Chapitre 11

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- On va s'arrêter là pour la nuit.

Déclara Liv en regardant aux alentours. La soirée était fraîche, et leurs corps fatigués. Mak n'avait pas décroché un mot, s'était contentée de marcher droit vers Arendelle, les yeux fixés sur l'horizon, les poings serrés. À de nombreuses reprises, Liv l'avait observée. Elle n'était plus la jeune fille qu'elle avait connu, même si elle jurait n'avoir que quatorze ans. Son corps avait changé, son regard s'était endurcis, sa peau avait adopté quelques rides d'inquiétude qui avaient creusé son visage avec le temps. Ses yeux par contre, ceux qui l'avaient fait craquer quelques années plus tôt, étaient restés les mêmes, avec cette couleur indescriptible, ce jaune virant sur l'ocre. De tous temps, elle avait toujours aimé ses yeux, aujourd'hui, elle en venait à les détester. Elle se demanda qui avait bien pu lui raser la tête, elle qui était si fière de son épaisse chevelure. C'est aussi pour cela qu'elle lui avait plue, elle n'aimait pas ses cheveux courts.

Mak hocha la tête pour seule réponse, il est vrai qu'elle était fatiguée, sa nuit avait été courte, elle avait besoin de se reposer, même si elle aurait préféré continuer.

Liv alluma un feu, et s'assit en s'adossant à un arbre. Mak en fit de même, et toujours silencieuse, laissa son regard se faire dévorer par les flammes. Elle plissa les yeux en ressentant une légère douleur lui parcourir le dos. Étrangement, cette sensation ne lui parut pas inconnue. Elle grimaça en sentant la peau brûler. Elle passa une main sur sa nuque, et sentit un relief s'imposer sous ses doigts. Elle fronça les sourcils. Bizarre...Je ne me suis jamais blessée par ici...Pensa-t-elle, sans se douter que son dos entier était criblé d'une multitudes de cicatrices toutes plus imposantes les unes que les autres. Elle serra les dents en tentant maladroitement de faire taire cette sensation plus que désagréable qui l'empêcherait sans doute de dormir...

Loin de là, dans la forêt du milieu, Elsa gémit légèrement en sentant une vague de chaleur se disperser sur l'épiderme de son dos. Elle sursauta presque en devinant une irritation insupportable se répandre de sa nuque à ses reins. Elle qui ne ressentait que très rarement la chaleur, la détestait déjà, c'était étrange, elle n'avait jamais ressentit quelque chose comme ça.

Elle écarquilla les yeux en réalisant tout à coup que cette douleur était celle que son loup connaissait chaque soir depuis l'incident, comme elle l'appelait. C'est de ça que mes mains te libère à chaque fois...Pensa la reine, en se disant que ce soir, son pauvre loup serait seul face à sa douleur, que ses mains froides ne pourraient pas l'aider, que leur rituel depuis un an maintenant ne serait, pour la première fois, pas respecté.

Une éternelle tristesse et un irrépressible besoin de protéger Mak vint serrer la gorge d'Elsa quand elle prit conscience que cette nuit, cette gamine de quatorze an allait affronter seule les conséquence d'une vie d'adulte, dont elle n'avait même pas souvenir. Elsa voulu par réflexe passer une main douce et apaisante sur sa peau. Les cicatrices, elle les connaissait à présent par coeur, devinant leur trajet, ayant apprit à les aimer, à les soigner ainsi chaque soir. C'était à présent une habitude entre elles, une des premières choses qu'elles avaient partagé, et pour tout l'or du monde, Elsa n'aurait échangé sa place. Cette place de privilégiée que Mak lui avait réservée. Le fait qu'elle seule pouvait se vanter de réussir à apaiser cette douleur lancinante, qu'à présent elle partageait de le sens le plus brut du terme avec son loup.

La reine savait pertinemment que Mak était tenace, mais jamais elle n'aurait pensé que la gêne de ses marques présentes au quotidien puisse être aussi insupportable. Sa peau brûlait, et Elsa se demanda comment son loup avait pu supporter ça durant tant d'année. Mak l'impressionnait encore.

La reine s'étira en grognant, puis passa une main sur sa nuque, faisant se répandre une vague de froid jusqu'en bas de son dos comme elle le faisait si souvent sur celui de Mak. Le froid lui fit un bien fou, et elle comprit bien vite pourquoi son loup appréciait tant ce contact. C'était une véritable libération, un baume apaisant qui la fit soupirer d'aise. Instantanément, elle s'en voulu de ne pas être aux cotés de Mak pour apaiser cette douleur ce soir.

Souvenirs Cristallisés (suite de Cristaux Ensanglantés)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant