Chapitre 36

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Liv plissa les yeux en sentant la neige lui mordre les pattes. Autour d'elle, aucun son ne s'imposait, juste le cri du vent qui rythmait ses pas. Le macabre loup blanc avançait sans but. Au fur et à mesure de sa course, ses espoirs s'envolaient. L'odeur de Mak avait disparu depuis des heures et le maudit oiseau qu'elle semblait à présent chevaucher comme un chevalier en armure ne laissait des traces illusoires que dans les courants d'air.

Elle s'arrêta en observant les alentours. Rien, juste un grand vide pareil à celui de son cœur. Avait-elle seulement encore un cœur ? Elle n'en savait absolument rien. Elle se sentait morte à l'intérieur et finalement, ce n'était pas tout à fait faux.

- On peut savoir ce que tu fais ?

Déclara une voix derrière elle. La louve grogna, ne reconnaissant que trop bien la voix puis reprit forme humaine. Liv se retourna et fit face à la valkyrie qui était, de toute évidence, venue pour l'accabler de reproches. Liv soupira :

- J'arrête tout.

La valkyrie plissa les yeux.

- Pardon ?

Demanda-t-elle d'une voix qui trahissait sa colère.

- Votre plan ne marchera jamais ! Vous avez vu comment elle m'a regardé ! Elle ne me fera plus jamais confiance !

La valkyrie leva les yeux au ciel, exaspérée.

- Nous n'en sommes plus là. Si elle ne capitule pas tant pis pour elle. Attaque-toi à son cœur. Détruit tout ce qu'elle aime et tout ce qu'elle est.

Liv soupira sans se cacher, peu convaincue. La valkyrie renchérit :

- Et ne pense même pas à tout arrêter comme tu le dis si bien. Rappelle-toi ce qu'elle t'as fait. Et rappelle-toi ce que je pourrais te faire si tu te défile. Elle disait qu'elle t'aimait, elle t'a abattue de sang-froid. N'oublie pas qui est ta véritable ennemie.

Liv réfléchit un instant. La valkyrie disait vrai elle le savait. Mak l'avait trahi et l'avait détruite. Ses sentiments, cette nostalgie ne devait être une entrave à sa vengeance. Elle leva donc un regard noir vers la guerrière du Nord et assura :

- À vos ordres.

La valkyrie hocha la tête et disparue sans demander son reste.

Liv, d'une énergie nouvelle, appela la bête et cessa de poursuivre en vain l'oiseau pour faire demi-tour, un plan millimétré en tête.

Elsa fermait les yeux alors qu'il lui semblait que des cendres d'étoiles lui caressaient le visage. Ses bras passant autour de la taille de son loup assise devant elle, sa tête reposant tranquillement sur son épaule.

Clandestinement, elle inspirait son parfum à s'en rendre ivre. Derrière elle, le rire cristallin d'Anna réjouissait ses oreilles, les mains de la princesse posé religieusement sur ses épaules. Briak, tenant fermement la rousse, s'émerveillait de n'avoir pas raté son rendez-vous avec les nuages. Olaf, définitivement terrifié, s'accrochait encore et toujours aux longues tresses du grand loup.

Mak, quant à elle, se contentait de surprendre encore sa reine en guidant Chilali qui les transportait à travers le vent. Elsa appréciait seulement l'instant, se disant que même le ciel n'était pas une limite pour son loup. Le soleil commençait à décliner, invitant la lune à prendre sa place. Le ciel avait revêtu sa tenue de gala, une couleur qu'Elsa ne lui soupçonnait pas. Une teinte lumineuse qui tirait pourtant une ultime révérence pour mieux réapparaître le lendemain.

Le soleil, aux yeux d'Elsa, devenait ici le plus vieux phénix que le monde avait porté, s'embrasant entre le rouge et l'ocre, leur offrant le spectacle d'une éternelle renaissance, qu'ils se sentirent tous, privilégie de pouvoir admirer en ces lieux que l'homme n'avait jamais effleuré. Ici, ils n'étaient même plus des êtres humains. Ils n'étaient plus, ou n'étaient que là.

Souvenirs Cristallisés (suite de Cristaux Ensanglantés)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant