THE WAY - LA RENCONTRE

CHAPITRE QUATRE-VINGT-HUIT

 -Je n'arrive pas à croire que tout soit déjà fini, soupire-je en lorgnant mes quelques cartons.

Tout est prêt pour mon départ. Plus que deux jours et je serais rentrée à la maison.

-Tu parles comme si on allait plus se revoir, Carlson. C'est juste les vacances.

-Je sais mais l'année est passée tellement vite. Ça n'a pas toujours été facile mais je n'ai pas totalement envie de partir d'ici. Cet appartement va me manquer.

-L'appartement ? ricane Cameron en haussant un sourcil. C'est tout ?

J'esquisse un sourire en coin et trottine jusqu'à lui pour passer mes bras autour de sa nuque. Dès que je fond contre lui, il m'entoure de ses bras.

-Tu sais bien que non, minaude-je.

-Pourtant c'est ce que tu as dit.

Je lève les yeux au ciel en retenant un gloussement.

-Toi aussi, tu vas me manquer, Cam.

-Je préfère nettement ça.

-Et moi, est-ce que je vais te manquer ?

-Tu essaies de m'attendrir ? Je te rappelle que je suis un homme des cavernes.

-Et alors ? glousse-je en resserrant ma prise autour de lui.

-Un homme des cavernes ne dévoile jamais ses sentiments.

Je feins d'être vexée par son manque de communication en m'éloignant mais je n'ai même pas le temps de faire un pas de plus qu'il m'emprisonne de nouveau entre ses bras. Je n'irais nul part.

-Bon, O-K ! abdique-t-il en s'esclaffant. Tu as gagné.

-Alors, qu'est-ce que tu as à me dire ?

Il lève les yeux au ciel mais je vois bien à son sourire qu'il n'est pas ennuyé. Au contraire, mon petit manège l'amuse. Il plonge son regard incroyablement sombre dans le mien tout en ayant son éternel sourire au coin des lèvres. Il prend ensuite une grande inspiration et déclare :

-Tu vas me manquer, Emery.

-C'est beaucoup mieux, souris-je.

-Tu m'en diras tant.

Je dépose un rapide baiser sur ses lèvres. Le genre de baiser que l'on échange quand on est en couple depuis un moment et que les marques d'affections sont habituelles. Nous sommes à l'aise l'un avec l'autre. Une certaine routine s'est installée entre nous. Rien de barbant, au contraire. Plutôt quelque chose de sécurisant et de rassurant.

-Mais je ne m'en fais pas trop pour ça, rétorque-t-il. Je t'ai promis que je viendrais te voir.

-Je sais.

-Trois mois, c'est trop long. Je ne tiendrais jamais. Je préfère encore faire la route jusqu'à chez toi et dormir dans un hôtel plutôt que de ne pas te voir.

On est bien loin du Cameron des débuts. Celui-ci n'aurait jamais avoué aussi facilement. Il aurait préféré tout garder pour lui plutôt que d'abdiquer.

-Je pourrais m'arranger pour que tu dormes à la maison.

-Ah oui ?

Un sourire sournois se dresse sur ses lèvres.

-Tu n'auras sûrement pas le droit de dormir dans ma chambre si c'est ce à quoi tu penses, le préviens-je.

-Au moins, j'aurais tenté le coup.