CHAPITRE DEUX

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 Ma première nuit à la résidence, à présent seule et dans ce tout nouvel endroit, ne s'est pas déroulée comme je l'avais imaginé. Je me suis sentie seule. Le silence était trop angoissant, presque étouffant. J'ai besoin d'un certain temps avant de m'habituer à un nouveau lieu et c'est très certainement pour cette raison que je n'ai pas réussi à m'endormir avant tard dans la nuit. J'aurai pensé m'écrouler après une journée si éprouvante. Et pourtant, non. Je me suis tournée et retournée encore et encore entre mes draps durant des heures en fixant le plafond de temps à autre. Pas un bruit n'est venu troubler le calme du bâtiment. J'ai trouvé ça trop silencieux. L'idée d'être quasiment seule dans un si grand immeuble ne m'a pas vraiment rassuré.

Je me suis éveillée quelques heures plus tard alors que le soleil venait tout juste d'entamer sa montée dans ce ciel dégagé promettant une belle journée dans l'état du Colorado. Je n'ai pas eu l'envie de flâner plus longtemps dans mon lit qui avait été comme une prison durant toute la nuit. Je me suis alors décidée à aller visiter le campus. J'ai enfilé des vêtements propres, suis passé par les sanitaires communes pour une petite toilette et n'ai pas plus attendu avant de partir à la découverte des lieux.

En cette belle matinée ensoleillée, j'ai parcouru le campus de long en large en m'aidant du plan des bâtiments. J'ai ainsi pu repérer ceux dans lesquels je serai amenée à revenir pour assister aux cours que j'ai choisi de suivre. Quelques étudiants ont croisé ma route mais je n'ai pas cherché à sympathiser plus que ça. J'étais bien trop occupée à m'extasier devant l'immensité des lieux.

Puis, cet après-midi, j'ai fait l'impasse sur le quartier où sont regroupées les grandes demeures des sororités pour visiter l'imposante bibliothèque de l'université. J'ai fouillé l'endroit de fond en comble, me languissant de pouvoir étudier les plus beaux ouvrages qui s'y trouvent. J'ai fouiné un peu partout en me baladant dans les grandes allées bordées d'étagères de livres bien rangés. J'ai également fait la connaissance d'une des bibliothécaires qui se charge des lieux. Elle m'a paru très sympathique. Nous avons discuté pendant quelques minutes jusqu'à ce que je décide qu'il était l'heure pour moi de rentrer à la résidence.

Toujours à pied, j'ai fait demi-tour et suis rentrée au bâtiment B où ma chambre désespérément vide m'attendait. A mon retour, j'ai pu constater qu'un petit groupe de futurs élèves avaient emménagé dans la journée. Voir toutes ces filles débarquer pour donner vie à la résidence m'a soulagé. J'allais peut-être enfin pouvoir dormir plus sereinement en me disant que l'immeuble n'est plus si vide que ça.

Alors qu'il est dix-huit heures, je me dis qu'il est temps pour moi de prendre ma première douche dans les sanitaires communes. L'idée de devoir me mettre nue alors qu'une ribambelle de filles fait la même chose juste à côté ne me plaît pas tant que ça mais la vie en résidence ne me permet pas d'y échapper. Je me convainc que c'est seulement une question de jours avant que je ne m'y habitue. Après tout, les cabines sont équipées de verrous. Personne ne viendra me déranger sous la douche.

Prenant ma trousse de toilette ainsi qu'un leggings, un débardeur et une paire de sous-vêtements en guise de pyjama, je quitte ma chambre. Quelques filles sont là lorsque je pénètre dans la salle des douches. Certaines ne m'adressent même pas un regard tandis que d'autres me sourient vaguement. Je choisis une cabine et me déshabille rapidement avant de foncer sous le jet d'eau brûlant. Je me délasse tranquillement tout en me savonnant. Je prends également le temps de faire un shampoing et sors des sanitaires quelques minutes plus tard, douchée et prête à rejoindre ma chambre.

Sur le chemin, je constate qu'une dizaine de chambres sont désormais occupées. La résidence s'est considérablement rempli durant la journée. Visiblement, je ne suis pas la seule à vouloir m'installer bien avant la rentrée. Le silence qui me pesait tant hier soir a disparu pour laisser place à un vague brouhaha provenant ici et là. Je me surprends à sourire béatement. La compagnie des résidentes me fait du bien. Je n'ai parlé à aucune d'entre elles mais leur simple présence est rassurante. Je me sens enfin comme une véritable étudiante. La rentrée scolaire ne me paraît plus si lointaine tout d'un coup.

THE WAY - LA RENCONTREOù les histoires vivent. Découvrez maintenant