CHAPITRE QUINZE

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 -Qu'est-ce que tu fous ?

Je m'arrête net et me fige à quelques mètres du bar que je viens tout juste de quitter dans un état second. Cette voix qui m'est si familière me sort de ma bulle destructrice et débordant de haine par tout ce que je viens d'entendre. Malheureusement pour moi, il fallait que celui-là se pointe et me barre le chemin.

Je me tourne vers Cameron le temps de lui répondre :

-Fiche-moi la paix !

Et je reprends ma route. Derrière moi, je le sens qui me suit.

Ce n'est pas le moment de venir me chercher des poux. Je suis à deux doigts d'exploser de nerfs et je préférerai être seule si ça devait arriver. Je n'ai pas besoin que cet idiot me voit dans cet état. Je veux juste rentrer me terrer dans ma chambre et oublier le fiasco qu'est finalement cette soirée.

-Pas tant que tu ne m'auras pas dit où tu vas.

-Je rentre, dis-je sans même me tourner vers lui.

Je poursuis mon chemin sous la lumière des réverbères qui éclairent à peine le trottoir. La rue est déserte. Il n'y a que nous. Je prie très fort pour qu'il abandonne et rebrousse chemin. Je veux qu'il me laisse tranquille.

-Non, c'est mort, rétorque-t-il de sa voix grave.

-Pour une fois dans ta vie, est-ce que tu pourrais me laisser tranquille ? Je ne suis pas d'humeur à jouer à tes petits jeux à la con.

Ça ne me ressemble pas de dire ce genre de choses. Je n'aime pas la vulgarité et encore moins les gros mots. Cela vient sûrement du fait que mon père et moi avons toujours mis un point d'honneur à ne pas en dire devant Charlie. La violence, qu'elle soit physique ou verbale, le stresse. Il en a horreur.

-Bordel, arrête-toi.

Je ne l'écoute pas et accélère même le pas. Il verra sûrement ça comme une provocation mais je m'en fiche. Je ne me laisserai pas faire. Pas ce soir. Je veux qu'on fiche la paix. Est-ce trop demandé ?

Soudain, Cameron apparaît à côté de moi. Il ne me touche pas mais reste à ma hauteur.

-Allez, viens. Je te ramène.

Je fronce les sourcils et me force à ne pas m'arrêter. Je n'ai pas le temps pour écouter ces idioties. Plus vite il me laissera tranquille, plus vite je serais rentrée et en paix.

-C'est ça, prend-moi pour une idiote. Plutôt mourir que de monter dans ta voiture.

D'un geste soudain, il attrape mon bras et me force à me stopper. Je plante mon regard dans le sien et le défie. La colère boue en moi comme dans une marmite. Je suis loin d'être disposée pour un nouvel duel. Je me sens capable d'être assez violente pour le repousser. Mes actes ne seront qu'involontaires et signe de mon ras-le-bol.

-Tu crois peut-être que je vais te laisser te balader toute seule dans les rues en pleine nuit ? gronde-t-il tel le lion enragé qu'il est au fond de lui.

-Qu'est-ce que ça peut te foutre ?

-Je n'ai pas envie d'avoir un meurtre ou un viol sur la conscience.

-Oh, arrête. Je suis sûre que tu jubilerais.

-Ne dis pas de conneries, réplique-t-il d'un ton tranchant.

-Lâche-moi, Cameron.

-Non.

J'hésite un instant à le gifler. Rien que le fait d'y penser me choque. Je ne suis pas comme ça. Je ne suis pas violente. Pourquoi m'inspire-t-il ce genre de choses ?

THE WAY - LA RENCONTREOù les histoires vivent. Découvrez maintenant