeux n'étaient pas jaunes, mais d'un bleu éclatant. Ces yeux lui rappelèrent vaguement quelque chose même si elle ne sut définir quoi exactement.

- Papa?

Essaya-t-elle.

L'animal aboya en montrant les dents. Pourtant, il ressemblait tant à son père. Il semblait solide et invincible. Son pelage brillait en défiant la noirceur de la nuit. La gosse recula d'un pas. Le loup blanc avança. Comment pouvait-elle se défendre face à un tel monstre? Je vais mourir...Pensa-t-elle.

Elle tenta de grogner malgré tout, peut-être réussirait-elle à l'intimider. Mais cette réaction ne sembla qu'attiser la colère du loup blanc, qui aboya encore, faisant sursauter Mak. Elle ne s'était encore jamais battue. Son père, voyant en elle l'avenir de la tribu, ne la laissait pas prendre des risques inutilement. Si bien que l'enfant n'avait jamais affronté personne.

Le loup blanc avança encore d'un pas, faisant frissonner Mak. La louve recula encore, se retrouvant bientôt les pieds dans l'eau. Elle leva les mains, en signe qu'elle se rendait, mais le loup blanc, n'en n'ayant pas décidé ainsi, se jeta sur elle.

Mak cria quand sa tête cogna le sol. Elle grimaça en fermant les yeux, attendant le coup critique qui lui ôterai la vie. Mais finalement, ne sentant rien arriver, elle ouvrit lentement un œil courageux, et tomba nez à nez avec le loup blanc, qui était à présent complètement sur elle, son museau à seulement quelques millimètres de son visage. Elle pouvait sentir son souffle chaud mourir au coin de son visage.

Les dents de Mak claquèrent. Il est vrai qu'elle était en bien mauvaise posture, ainsi, sous cette immense bête, coincée entre ça et le sol. Pourtant, le loup blanc ne semblait vouloir l'attaquer. Il la regardait maintenant avec des yeux d'une extrême douceur, avec quelque chose de fou dans le regard.

L'un et l'autre se regardèrent un instant. Cherchant à savoir ce que l'autre, celui qu'ils ne connaissaient pas, désirait réellement. Mak ne savait pas si cette bête allait la dévorer, mais elle était pourtant consciente qu'elle aimait son regard. Un regard bleu. Le même regard que...que quoi? Elle n'en savait rien, mais ce n'était pas la première fois qu'elle croisait un regard comme celui-ci.

Oubliant sa peur, Mak posa une main incertaine sur le museau du loup blanc. Celui-ci ferma les yeux sous le contact, puis se mit soudain à gémir.

Mak ôta sa main comme si le corps l'avait brûlée, et arrêta de respirer en fermant à nouveau les yeux. Après quelque minutes à écouter les gémissements du loup blanc, un long silence s'immisça entre eux.

Mak rouvrit enfin les yeux, et cette fois, croisa le visage d'une jeune femme. La louve cria presque de surprise. Le loup blanc, non seulement n'était pas son père, mais était aussi une jeune femme. Sa peau était blanche, et ses cheveux, blonds et incroyablement longs tombaient en cascade sur ses traits. Son visage était doux et ne semblait pas menaçant, loin de là.

Il y avait un contraste affolant entre cette jeune femme et ce qu'elle était il n'y avait encore que quelques minutes. Mak resta muette devant la vision de ce visage souriant qui la surplombait. Clignant des yeux plusieurs fois, la louve voulu dire quelque chose, mais les lèvres de la blonde sur les siennes l'en empêchèrent.

L'enfant écarquilla les yeux sous le contact. On lui avait déjà vaguement parlé de cette pratique. Ça s'appelait embrasser si elle se souvenait bien. Mais elle, elle n'avait jamais embrassé personne. Et cette étrange blonde venait de lui voler son premier baiser. Mak voulu tout d'abord se dégager, mais l'inconnue n'en ayant pas décidé ainsi, s'approcha davantage en accentuant le baiser. La jeune louve, se sachant piégée, battit en retraite, et ferma les yeux en essayant désespérément de calmer son coeur. Elle essaya de se souvenir de la raison pour laquelle les humains faisaient souvent ces choses là. De ce qu'elle avait put entendre des bouches des loups de la tribu, ça s'appelait l'amour. Mais elle ne savait pas exactement ce que c'était, ni en quoi ça consistait.

L'inconnue sourit contre les lèvres de Mak en posant une main sur sa joue. Cette main là était chaude à la différence de celle que la Ficede. Comment s'appelait-elle déjà? Lisa? Elisa? Elsa...oui c'était ça. Elsa. Mais pourquoi pensait-elle à Elsa dans un moment pareil? Et, plus simplement, pourquoi pensait-elle dans un moment pareil? Après tout, cette louve blanche était belle, et elle sentait bon. Son père aurait sans doute dit qu'elle était une menace. Mais il ne sembla pas à Mak de voir une quelconque menace à l'horizon. Il y avait juste cette femme. Cette femme qui l'embrassait, chamboulant son être tout entier.

C'était donc ça, embrasser. Elle aimait ça. Elle comprit pourquoi les humains pratiquaient ce genre de chose. Elle ne voulait pas que ça s'arrête. C'était doux, et tellement fort en même temps. Son coeur d'adolescente bondit à l'intérieur de sa poitrine. Elle gémit sous ce simple baiser, le premier, elle l'espérait, d'une longue série.

Enfin, dans un dernier effort, l'inconnue mit fin au baiser en se reculant, plongeant son regard dans celui de Mak sans perdre son éternel sourire. La louve l'observa sans dire un mot. La louve caressa la joue de l'enfant, traçant chaque traits du bout des doigts. Son regard l'apaisa, elle dégageait une sensibilité qu'elle n'avait jamais croisé ailleurs. Et ses yeux...elle aima se perdre dans leur bleu. Un bleu de glace. L'enfant se trouva bien bête à se taire de la sorte. Et en même temps, l'autre fille ne parlait pas non plus. Devait-elle dire quelque chose? Un truc gentil et mignon peut-être. Mais elle ne connaissait même pas son nom. Cette situation était irréelle. Elle y était totalement novice, et eut soudain la sensation d'entrer dans la cours des grands. Elle se sentait stupide mais forte. Elle ne pouvait décrocher son regard de celui de l'inconnue. Alors, avec une sincérité parfaite, dans un murmure profond, elle déclara simplement:

- Je crois que je viens de tomber amoureuse de vous.

L'inconnue sourit davantage en déposant un baiser sur le front de Mak, et répondit:

- Je n'en attendais pas moins de toi. Tu m'as manqué, mon loup.

Souvenirs Cristallisés (suite de Cristaux Ensanglantés)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant