THE WAY - LA RENCONTRE

CHAPITRE CINQUANTE-SIX

 Pour la première fois depuis que je passe mes nuits ici, je me réveille seule. Aucune main envahissante n'est posée sur mon ventre. Aucune masse chaude n'est étalée de tout son long sur moi. A ma droite, les draps sont froids. Mise à part moi, le lit est vide. Néanmoins, un léger mal de tête et un ventre lourd sont là pour remplacer l'absence d'un corps humain à mes côtés. Finalement, je ne suis pas tout à fait seule. Mon mal-être est bien présent lui.

Allongée sur le matelas, je me remémore les événements de la veille. La combi-short en dentelle rouge, le visage ébloui de Cam, nos rendez-vous secrets à l'écart des autres, la danse avec les filles.

Et le baiser d'Holden, l'alcool, la tentative de coucher avec Cam et encore l'alcool.

Je grimace rien que de penser à ces derniers éléments qui m'ont poussé à boire autant. Ceux-ci sont la cause de cette migraine que je trimbale ce matin. J'essaie d'oublier le souvenir de ces lèvres qui n'appartiennent pas à Cameron sur les miennes. Je tente de le chasser de mon esprit mais il se conduit comme un boomerang. Plus je l'envoie loin plus il revient avec force. Pourtant, je n'arrive toujours pas à croire que ce baiser était réel. Je prierais presque pour que ce ne soit qu'un cauchemar, un mauvais tour joué par mon cerveau. Mais la culpabilité est bien là. Elle me rappelle ce que j'ai fait et elle m'affirme que ce souvenir n'a rien d'une hallucination.

Holden m'a embrassé.

Soudain, j'ai envie de vomir.

Je me lève brusquement du lit et me mets à faire les cents pas dans la chambre. Je me frotte la tête en croyant peut-être que cela effacera cette foutue image de ma mémoire. Je pousse quelques jurons en tournant en rond. Je ne me sens pas bien du tout mais ça n'a absolument rien à voir avec mon mal de crâne ou mon estomac fragile. J'ai tout simplement l'impression que ma vie m'échappe. Tout allait bien jusqu'à hier. Il a fallu qu'un seul baiser malencontreux gâche tout ce que j'avais construit avec Cameron.

Une question tourne en boucle dans mon esprit : dois-je lui dire ?

D'un côté, je me dis que je n'ai pas le choix, qu'il faut impérativement le mettre au courant. Après tout, ce n'était pas de ma faute. Ce n'est pas moi qui ait embrassé Holden. Tout est allé tellement vite que je n'ai même pas eu le temps de l'arrêter. J'ai seulement pu le repousser mais le mal était déjà fait. Je pourrais le dire à Cam. Il pourrait peut-être comprendre. Hier soir, il m'a dit qu'il me faisait confiance. Et puis, je suis la première à dire que nous devons communiquer pour que ça fonctionne entre nous. Ce serait odieux de ma part de lui mentir après tous les discours que je lui ai rabâché à longueur de temps. Je ne peux pas me permettre de lui cacher une vérité aussi importante. Il a le droit de savoir.

Seulement, ici, il est question d'Holden. Cam se méfie de lui depuis le début. S'il apprend qu'il m'a embrassé alors qu'il me faisait confiance, je ne sais pas comment il pourrait réagir. Je lui avais pourtant affirmé que nous n'étions qu'amis. Je crains qu'il ne pète littéralement les plombs s'il découvre que ce n'est pas le cas pour Holden. Visiblement, je ne suis pas qu'une simple amie pour lui. Cameron pourrait en devenir fou. Il n'a de cesse de me répéter qu'il me veut et qu'il n'est pas question d'amitié entre lui et moi. J'ai le moyen de lui donner raison. Mais à quel prix ?

A peine levée, je me sens déjà épuisée. Psychologiquement, ça ne va pas du tout. J'ai besoin de penser à autre chose avant de devenir folle. Je me suis décidée à sortir de là pour aller trouver Cameron. Le voir et être à ses côtés me fera sûrement du bien. Ou bien, tout le contraire.

Je sors de la chambre en espérant convaincre la culpabilité au côté de celui qui en est la raison.

Plus j'approche du salon et plus une odeur délicieuse emplit mes narines. Je crois reconnaître celle du bacon et des œufs. Malgré mon estomac sensible, j'en salive d'avance. Je presse le pas et franchis bientôt le seuil de la pièce à vivre.