THE WAY - LA RENCONTRE

CHAPITRE VINGT-TROIS

 Les ronflements monstrueux de Violet me tiennent éveillée depuis que nous nous sommes couchées dans le canapé du salon des garçons. Je me tourne et me retourne dans tous les sens entre les draps depuis plus d'une heure. Mon jean me tient horriblement chaud et mon cerveau ne parvient pas à trouver le sommeil. Impossible de dormir avec tant de bruit. Je me mets à plaindre sérieusement la colocataire de Violet. Cette fille fait autant de bruit qu'un train quand elle ronfle. Je ne saurais dire à quel point mon lit me manque.

Il doit être quatre heure du matin, à présent.

Michelle est partie en compagnie de Summer. Cette dernière n'allait certainement pas dormir avec Cameron après leur récente prise de bec. Elle a donc décidé d'aller dormir chez Michelle qui habite à deux pas d'ici. Dean, lui, a prit racine dans le lit de Tim. De toute façon, dans l'état qu'il était, il ne serait pas allé bien loin. Puis, Sam et Tim ont rejoint leur chambre et nous ont souhaité bonne nuit. C'était il y a une heure.

A présent, je suis à deux doigts de m'arracher les cheveux de la tête en priant pour que les ronflements de Violet cessent une bonne fois pour toute. Je suis morte de fatigue et j'aimerai dormir ne serait-ce qu'une heure ou deux. Je n'en veux pas à mon amie mais je dois avouer que l'idée de l'étouffer dans son sommeil m'a effleuré l'esprit. Je n'en peux plus. Je suis à bout de nerfs.

Excédée d'entendre un nouveau ronflement tonitruant, je grogne furieusement et attrape mon oreiller. Je le plaque sur ma tête en espérant faire taire le bruit.

Une voix me parvient à travers celui-ci.

-Tu ne dors pas ?

Je bondis sur le canapé en envoyant valser l'oreiller.

Cameron se tient là dans la pénombre du salon. Il porte un jogging noir et un t-shirt troué. Sa tignasse brune part dans tous les sens, signe qu'il dormait sûrement d'un sommeil profond. Dans l'obscurité, j'aperçois ses yeux embués et encore à moitié endormi. Il vient tout juste de se réveiller.

Une seule et unique question me vient à l'esprit : que fait-il là ?

-Euh...non, je réponds.

Un énième ronflement retentit dans le salon.

Cameron et moi nous tournons brièvement vers la source de ce vacarme.

-Sans déconner, ricane-t-il d'une voix rauque et ensommeillée. Pas étonnant que tu ne dormes pas avec le tracteur qui ronfle à côté de toi.

Je me détends légèrement et glousse avec lui.

-Qu'est-ce que tu fais là ? lui demande-je.

-Eh bien, c'est mon salon, non ?

Mon malaise revient comme un boomerang.

Je me fais toute petite, rapetisse progressivement sur mon lit de fortune en espérant que l'obscurité de la pièce cache suffisamment mes joues rouges. Malheureusement, je crois que Cameron m'a démasqué puisqu'il reprend :

-J'étais juste venu chercher un verre d'eau.

Puis, il s'éloigne vers la cuisine. Je l'entends s'affairer dans la pièce attenante au salon. Quelques cliquetis provenant sûrement d'un verre me parvient jusqu'au canapé ainsi que le robinet qu'on ouvre.

Quelques minutes plus tard, il réapparaît près de moi.

-Merci pour tout à l'heure, me risque-je à briser le silence. Pour...tu sais...Summer. Tu n'étais pas obligé de faire ça.

-Il fallait que quelqu'un la fasse taire.

-Ce n'est pas moi qui te dirait le contraire, ricane-je sans une once d'amusement. Mais je te remercie, vraiment.