CHAPITRE SOIXANTE-NEUF

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 Quatre jours ont passé avant que je ne recroise Cameron.

Dès que je l'aperçois en train de faire la queue devant le comptoir de ce même restaurant où nous nous sommes croisés quelques jours plus tôt, je me fige brusquement avant de décider de m'enfuir. J'ai trop honte de ce qu'il s'est passé entre nous. Ma crise de nerfs et la déclaration. Je préférais les effacer de ma mémoire.

Sauf qu'il me repère avant que je ne rebrousse chemin.

-Em ! s'écrie-t-il en attirant l'attention de la moitié des clients.

Bon nombre de regards se tournent vers moi. Je me transforme d'un seul coup et rougis comme une pivoine. J'ai horreur d'être le centre de l'attention. Cameron s'en fiche pas mal, lui. Il abandonne la file et fonce vers moi. A son regard, on croirait qu'il craint de me voir disparaître comme un nuage de fumée.

-Laisse tomber, Cam, lui dis-je lorsqu'il parvient à ma hauteur. Je n'ai pas envie de parler.

-Pourtant, il le faut.

-Non, pas du tout.

-Après tout ce que tu m'as balancé à la figure, je pense que c'est nécessaire. Toi et moi, on a beaucoup de choses à se dire.

Je pousse un lourd soupir prête à l'envoyer balader. Je suis toujours en colère contre lui même si celle-ci s'est légèrement assagi durant ces derniers jours. Je l'imagine encore avec cette brune en lingerie. Ça me tue de savoir qu'ils ont probablement couché ensemble. J'essaie même de ne pas le croire.

-Je t'ai déjà tout dit, rétorque-je.

-Je suis sûr que c'est faux.

Sur ce point, il n'a peut-être pas tord. Cependant, je ne veux pas prendre le risque de me ridiculiser encore. Je ne veux pas non plus retomber dans ses filets. Malgré tous les sentiments négatifs qu'il m'inspire, il me manque encore et toujours. Il n'aurait pas de mal à me faire craquer. L'opération serait même trop facile, je le crains. Je dois me faire violence et ne pas replonger dans mes travers. Il faut que je me souvienne bien qu'il était avec une autre fille. En plus, lui n'a pas voulu m'écouter quand il m'a lâchement quitté comme une moins que rien. Je suis en droit de faire la même chose, de refuser un seul mot à son égard.

-Je n'ai pas envie de discuter avec toi, Cameron.

-Et moi, je te le demande.

-C'est non.

-S'il te plaît, ajoute-t-il.

Je lui montre mon refus en tournant les talons. Je prends le chemin de la sortie en espérant qu'il ne me rattrape pas, chose impossible pour Cameron. Une seconde plus tard, il enroule ses doigts autour de mon poignet et me force à lui faire face de nouveau. Je serre les dents et m'apprête à lui demander de me lâcher. Il m'en empêche en ouvrant la bouche avant moi.

-C'est mon anniversaire aujourd'hui, Em.

Ses mots me clouent le bec. Je ne cherche pas à me dégager de sa poigne.

-On est déjà le dix-huit février ? lui demande-je timidement.

-Ouais, déjà. Tu t'aies souvenu de ma date de naissance.

Un minuscule sourire étire le coin de ses lèvres. Celui-ci a le don de m'attendrir comme à chaque fois. Je suis vraiment trop sensible à son charme. C'est un vrai handicap par moments.

-Euh...oui, marmonne-je.

-Alors...tu voudrais bien t'asseoir une minute avec moi pour parler ? dit-il, une lueur d'espoir dans les yeux. En guise de cadeau d'anniversaire, pourquoi pas ?

THE WAY - LA RENCONTREOù les histoires vivent. Découvrez maintenant