CHAPITRE CINQUANTE-SEPT

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 Lorsque je rentre à la résidence, j'ai la surprise amère de découvrir que Summer est là. Je ne l'ai pas croisé depuis presque une semaine mais – évidement – il fallait qu'elle soit dans la chambre aujourd'hui. J'avais espéré qu'elle serait encore en train de cuver sa cuite de la veille dans un coin. Elle aurait tout aussi bien pu être chez l'un de ses nombreux prétendants.

Mais pour mon plus grand plaisir, elle est dans la chambre quand j'y entre.

La mine décomposée, je pénètre dans la petite pièce que nous partageons depuis déjà plusieurs mois. La blonde m'accueille avec un étrange sourire.

-Alors comme ça, on a découché, Emery ? me lance-t-elle de sa voix de vipère.

Je fronce les sourcils et ne daigne pas répondre. Je n'ai pas la force de la supporter après la soirée d'hier soir. Je suis encore épuisée de la veille et je me satisferais du silence habituel entre nous. Je n'ai pas besoin qu'elle vienne me chercher des poux pour l'instant. J'en ai déjà assez lourd sur les épaules. Son intervention n'est pas nécessaire.

-Comment il s'appelle ? réplique-t-elle malgré mon absence de coopération.

Je l'ignore toujours en déposant mes affaires en boule sur la chaise de mon bureau. Ma tête est déjà assez pleine comme ça. Je n'ai pas envie d'en rajouter.

-Allez, dis-moi à qui est-ce que ça appartient ces fringues, dit-elle en désignant le jogging et le sweat de Cameron.

Heureusement, les vêtements que je porte sans assez sobres pour qu'elle ne puisse pas remarquer que le tout appartient à Cam. N'importe quel garçon du campus pourrait avoir ce genre de fringues dans sa penderie. Je ne crains pas d'éveiller les soupçons avec ça.

-Je parie que c'est un de ces intellos qu'il y avait à la fête. Ceux qui se baladaient un peu partout comme si ils venaient de découvrir une nouvelle planète. Ça se voyait comme le nez au milieu de la figure qu'ils n'étaient pas habitués à sortir de leur trou. Je t'imagine bien avec l'un d'eux.

Je serre les dents si forts que l'une d'elles pourraient très bien se casser en milles morceaux dans ma bouche. J'essaie de garder mon sang froid en ne lui accordant pas même un regard. C'est sans compter sur sa détermination sans faille. Cette fille me tiendrait la jambe toute la journée si elle était sûre de pouvoir me faire craquer à un moment ou un autre.

-Ou alors, c'est un de ces BCBG avec leurs polos ridicules, se marre-t-elle sans aucune honte.

Si seulement elle savait que le garçon en question n'était autre que Cam. J'aimerai le lui dire pour avoir enfin l'occasion de lui clouer le bec une bonne fois pour toute. Mais je n'oserai pas. J'ai déjà assez problème pour en plus me rajouter Summer sur le dos. Il ne manquerait plus que ça, d'ailleurs. Je dois donc me faire violence pour ne pas sortir une information qui me coûterait cher.

-Allez, crache le morceau, me nargue-t-elle un peu plus en me regardant de son air hautain.

-Summer ! m'exclame-je brusquement. Lâche l'affaire.

Je n'ai peut-être pas la force pour la faire taire mais je peux au moins l'envoyer se faire voir. Je peux m'accorder cela. Ça vaut mieux pour ma santé mentale, en plus. Après mes abus de la veille, je ne suis pas d'humeur à subir les remarques désobligeantes de ma colocataire de chambre.

-Dis donc, on se rebelle, se moque-t-elle.

-Fiche-moi la paix ! m'écrie-je encore plus fort.

-On s'est levés du mauvais pied à ce que je vois.

-Oui, en effet. Alors laisse-moi tranquille. Garde tes commentaires à la con pour toi, d'accord ?

THE WAY - LA RENCONTREOù les histoires vivent. Découvrez maintenant