CHAPITRE VINGT-ET-UN

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 Violet est en retard. Elle l'est toujours alors ça ne m'étonne plus vraiment. En fait, j'y suis tellement habituée que je prévois toujours un livre ou quelques fiches de révisions pour patienter lorsque je finirai irrémédiablement par l'attendre.

Adossée au tronc d'un des plus grands chênes du campus, je patiente tranquillement en savourant les rayons du soleil sur ma peau. Après la tempête que nous avons subi il y a deux jours, le beau temps a rapidement reprit sa place. Les étudiants sont de sortie. Les pelouses sont envahis par les filles et les garçons comme moi qui veulent profiter des derniers beaux jours avant que l'hiver ne s'installe.

Mes écouteurs dans les oreilles depuis une bonne vingtaine de minutes, je fouille dans ma playlist à la recherche d'un morceau qui me plaît. Je fais défiler les titres sur mon écran jusqu'à ce que mes yeux tombent sur la chanson idéale. Je lance alors Moving de la talentueuse Kate Bush. J'aime tellement cette artiste que je pourrais l'écouter pendant des heures. Je ferme les yeux et me laisse transporter par la mélodie et la voix si particulière de la chanteuse. La musique se déversant à plein tube dans mes oreilles me fait voyager. Je m'envole ailleurs et ne pense plus à rien. Je me sens définitivement bien là, assise dans l'herbe, sous le soleil chaud de cette fin de journée.

Subitement, on m'arrache un écouteur. Je sursaute légèrement et dirige mon regard vers l'élément perturbateur. Quand je le découvre, un pincement amer me tord le ventre. J'étais loin de m'imaginer ça. Je crois d'abord à une hallucination.

Avant que je ne puisse trouver ne serait-ce qu'une once de courage pour ouvrir la bouche, Cameron enfonce l'écouteur dans son oreille. Assis à côté de moi, il repose sa tête contre le tronc et clôt ses paupières. Je reprends ma place en le dévisageant.

Je ne suis pas sûr de le suivre mais je n'ai aucune envie de le déranger. Je préfère le garder auprès de moi sans rien dire. Sa présence m'est soudaine et incompréhensible mais pourquoi gâcher ce moment. Pour une fois, aucun de nous deux n'est énervé ou prit en ridicule. Je ne vois aucune raison de foutre en l'air ce moment hors du commun. De plus, Cameron m'a l'air si paisible pour une fois. Ses humeurs de chien et son caractère colérique ont disparu. Je ne peux pas risquer de le voir s'enfuir.

Alors, je m'installe confortablement contre le tronc d'arbre et ferme de nouveau les yeux. Je me laisse bercer par la musique en assimilant le fait que Cameron se tient à quelques centimètres de moi. Je sais que nos épaules sont près de se toucher et ce frôlement me rend presque folle. Je ne sais pas ce qui me prend.

Depuis notre premier baiser, mon corps réagit de façon étrange dès qu'il se trouve près de moi. Je sais pas quoi faire de ces sensations qui s'emparent de moi chaque fois que je l'aperçois. J'aimerais pouvoir contrôler mes pensées et mes envies mais j'ai très vite compris que j'en étais incapable. Pourtant, je ne devrais pas ressentir ça pour lui. Je croyais le détester mais, aujourd'hui, je n'en suis plus aussi sûre. Le doute a prit place en moi depuis que nos lèvres se sont rencontrées. Je me sens démunie face à moi-même.

Néanmoins, à ses côtés, je parviens à enterrer toutes ces interrogations qui me donnent mal à la tête. Je savoure sa présence en partageant ma musique avec lui. Je ne sais pas ce qui lui a prit de s'asseoir à côté de moi sans rien dire de plus mais je ne veux pas gâcher ce moment en me posant trop de questions. Je profite donc de cette chanson que j'aime tant dans mes oreilles. Il semble apprécier mes goûts musicaux puisqu'il ne se dérobe pas. S'il l'avait voulu, il se serait moqué de moi comme il sait si bien le faire.

Nous écoutons Moving, les yeux fermés et la bouche close, jusqu'à ce que le morceau se termine. Un autre s'enchaîne. Je le reconnais dès les premières notes. C'est ma voix qu'on entend là. Je chante une des compositions de Charlie. C'est un morceau pêchu et un peu décalé que nous avions écrit ensemble. J'étais dans ma période excentrique en matière de playlist et j'avais voulu reproduire ce genre dans mes créations.

THE WAY - LA RENCONTREOù les histoires vivent. Découvrez maintenant